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ACOD

Death Black Metal, France

10/05/2020

Nous avons la chance de faire mieux connaissance avec Raph, batteur de l un des plus intéressants et prometteurs groupes de black/death hexagonal, à savoir ACOD .

 

1) Salut Raph, pourrais tu te présenter tout d'abord, en évoquant notamment ton parcours en tant que batteur ?

Salut Mika. J'ai débuté la batterie à 16 ans quasi directement en groupe avec mes potes d'enfance, Annihilation. Je n'ai pris des cours que seulement 4 5 ans après et j'ai fait 1 an d'école de jazz. J'ai joué dans pas mal de petits groupes dans lesquels je me suis investi, dans différents style de métal, avant d'atterrir chez ACOD en 2014. Ils avaient besoin d'un batteur pour une tournée au Japon, et finalement j'y ai fait mon trou. 

 

2) Je trouves personnellement que ACOD a trouvé sa voie et une deuxième naissance depuis 2016 avec le maxi " Inner light ". Quel a été le cheminement pour y arriver ?

C'est bien vrai. C'est le début du tournant du nouveau ACOD. Sur "II The Maelstrom" j'étais encore jeune dans le groupe, et ils avaient déjà fait, en grosse partie, la composition de l'album. Après avoir fait les dates de promo, j'ai pu affirmer mon poste en m'initiant dans la composition. Dans mes précédents groupes, j'ai été habitué à composer mes parties drums mais aussi les structures des morceaux, et les anciennes compos d' A.c.o.D ne me correspondaient pas vraiment. Des structures claires et des tempos plus stables, rendant les morceaux plus percutants et plus compréhensibles, c'est sur quoi je tenais à tendre. Avec Jérôme, bassiste, mais aussi guitariste de son côté à l'époque, nous nous sommes entendus sur ce sujet, de plus, il m'a proposé de partir sur un univers propre à ce que le groupe devrait être. Un peu comme dans les groupes tels qu'Emperor, Morbid Angel, Dissection.. avaient à l'époque. Ce côté "univers complet" qu'ils proposaient, et non pas juste en surface, ne se contentant pas que de la musique. Puis Fred a renforcé le tout avec un travail sur les voix beaucoup plus riche et plus réfléchis qu'avant. Une histoire en plusieurs chapitres, compréhensible sous plusieurs sens, reflétant le mal-être et la noirceur à travers une épopée fantastique. C'est pourquoi dans "Inner Light" il y a déjà des prémisses de "The Divine Triumph". 

 

3) Peut on considérer qu'avec " The Divine Triumph " vous avez trouvé votre style ? Que se soit la musique, l'artwork, les paroles... Tout semble avoir une cohérence remarquable et pertinente. 

Si tu me dis ça c'est que tu as compris le message. Effectivement, avec cet album, nous nous sommes révélés. ACOD désormais, c'est un trident ! Rien n'est dû au hasard. En signant chez Jive Epic nous avons réalisé la chance que nous pouvions avoir de nous exprimer sans contraintes. Nous avons tout planifier à 3 lors de moments de recueils et soirées obscures. Le trident est omniprésent et c'est devenu notre fer de lance. 

 

4) On vous a vu faire depuis de nombreuses premières parties avec des groupes reconnus (notamment Cradle of filth ou Arch Enemy...) Que retenez vous de ces tournées ?  

De l’expérience, de l'apprentissage, des souvenirs à vie... Et aussi, de la visibilité. Avec Cradle of Filth on est allé jusqu'en Pologne par exemple, des personnes ce sont procurées "The Divine Triumph" sur cette tournée européenne et ce n'est pas avec de simples vues sur Youtube que tu peux faire découvrir ton univers. Jouer en première partie de groupes aussi importants, c'est le parfait endroit pour prouver sa valeur. 

 

5) Je crois savoir que vous travaillez actuellement sur le successeur de votre dernier album. Doit on s'attendre à la suite logique de celui-ci et y a t il déjà une date de sortie de prévu ?

Effectivement, tes sources sont bonnes. Les processus d'écriture et de composition sont désormais terminés. 
Comme nous l'avions annoncé à la sortie de "The Divine Triumph", il s'agit d'un trilogie, pour rester dans le trident. Encore une fois, il n'y a pas de hasard. Il s'agira d'une suite logique, mais qui réserve des surprises, bien évidemment. Nous préférons garder le mystère pour l'instant, juste je peux te confier que nous avons été encore plus soudés et nous avons réalisé nous même les orchestrations pour un maximum d'homogénéité dans le message que l'on doit délivrer au travers de nos morceaux. 

 

6) Quel regard portes tu sur la scène metal française ? J'ai l'impression pour ma part qu avec Gojira, Benighted, Ultra Vomit, Dagoba, Black bomb A et Acod, entre autres, elle ne sait jamais aussi bien porté, non ?

Tout dépend de ce que tu entends par "bien porté" et si l'on prend en compte les événements actuels lié au virus et donc aux interdictions de concerts... Je vais me placer dans le contexte "avant covid" pour rester sur l'aspect général. Effectivement la scène Metal française se porte bien, il y en a pour tous les goûts. Nous avons aussi assisté à des sorties exceptionnelles dernièrement, je pense au Blut Aus Nord ou des vieux groupes comme Seth qui refont surface. La scène française est très riche en style et de très bonne qualité, quand on daigne prendre la peine de se nettoyer les oreilles et de prendre du recul face à ce qu'on écoute. J'entends par là le fait que pour moi et je ne pense pas être le seul à le penser, loin de là, le Metal français ne peut pas et ne doit pas se résumer à "pipi caca".   

 

7) Quels sont les batteurs qui t'ont influencé dans ton jeu ou juste ceux pour qui tu portes le plus d'estime ?

J'ai beaucoup aimé Joey Jordison quand j'étais ado, et c'est en grosse partie lui qui m'a refilé le virus de la drums. D'ailleurs je joue avec sa caisse claire signature, comme de nombreux batteurs, j'adore son son si particulier. Mais je ne joues pas du tout dans son style, je préfères "en mettre moins de partout" et aller à l'essentiel du riff pour accompagner au mieux le sentiment voulu et non jouer sur le côté prog ou technique. Après je pourrais te faire tout une liste de batteurs mais je vais me limiter à quelques noms... Faust, Nick Barker, Adrian Erlandsson, Marthus Skaroupka, Adam Jarvis, Alex Rudinger, Lord Marco, Nils Fjellström et plus récemment Maciej Kowalski. Et un drummer qui fait de très bonnes vidéos, 66Samus. 

 

8) Avec la multiplication des plateformes d'écoute de musique , comment vois tu l'avenir de la scène Metal ? Cela peut-il être un mal pour un bien et pousser les groupes à faire davantage de concerts pour se démarquer de la masse ?

Et bien dans tous les cas il est impossible de s'en passer aujourd'hui. Donc il faut faire avec son temps et on se doit d'y être présents aussi. Mais justement, comme tu le dis, et comme je l'ai précisé tout à l'heure, il faut continuer à faire des concerts. Et donc maintenant je vais peut être aborder le "post covid"... Avec cette situation les petites salles et les petites associations vont avoir du mal à se relever. Après je ne doutes pas sur l'investissement et l'esprit Metal avec tout le soutien qu'il a prouvé et qu'il prouve encore aujourd'hui... Mais il y a des créances et factures à payer. Quand tu vois, même le Hellfest s'est fâché avec son assureur, tu imagines pour les petites structures ? 
Ne soyons pas alarmistes nous verrons bien comment cela évolue... En tout cas, oui les réseaux sociaux ainsi que les plateformes d'écoute de musique ne suffisent pas. Il faut pouvoir mettre en scène sa musique et permettre au groupe d'accomplir son rituel en symbiose avec son public, du moins c'est notre manière de concevoir les lives avec ACOD.

 

9) Je tiens à te remercier pour cette interview, as tu quelques choses à rajouter pour la Horde noire ?

Merci à toi et à la Horde Noire. C'est toujours bien que des webzines existent et puissent nous permettre de nous exprimer librement. 

Mika Hell