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Lyzanxia

Lyzanxia

Speed / thrash metal, France

Lyzanxia est un groupe français qui s'est distingué il y a deux ans avec 'Eden', un superbe album de heavy / thrash metal tel qu'on n'en fait plus. Leur style à la fois traditionnel et novateur est proche d'un Megadeth première époque qui aurait flirté avec ProPain. Le nouvel album 'Mindcrimes' s'inscrit dans la même lignée que son prédécesseur mais il bénéficie de compositions bien mieux pensées. Transit s'est entretenu avec les frères Potvin (David et Franck, guitares et chant) et avec Gaël Féret le nouveau batteur.

Quels souvenirs gardez-vous de la sortie de 'Eden' ?

Franck :Je ne retiendrai que des points positifs.

David :Les retombées médiatiques ont été excellentes. Mais ce que je retiendrai est la réaction positive des fans. Un noyau de fans s'est créé autour de Lyzanxia. C'est ce qui nous a motivés à continuer et à composer 'Mindcrimes'.

Et côté concerts ?

On a fait pas mal de bons concerts comme celui du club Dunois à Paris avec Dyslesia ou bien la date de Clermont-Ferrand. On a tout connu pendant cette période, les concerts dans les conditions les plus pourries comme ceux qui se sont déroulés dans de très bonnes conditions. Tout dépend du sérieux des organisateurs. Globalement, notre expérience live a été très positive. Ce nouvel album s'est un peu fait attendre.

Il y a plus de six mois, vous organisiez une séance d'écoute privée alors que l'album ne sort qu'en mars. Quelles sont les différentes étapes entre la fin de la réalisation d'un album et le moment de la mise en bac ?

Franck :C'est très simple. Notre management s'occupe d'envoyer une copie de l'album aux distributeurs et labels potentiels. Ensuite il faut le temps à ces gens-là d'écouter le produit, de décider si oui ou non ça les intéresse, de trouver un arrangement et de fixer une date de sortie. Il faut aussi dire qu'en France, les choses vont très lentement. Pour notre deal au Japon, c'est allé très vite. Nous avons été informés de la date de sortie seulement deux jours après que le label ait reçu le disque. En fait, pour perdre un minimum de temps, l'idéal serait de rentrer en studio en ayant déjà prévu la date de sortie. Ceci n'est réalisable que si l'on est supporté par une maison de disques avec un gros soutien financier.

Comment présenteriez-vous 'Mindcrimes' musicalement ?

David :C'est une évolution logique par rapport à 'Eden'. Nous avons mûri en tant que musiciens, que compositeurs. Nous avons aussi travaillé notre son.

Le chant de Lyzanxia se partage entre vous deux. Quelle est la spécialité de chacun ?

Franck :Je suis assez à l'aise pour faire les voix death ou thrash. Mais s'il y a des voix chantées, je peux également assurer. Il n'y a pas de partage des rôles bien défini.

David :Je préfère quand même ne pas me déchirer les cordes vocales à faire le con et en chantant comme un porc. Je laisse ça à Franck.

Comment est venue cette mixité des voix ?

Franck :Tout naturellement. Tu essayes des choses dans le micro. Si ça sonne bien tu continues sur cette voie. Nous cherchions avant tout à varier notre musique, à inclure des mélodies, histoire que l'auditeur puisse en retenir quelque chose immédiatement.

David :Dès nos premières démos, les voix thrash ou claires dominaient. Le chant death a pris de l'importance un peu plus tard. Le plus difficile est peut-être d'assurer convenablement la transition chant death / chant clair.

'Mindcrimes' fait la part belle aux expérimentations rythmiques ('Mind Split') ou aux ambiances insolites ('Glass Bones'). Comment percevez-vous cet aspect de la composition ?

Nous expérimentons beaucoup sans nous fixer de barrières. Nous travaillons sans relâche dans notre home studio. Il en ressort un tas d'idées. Seules celles qui nous paraissaient les plus intéressantes sont gardées.

Le clip de 'Bewitched' a été beaucoup diffusé sur la chaîne MCM. Comptez-vous réitérer l'expérience ?

Tout à fait, le nouveau clip illustrera le morceau 'Silence Code'. Il sera diffusé sur MCM à partir du 10 mars dans le cadre d'un partenariat.

C'est la deuxième fois que Fredrik Nordström (propriétaire du fameux Fredman studio en Suède) produit votre album. Pouvez-vous en parler ?

Cela s'est passé comme pour 'Eden'. Fredrik est venu chez nous pour faire le son. Le mixage a été réalisé au Fredman.

Quelle sorte de producteur est-il ? Est-ce qu'il aime bien tout diriger ou bien est-ce qu'il respecte les v?ux des groupes ?

Oh c'est un vrai connard. Il n'aime personne. Il t'impose ses riffs et tu as intérêt à fermer ta gueule sinon c'est le double du prix (rires). Non, sérieusement Fredrik respecte tout à fait le travail des autres. Il écoute le morceau. S'il estime qu'il manque quelque chose ou si le morceau est trop long, il le dit et fait des propositions. Quand on compose un morceau pendant deux mois, on n'a pas vraiment d'objectivité. On ne voit plus les défauts. Fredrik arrive avec une oreille fraîche. C'est là où l'outil informatique facilite le travail. Il fait des remaniements en deux coups de cuillère à pot et si ça nous plaît, on garde. En général, on conserve ses idées car elles sont pertinentes. On se retrouve au final avec des morceaux efficaces qui vont droit au but. Pour te donner un exemple, notre précédent album 'Eden' a vu treize bonnes minutes enlevées. Fredrik nous a vraiment aidés à apprendre à structurer nos morceaux.

Il paraît que Nordström est un gars un peu particulier. Par exemple, il n'aime pas du tout qu'on le complimente sur son travail. Qu'en pensez-vous ?

Oh c'est un gars normal comme toi et moi, bien que tu ne me paraisses pas tout à fait normal (rires). Il n'a pas un ego démesuré. Il n'aime pas qu'on lui dise que c'est une merde mais il n'aime pas non plus qu'on lui lèche le cul. Parlez-nous de la distribution de 'Mindcrimes' à l'étranger. L'album est sorti au Japon en octobre sur le label de Fredrik Nordström. Au niveau de l'Europe, c'est en train de se faire grâce à Wagram. Nous envisageons également une sortie aux États-Unis mais nous n'avons pas de dates précises actuellement.

Êtes-vous bien perçus à l'étranger ?

Franck :Nous avons de très bons retours. Pas mal de gens reconnaissent qu'on fait de la bonne musique. Ils sont le plus souvent agréablement surpris car ils ne connaissent pas vraiment la scène metal française. En général, personne n'est capable de dire à la seule écoute de notre musique que Lyzanxia est français.

La France commence à avoir pas mal de groupes capables de rivaliser avec les formations étrangères. La vie sur la route vous tente-t-elle ?

David :Gaël est bien placé pour en parler puisqu'il a fait deux tournées.

Gaël :En fait ça peut être à la fois fantastique et totalement chiant. On mange plus ou moins bien. On dort un peu n'importe comment. Mais cet aspect-là, je m'en fous un peu. Ce qui me préoccupe plus est la façon dont on est parfois reçu dans les salles. L'organisation, la promo du concert n'est pas toujours très bonne et on ne sait jamais comment le public va réagir.

Pouvez-vous nous parler de vos futures prestations en live ?

David :Ce sera très énergique. On travaille en ce moment avec un technicien son et lumière. On bosse également sur un décor. Je pense que nous ne pourrons pas utiliser ces moyens systématiquement. Cela dépendra des conditions dans lesquelles on joue. Il y aura une montagne, des dragons et des épées (rires). Evitez quand même de bosser avec l'artificier de Great White ! Il vient de nous appeler car il n'a plus de boulot. On vient aussi de racheter du matériel à Hammerfall. Il ne nous manque plus que les pantalons en cuir et c'est parti.
Franck : On a aussi racheté le cochon de laie que Rhapsody a utilisé dans son clip, celui qui était préparé à la broche. Il n'était pas tout à fait mort, alors on l'a récupéré. Bon sérieusement, nous ferons en sorte de délivrer les shows les plus puissants et les plus bruts possibles, et de nous renouveler d'un concert à un autre.

Comment un groupe de metal comme vous se prépare-t-il pour un concert ? Musculation, kung-fu.?

David :Il est clair qu'un minimum de sport s'impose. Si on veut tenir une heure sur scène en jouant ce style de musique, c'est le moins qu'on puisse faire. Sinon, il est impossible de chanter, jouer et se donner à fond en même temps. C'est très physique.

TRANSIT 28, par Laurent Divergent