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Philippe Mesgny, écrivain de l'univers métal

Interviews culture

Philippe Mesgny est l'auteur du roman "Sang Guerrier - Metal Blaster" paru chez Edilivre en 2008. Le livre est chronique dans la rubrique littérature.

Philippe Mesgny, auteur de Sang Guerrier Salut Phil, tout d'abord est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?
Salut Tryphoninus, salutation à la Horde, j'ai 35 ans et j'habite à 80km de Paris. Je baigne dans la musique Métal depuis que j'ai 14 ans et j'avais envie de lui donner ma petite contribution, pour tout le bien qu'il me fait. J'ai une bonne oreille mais malheureusement pas créatrice, du coup j'ai préféré passé à l'écriture.

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire Sang Guerrier ? Combien de temps as-tu mis pour l'écrire ?
J'avais simplement l'envie de raconter une histoire que j'avais en tête depuis longtemps. Une histoire que j'aurais aimé lire, ou même, voir au cinéma. Comme on est jamais aussi bien servi que par soi-même...

J'ai mis du temps pour l'écrire car au tout début (il y a presque 8 ans déjà !) je n'y consacrais que quelques heures par semaine et passais parfois des mois sans rien écrire. Puis je m'y suis mis plus régulièrement avec plus de motivation et j'ai écrit les trois quarts de l'histoire en deux ans.

Sang Guerrier - Metal Blaster, Philippe Mesgny, Edilivre 2008 Est-ce que l'ancrage métal a été un inconvénient pour la publication du livre ?
Non pas du tout. Quand je l'ai proposé aux maisons d'éditions, elles étaient plutôt enthousiastes et prêtes à s'engager. Edilivre, qui me publie, n'a jamais émis de réserve sur l'histoire et ne m'a jamais demandé de changer quoi que ce soit. Ils attachent beaucoup d'importance au respect de l'oeuvre et de l'auteur.

Je pense qu'une histoire réussie et intéressante peut traiter de n'importe quel sujet, du moment qu'elle est écrite avec passion et respect.

D'une manière générale, quelles sont les réactions sur le livre ? Plutôt bonnes. L'histoire intéresse un large public et pas spécialement les adeptes du Métal. La diversité des personnages fait que l'on se retrouve forcement dans l'un d'eux et pas spécialement dans celui qui écoute cette musique.

On me demande aussi souvent de vite écrire la suite.

J'ai l'impression que l'histoire plaît et est assez intéressante pour vouloir en savoir plus sur ce monde fantastique. D'ailleurs il me semble avoir converti quelques personnes au médiéval fantastique mais pour l'instant je ne crois pas avoir converti qui que ce soit au Métal !! (rire)

Quel genre de métal écoute Métal ? Et toi ?

Le personnage écoute plutôt du heavy et du black. Je me suis basé sur ce que je connaissais et ce que j'aimais du coup il écoute la même chose que moi.

Dans le heavy on peu citer Manowar et Wasp. Dans le black, Dimmu Borgir, Cradle Of Filth, Rotting Christ, Ragnarok (UK), Thyrfing, Borknagar entres autres.

Mais ça va aussi de Rammstein en passant par Motorhead, Saxon, Overkill, Running Wild, tous des groupes que je trouve exceptionnels. J'écoute aussi un peu de punk de temps en temps.
En résumé on peut dire que j'écoute beaucoup de choses dans le métal mais que j'ai une large préférence pour le black.

Est-ce que tu ne trouves pas que les tendances suicidaires de Métal font le jeu de l'image du métalleux telle qu'on la voit dans les médias ?
Je n'ai personnellement jamais fait de rapport entre les deux. Ni dans l'histoire, ni dans mon esprit. C'est loin d'être ce que je voulais. Ces deux éléments n'avaient pour moi aucune relation. Le personnage s'interroge sur ce qu'il fait là, pourquoi, et se demande si cela vaut le coup de rester... Interrogation que je me posais moi-même à cette époque.

Le « cliché » qui peut exister n'a pour moi aucune consistance dans l'histoire. Les personnes qui l'ont lue ne m'ont jamais fait de remarque à ce sujet et je ne pense pas qu'elles y ont prêté attention. Ce n'est qu'une petite partie de la vie du personnage qui, je pense, est vite oubliée.
... Et puis dans l'ensemble, on peut dire que c'est cette musique qui le fait vivre non ?

Par contre, en parlant de « cliché » et d'image, le fait d'avoir associé le « nombre de la bête » à ce personnage (dans le livre et non dans l'histoire) n'a pas été un hasard et peut paraître un peu cliché pour certains... Mais ceux qui ne connaissent pas le nombre de la bête ne remarqueront rien, de la même manière que ceux qui ne connaissent pas le métal ne feront pas de rapprochement entre les tendance du personnage et sa passion.

Sang Guerrier est proche du fantastique médiéval. Quelles sont tes influences dans ce domaine (littérature, cinéma) ?
Oui je suis très attaché à l'héroic fantasy. C'est ma plus grande passion avec le métal.
J'ai commencé quand j'avais 13, 14 ans, avec les lectures de Tolkien (Les films du Seigneur des Anneaux, venus bien plus tard sont aussi formidables que les livres).
Moorcock et son épée buveuse d'âme a suivi et j'ai dévoré sa saga. C'est la que j'ai commencé à avoir de l'affection pour les anti-héros.

Lovecraft et son univers, son nécronomicon sont venus Se greffer sur tout ça.

Au cinéma les oeuvres de ce genre se comptent sur les doigts d'une main malheureusement. On peut citer tout de même les deux Conan, Willow, Barbarians, Kalidor...

Un autre film qui n'a rien a voir mais qui m'a influencé plus que tout le reste, c'est « Les Guerriers De La Nuit » (d'ailleurs avec une ambiance Métal fin 70, ... Bon OK ! un peu kitch tu me dira mais avec de bonnes chansons hard seventies ... J'adore !)

Contrairement à ce qu'on voit dans ce genre de fantastique, l'intrigue se passe de nos jours. Pourquoi ?
Je voulais bien évidemment rassembler mes deux plus grandes passions. La seule solution était de faire venir le médiéval fantastique à nous... Mais je pouvais aussi me lancer dans les joies de l'anachronisme !!

Non sérieusement, je cherchais surtout à faire resurgir de nous ces êtres fantastiques et les adapter à notre époque. Chercher l'être fantastique caché au plus profond de nous, celui que l'on aurait aimé devenir et nous donner la possibilité de lui donner vie.

Qui n'a jamais rêvé, même pour quelques instants, de devenir un grand guerrier comme Conan et tuer les méchant avec une grosse épée ? Ou devenir un grand magicien comme Gandalf et pouvoir lancer des sorts ?

J'offre cette possibilité à mes personnages issus de notre époque, à eux d'interagir avec ce paramètre.

Au vu de la fin, on peut supposer qu'il y aura une suite. Est-ce qu'elle est déjà en chantier ? Est-ce qu'on peut s'attendre à une longue série ?
Oui tu as tout à fait raison Tryphoninus. La suite est en route, forte déjà de ses 150 premières pages. Elle reprend à l'exacte fin du premier car elle continue l'histoire sans interruption. En fait je n'ai pas fini l'histoire que j'ai en tête mais je me suis retrouvé limité par les inconvénients physiques d'un livre qui devient trop volumineux. Je continuais à écrire mais au bout d'un moment je me suis dit que ça commençait vraiment à faire beaucoup de pages, j'ai donc coupé l'histoire à un endroit qui me semblait convenable.

Une longue série ? Pour l'instant l'histoire que j'ai en tête devrais prendre trois volumes comme « Métal Blaster », le deuxième qui est en route, s'appellera probablement « Storm Lord » et je l'écrit tendis que se forme le troisième dans mon esprit. Ensuite il est toujours possible de rédiger des sortes d'annexes à l'histoire principale qui pourraient en approfondir certains passages mais cela est bien loin pour l'instant.

As-tu d'autres projets de livre pour la suite ?
Oui de temps à autres j'ai des histoires totalement différentes qui me traversent l'esprit mais je préfère m'attacher à celle qui est en cours. J'ai beaucoup de choses encore à y exploiter et je voudrais en tirer le maximum de mes idées sans pour autant que l'histoire en devienne lassante.

On sent dans le livre une volonté de dépasser le cadre assez restreint du combat entre le bien et le mal. Est-ce un point que tu vas développer dans la suite ?
Oui c'est un point qui persistera dans la suite. Je ne souhaitais pas de personnage parfait, sans défauts, comme on a trop souvent l'habitude d'en voir. Pourtant cela offre des possibilités remarquables et ne limite pas une histoire à « c'est toujours le gentil qui gagne à la fin »
Là les personnages agissent pour eux principalement et pas pour « faire le bien » ce qui donne au lecteur une interrogation constante sur ce qui vas ce passer.

Bien sur les entités du bien et du mal sont présentes dans l'histoire, on ne peut pas les supprimer, par contre j'y ai mis une troisième alternative, une troisième entité, qui fait qu'on ne sait vraiment pas qui gagnera ce combat.

Dans la suite, les personnages évidement continuent de développer ce point et de laisser le doute planer sur l'issue du combat. De plus, des éléments extérieurs viendront accentuer ce phénomène... Mais je ne t'en dirai pas plus...

Merci pour le temps que tu nous as consacré et à bientôt pour la suite j'espère.
Mais c'est moi qui te remercie pour le temps que tu as passé sur le livre et avec moi. Et oui j'ai hâte de te faire découvrir la suite car elle réserve beaucoup de surprises...

Tryphoninus