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Mistaken Element

Modern thrash metal, France

Juillet 2007

Les gars de Mistaken Element sont originaires de Niort. Leur premier album, "Engraved in memory" sorti en 2006 sur Holy Records, avait particulièrement attiré mon attention. Souvent comparé à MESHUGGAH (pour les structures complexes), le groupe néanmoins est loin d'en être une pâle copie. Présent pour le Hellfest 2007, Fanfan (bassiste) et Jérémie (batterie) nous en disent un peu plus sur « L'élément erroné »...

1 - Bien le bonjour. Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore (et aussi pour les autres) pouvez-vous nous présenter le groupe, votre style de musique, votre histoire, etc?

Fanfan : Donc on s'appelle Mistaken Element, originaire des Deux-Sèvres, près de Niort. Ça fait quelques années déjà que l'on se connaît, on a sorti notre premier album en janvier 2005 (ndlr : le groupe à l'époque s'apellait SCARR) et par la suite, un an après, en a découlé la signature chez Holy Records. On est aussi, avec un groupe d'amis, TREPALIUM, sur le même collectif KLONOSPHERE, qui comprends KLONE / HACRIDE / GTI / ANTHURUS D'ARCHER / TREPALIUM et donc Mistaken Element...
Jérémie : C'est à partir de là que l'on a pu faire notre première tournée en France...
Fanfan :... qui s'est terminé en décembre 2006. Elle a duré 3 mois et s'est passée avec TREPALIUM. On a eu l'occasion aussi de faire quelques dates en Suisse. Voilà en gros où on en est actuellement...

2- Vous êtes arrivés et avez joué hier. Qu'est ce que vous pensez de ce festival qui, on peut le voir cette année, à pris une autre envergure avec de gros groupes mais aussi avec cette DISCOVER STAGE qui permet de découvrir des groupes moins « importants », comme HACRIDE que vous avez cité tout à l'heure ?

Fanfan : Disons qu'on trouve ça vraiment complémentaire d'un gros festival. Grâce à ces grosses têtes d'affiche, c'est le moment opportun pour des groupes « en pleine émergence » de sortir un peu de l'ombre. Sans aller jusqu'à parler de « tremplin », on trouve que c'est un bon système.
Yann : Le fait, aussi, de pouvoir rencontrer pas mal de monde, que ce soit au niveau du public qu'au niveau des groupes, est quand même une sacrée expérience...

3- Vous avez déjà cité quelques groupes de la scène française. On a pu lire il y a quelques mois sur un magazine de métal, qu'on ne citera pas mais qui fait, soi-disant, du « dur et lourd » : La France va-t-elle révolutionner le métal ? On peut voir l'explosion actuellement de GOJIRA à l'étranger et justement ce serait l'une de vos principales influences selon la presse (que je trouve réducteur au passage). Alors pouvez-vous nous donner votre avis sur « l'état de santé » de la scène métal française ?

Fanfan : De notre point de vue, on est vraiment conscient du gros potentiel de la scène française. Elle est vraiment en pleine émergence, avec des groupes excellents. Après ça se passe de fil en aiguille, ça prend du temps. Temps que l'album sorte, que les gens connaissent, qu'ils voient des chroniques sur les webzines, etc., tout ça prend du temps. C'est là qu'on voit l'opportunité de la DISCOVER STAGE au HellFest par exemple. Concernant GOJIRA, il faut savoir que ça fait beaucoup plus d'années que nous qu'ils sont sur la scène. Ils ont mis eux aussi pas mal de temps avant de se faire connaître, avant de percé, de tourner aux Etats-Unis, etc. C'est vrai que GOJIRA, médiatiquement et musicalement, est un groupe qui porte hors de nos frontières mais eux aussi ont mis un certain temps.

4- Que manque-t-il alors aux groupes français pour toucher un public autre que le sien ?

Fanfan : Personnellement, le problème ne vient pas, bien entendu, de la qualité de la musique. Je pense que c'est plus un problème de médias, de logistiques peut-être et aussi de mentalité... On a vraiment des groupes très riches musicalement, qui, dans certains cas, devancent à mes yeux certaines grosses pointures américaines. Le problème vient après au niveau de l'ouverture d'esprit de notre pays, et particulièrement au niveau des musiques extrêmes. Les gens, en généralisant bien sur, ont une image bien précise de cette scène musicale, entretenue par les médias nationaux, et non pas envie de changer leur vision de voir les choses. C'est vraiment dommage.

5 - Exact. Parlons à présent de la musique proprement dite de Mistaken Element. Beaucoup de médias métal vous citent comme un mélange de MESHUGGAH et GOJIRA. Je trouve ça particulièrement réducteur. Que pensez vous de ça ?

Jérémie : On a forcément des influences, c'est obligatoire. Après nous on compose avec nos trippes, on compose la musique que l'on aime. On est pas arrivé avec l'idée de « copier » certains groupes...

6 - Cette comparaison est peut être d'ordre commerciale ? On vous colle l'étiquette de deux groupes qui marchent bien en ce moment, nan ?

Jérémie : Oui, c'est sur, il y a aussi ce côté là...
Fanfan : C'est une comparaison mercatique ! Mistaken Element peut correspondre à GOJIRA, à MACHINE HEAD, à SOILWORK. C'est sur on a des influences qui sont irrémédiables par rapport à ce que l'on écoute. Mais on n'aime pas être catalogué comme GOJIRA. On a peut être des similitudes au niveau des riffs, au niveau de l'exécution musicale mais après, nous, personnellement, on essaie de faire notre musique à notre sauce. On emmerde les petits encarts sur les pochettes d'album du style « Si vous aimez ceci-cela, vous aimerez Mistaken Element ». C'est, à mes yeux, beaucoup trop réducteur.

7 -Exactement, c'est l'aspect commercial qui prime. Concernant à présent la composition de vos morceaux, qui sont tout de même complexes, que ce soit au niveau des riffs ou du rythme, comment se passe-t-elle ?

Fanfan : Le processus de création de Mistaken Element est relativement complexe et ce ne sera pas le même pour le deuxième album. Pour le premier album, il faut savoir qu'on avait des compos existantes depuis pas mal de temps. On les a remanié un petit peu, peaufiné. Mais d'un point de vue globale pour la composition, on a chacun travaillé de notre côté mais aussi ensemble. On a aussi beaucoup composé sur pistes d'ordi pour avoir des bases de morceaux, et après on a planché nos riffs etc. C'est ce qui donne ce petit côté mécanique, ou plutôt organo-mécanique. Sur la composition du deuxième album, après remise en question sur différents points, etc., la méthode de travail ne sera pas du tout la même chose, on veut aborder la composition d'un point de vue un peu plus humain. Ce sera toujours du Mistaken Element, avec des parties déstructurées et découpées. On veut composer ensemble et mettre de côté tout le côté informatique.

8 -On peut aussi entendre tout le long de l'album des petites interludes, assez ambiantes. D'où vous vient cette volonté ?

Fanfan : En faite ce genre de petits passages entre les morceaux, très ambiant, est complémentaire du reste musicale et aussi ce qui inclut au niveau des paroles. On est nous tous, sans être militant, tous proches de la nature. Ces passages atmosphériques, qui quelque fois peuvent être assez glauques, inquiétant voir oppressant, sont une sorte de message, comme la totalité de l'album : faire attention, faire attention à la nature, aux conséquences de tes actes...
Jérémie : C'est là où le sens du côté mécanique et organique s'explique, ce contraste entre l'homme et ses actions et la nature...
Fanfan : C'est de là le concept de MISTAKEN aussi. Le mistaken element, c'est l'élément erroné, à savoir l'homme. Avec l'évolution, depuis la création, le fait de voir la décadence de l'humain par rapport à son environnement, par rapport à sa planête...
Jérémie : Apres tu y voies ce que tu veux...
Fanfan : Exactement. On cherche pas imposer notre manière de voir les choses, comme je t'ai dit on est pas un groupe militant, etc. on cherche juste à exprimer notre point de vue. Apres les gens font ce qu'ils veulent de notre message, mais au moins on l'a fait passé...

9 - Libre ou pas d'adhérer, vous avez au moins le mérite de donner votre point de vue. Vous m'avez parlé d'un deuxième album. Vous pouvez nous en dire un peu plus ? Nous parler aussi d'Holy Records peut être aussi...

Fanfan : Disons qu'Holy Records nous a ouvert beaucoup de portes...

10 - Vous étiez autoprod avant ?

Fanfan : Ouais, exactement, on a fait pas mal de maquettes de notre côté. Alors après, petit démarchage chez les labels et donc Holy Records nous a retenu. Sachant aussi que les TREPALIUM étaient déjà signés, et que ce sont des potes, il y a eu aussi ce côté relationnel qui a fait que... C'est vrai qu'à présent aux niveaux médias et autres consorts, une porte s'est vraiment ouverte pour nous. La continuité de ce qui a été fait depuis un an est le prochain album, sachant qu'on a un contrat chez Holy Records pour deux albums. On est donc en pleine phase de composition actuellement, sans date de sortie de prévu encore. On fait aussi un clip en ce moment: on a fait une date à La Locomotive à Paris. Ayant des amis qui travaille un peu au niveau de la télévision, on a filmé tout ça et on est entrain d'assembler des images, etc. On cherche vraiment à garder cette continuité, à dire à ce qui nous suivent que le deuxième album continue là ou le premier s'est arrêté...

11 - Et bien nous attendons avec impatience la suite. La fin de l'interview approche. Etant donné qu'on est au Hellfest, quels sont les 3 groupes que vous irez voir aujourd'hui ?

Fanfan : Bon et bien en première position, je crois qu'on sera d'accord avec l'ami batteur, ce sera KLONE, qui fait aussi parti du collectif KLONOSPHERE. Ils tournent pas mal et seront sur la DISCOVER STAGE cette après-midi. On conseille aussi ABORTED, groupe qu'on aime beaucoup, qu'on a fait joué chez nous. On les avait vu par exemple au FURYFEST 2005, c'est vraiment une grosse machine de guerre (ndlr : tu ne pouvais pas mieux dire). Et par curiosité, et grâce à la reformation, on ira voir EMPEROR...

12 - Et SCARVE, en groupe français ?

Fanfan : Oui, on a fait un festival avec eux sur Niort., notre ville d'origine. Disons qu'il y a des passages qu'on aime bien mais de là à dire qu'on apprécie, qu'on cautionne à 100%, etc. Oui et non, autant sur le plan musical qu'humain...

Caedes