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Muertissima

Death Metal, France

29/12/2021

Ma découverte de Muertissima s’est faite par les deux protagonistes de cette interview, en effet, je suis en admiration devant les artworks de Matthias ainsi que le premier album de Anthropovore dont Steph est le compositeur principal…L’album de Muertissima est une réussite absolue, visuellement mais également musicalement. Un univers des plus intéressants que nous expliquent ces deux artistes de talent.

 

Tout d'abord, un grand merci pour cette interview pour la Horde Noire ! Pourriez-vous nous présenter Muertissima ainsi que les membres qui le composent ?

S : Alors Muertissima est un groupe de death, nous sommes quatre: Simon au chant et à la basse, Cédric à la batterie, Matthias à la guitare lead et moi Steph à la guitare rythmique.
Muertissima est tout d'abord né dans mon home studio, j'ai commencé à composer un paquet de trucs tout seul en ne me fixant pas trop de limites sur la composition, je voulais faire du death old school mais également y inclure des plans trash et balck metal, parce que j'adore ces trois styles de metal. Quand je me suis senti prêt à partir à l’aventure, j'ai commencé à chercher une team faites de bons zicos, mais surtout de mecs cool parce que je voulais avant tout un groupe de copains. Et j'ai trouvé bien plus que ce que je cherchais, des amis en or avec Cédric, Simon et Mat et musicalement ces gars-là font aujourd’hui sonner Muertissima bien plus que tout ce que j'avais imaginé.

 

L'album Inquisition est sorti le 15 octobre dernier chez Music Records. Commet se sont déroulées l'écriture et l'enregistrement ?

S : Pour l'écriture, quand les autres m'ont rejoint dans le groupe il y avait déjà une dizaine de compos de prêtes. Ils se sont tous greffés dessus en apportant chacun leurs pierres à l'édifice. Pour les paroles, Simon et Mat ont oeuvré ensemble plus quelques apports d'amis externe au groupe. Pour l'enregistrement, nous sommes entrés au Lower tones places studio, le studio de Edgar Chevallier, guitariste et producteur du groupe demande à la poussière. Nous avons passé quasiment deux semaines chez Edgar à vraiment peaufiner l'album et nous sommes vraiment content du son qu'il nous a fait, le mec bosse ultra bien !
M : Ça c'est sûr ! Ce fut une expérience incroyable de pouvoir enfin donner vie à notre projet au-delà des concerts et des répètes. Pouvoir enregistrer "Inquisition", et qui plus est dans des conditions royales en pleine période Covid, ça nous a vraiment permis de tenir le coup malgré la période difficile... Pour en revenir à l'écriture des musiques, comme vient de le dire Steph, la plupart des compos étaient déjà bien abouties, et nous sommes venus Cédric, Simon et moi apporter notre touche et notre sensibilité pour parfaire le tout. Dans le lot, quelques morceaux ont été composés à quatre (je pense notamment à Prometheus et Inquisition) car ils ont été parmi les derniers à voir le jour, et à l'avenir, on composera davantage de cette manière, en groupe. Mais étant donné que Steph a initié Muertissima seul dans un premier temps, la plupart des morceaux d'Inquisition sont de lui ! Et on peut dire qu'il a fait un sacré taff !

 

Je suis d'accord avec vous, le son de votre album est monstrueux ! On ressent la grosse claque du old school death metal mais effectivement avec parcimonie, des touches d'autres styles comme le thrash et le black. Ne pas faire que du death était une évidence pour vous ?

S : Et bien personnellement je suis un grand adorateur du métal extrême et plus particulièrement du death, du trash et du black à tel point que je serai incapable de dire lequel des trois je préfère. L'avantage du death de mon point de vue est que c'est le style qui permet le plus de liberté d'expérimentation.Ne pas faire juste du death était une évidence dans le sens où je voulais également rendre hommage aux autres styles que j'adore. D'autant plus que dans le groupe nous venons tous d'univers différent Cedric est plus porté sur le speed, le groove métal et l'indus (c’est un grand fan de pantéra et nine inch nails). Quand à Simon lui c'est le grind, et Mat le death et le black.
M : Quand j'ai intégré Muertissima en 2017, j'étais fan de Thrash et de Death Mélo. Je n'écoutais que du Amon Amarth, du Heathen Foray (un groupe que j'adore et recommande) et du Slayer! C'est Muertissima qui m'a ouvert au Death plus extrême et au Black : Steph m'a fait découvrir Cannibal Corpse, Impureza, Rotting Christ, Svart Crown et tout cet univers de brutalité et de ténèbres qui rythme Musicalement ma vie depuis. Difficile alors de trancher entre toutes les influences quand on les aime toutes ! Alors, pourquoi ne pas leur rendre honneur en jouant et en composant un Death Metal qui puise dans une large variété de styles extrême ? C'est ce que propose Muertissima ! Après, il ne faut pas non plus s'imaginer qu'on jauge et réfléchit le pourcentage de Black, de Thrash et de Death dans chaque morceau ! Mais on va dire que les compos se construisent toutes seules au gré de l'inspiration et de l'humeur. Après tout, quand on aime on ne compte pas !

 

 

Après le fond, parlons de la forme. L'artwork est sublime !! Pouvez-vous nous décrire le processus de création de celui-ci ? Est-ce un concept-album ? De quoi parlent principalement les paroles ?

M : Tout d'abord, merci pour le compliment : j'avoue m'être bien éclaté là-dessus. La pochette est signée Macchabée Artworks (moi-même), et ce qui est marrant, c'est qu'elle a plus ou moins précédé le titre et le thème général de l'album puisque je l'ai dessinée puis peinte entre mars et juillet 2019. C'est d'ailleurs la première pochette réalisée sous mon nom d'artiste.

On était parti sur l'idée d'une pochette éponyme, et m'est venue alors à l'esprit une sorte de parabole mélangeant l'inquisition espagnole et le massacre des civilisations pré-colombiennes qui ne formeraient qu'une seule et unique fresque un peu fantaisiste de l'histoire espagnole. Le délire derrière c'est une exécution d'hérétiques brûlés vifs sous les yeux de centaines de clercs et d'évêques : les corps se consument, et de leurs cendres s'élève la Muertissima, notre divinité à crâne de Boeuf, qui vient détruire la Cathédrale. Symboliquement, c'est la Liberté qui vient foutre un coup de pied dans la fourmilière oppressante du monothéisme. En regard de l'Édifice qui s'écroule, une Pyramide maya s'élève puissamment pour sacrifier une partie du Clergé, tandis que l'autre se noie dans son propre sang. Bref, je me suis bien amusé !

Début 2020, quand on a fixé une date pour l'enregistrement, on a repensé le titre de l'album à la lumière des nouvelles compos, de nos textes qui parlaient tous de liberté et d'oppression, et de l'artwork qui explorait le thème de l'Inquisition. C'est là qu'on s'est rendu compte que depuis le tout début, on avait un concept-album au sujet de la recherche de liberté et de la lutte contre toutes les formes d'Inquisitions, qu'elles soient politiques, religieuses, psychologiques, affectives ou même liées à une addiction comme l'alcool ! C'est donc la cohérence de la musique, de la pochette et des textes qui a fait d'Inquisition un concept-album.

 

Comment s'est passée la sortie de l'album ? Quels ont été les premiers retours ? Comment voyez-vous le côté promo obligatoire pour faire connaître un jeune groupe de death metal comme le vôtre ?

S : Pour la sortie de l’album on s'est fait une release partie à l'échoppe de bière, c'est une cave à bière dont le patron est un ami amateur de bonne musique. On s'est éclaté, les gens ont répondu présent et tout le monde a passé un bon moment. Les premiers retours sont très bons, on a eu beaucoup d'éloges de faites sur notre album et ça fait vraiment plaisir, on sait maintenant qu’on n’a pas autant travaillé pour rien. Pour ce qui est du côté promo " obligatoire ", en réalité je ne vois pas ça comme une obligation mais plus comme une continuité logique et un aboutissement.

De l'écriture des morceaux, à l'enregistrement et enfin à la sortie, il se passe beaucoup de choses. Je considère que pouvoir tenir dans notre main cet album pour lequel on a tant donné et en faire la promo est une victoire! D'autant plus que ça nous fait rencontré pleins de gens passionnés de métal et ça c'est exaltant !

M : C'est vrai qu'on s'est démené pour réussir au mieux cette sortie et proposer un maximum d'événements et de merch de qualité pour notre public. On est content car les retours sont bons pour le moment, et notre musique plaît tout comme notre univers ! C'est cool !
Avant tout, il est certain qu'on fait d'abord de la musique pour nous, de la musique qui nous plaît. Mais on pense aussi à tous ceux qui nous écoutent et nous
soutiennent depuis le début, ainsi qu'aux fans de Death Metal qui sont susceptibles de nous découvrir, et on essaie de leur offrir des concerts de qualité et un album à la hauteur de leurs attentes. C'est pourquoi on a bossé sur le clip de Cerveza, la vidéo animée d'Inquisition et le live filmé au Canal 93 à l'heure du confinement, afin de permettre à tous de voir et écouter notre musique malgré les dates de concerts parfois incertaines. On a opté pour un enregistrement pro, puis on a planché sur la création de t-shirts, de sweats, de Prints et de sous-bocks, sans oublier la pièce maitresse : notre album en format Digipack contenant un livret 16 pages qui présente les textes, le sujet de l'album ainsi que des Artworks et photos à l'effigie du groupe et de notre mascotte.

En somme, on a tenté de peaufiner au mieux "Inquisition" et je pense que la promo qu'on en a fait se trouve être partie intégrante du projet. Comme le dit Steph on ne le vit pas vraiment comme une obligation, mais comme une suite logique qui s'intègre dans notre projet afin de partager notre passion de la musique !

 

Si la situation sanitaire le permet, avez-vous l'envie de faire encore plus de concerts ou même une tournée ? Si vous pouviez un groupe ou deux pour partager la scène, ce seraient lesquels ?

S : Si la vie nous le permettrai, on serai tous les soirs sur scène, haha ! On espère vraiment pouvoir maintenir notre rythme de un concert par mois, ce qui est déjà pas mal pour le moment et une tournée en été serai quelque chose qui nous brancherai à fond !
Sinon pour choisir juste un ou deux groupes ce n’est vraiment pas facile parce qu’il y a énormément de groupes qu'on apprécie humainement et musicalement et tant d'autres qu'on ne connait pas encore si ce n'est musicalement. Mais sinon si on devait choisir que un ou deux groupes pourquoi ne pas proposer un plateau sur un délire hispanisant avec Impureza, Mezcla et pourquoi pas Loco Muerte.
M : Pour ma part, j'aimerais beaucoup partager la scène avec Daeth Daemon un jour. C'est un groupe de Death Old School autrichien, j'ai bossé sur leur dernière pochette en tant que Macchabée Artworks, et ils font de la super musique en plus d'être super sympa !

 

 

Juste une question sur vos activités hors Muertissima : pouvez-vous chacun nous parler de Macchabée Artworks et de Anthropovore ? Et comment jugez-vous le travail de l'autre ?

M : J'ai beaucoup d'affection pour Anthropovore, le projet Black de Steph et Simon, nos guitariste et bassiste/chanteur. La naissance de Macchabée Artworks est d'ailleurs liée à Anthropovore puisqu'il s'agissait du premier groupe hors-Muertissima à me commander un logo et une pochette. Et c'est à la suite de cette demande que j'ai créé Macchabée Artworks, et qu'aujourd'hui je dépasse les 50 collaborations avec des groupes, radios et labels de plus de 15 nationalités différentes sur presque tous les continents ! Je crée des logos, des pochettes, des motifs de merch et des affiches de metal dans a peu près tous les styles extrêmes, et je m'efforce de garder mes prix bas pour permettre à tous les groupes de metal qui le souhaitent de se procurer des Artworks de qualité pour pas cher. C'est un choix assumé, car comme tu le sais il y a beaucoup de groupes émergents qui font de la très bonne musique sans pouvoir forcément se payer des Artworks et c'est dommage de les voir contraints d'utiliser une vieille peinture de Doré, Turner ou Blake plutôt que d'avoir une pochette personnalisée, en guise de prolongement totalement cohérent de leur projet musical. C'est ce que j'essaie de leur fournir par mes services, et j'adore ça car c'est à chaque nouvelle commande une rencontre exceptionnelle avec des gens passionnés, ainsi qu'une recherche et un défi par lequel j'essaie de me dépasser pour livrer la meilleure oeuvre que je puisse créer !

S : Comme la dit Matthias Muertissima , Anthropovore et Macchabée Artworks sont liés. Matthias en tant que dessinateur attitré de Muertissima et Anthropovore a à sa charge la réalisation de tous les visuels des deux groupes. Le fait que notre illustrateur fasse partie du groupe en tant également que guitariste rajoute une simplicité d’exécution et une cohérence supplémentaire à nos artworks. Et attention alerte spoil pour ceux qui connaissent et suivent Anthropovore, Matthias est en ce moment même en train de travailler sur la pochette du prochain album qui est presque fini. Car la bête Anthropovore actuellement tapi dans l'ombre, viendra se rassasier une fois de plus de viande humaine dans son prochain album qui sortira en 2022 mais plus d'infos viendront en temps voulu...

 

Le death, le black et le thrash sont vos styles de prédilection. Quels sont les groupes qui vont ont donné d'aimer à ce point ces genres ? Comment voyez-vous l'évolution du metal extrême ?

M : Difficile question, il y en a tellement... Pour le Thrash, je dirais Slayer, Megadeth, Metallica et Kreator dans un premier temps, puis plus récemment Havok et Warbringer. Pour le Death, ce serait Amon Amarth, Aeon et Arch Enemy, plus récemment The Black Dahlia Murder et Cannibal Corpse (Brutal death, mais Death quand même, dont les structures rythmiques sont super inspirantes). Enfin, je suis tombé assez tard dans le Black, et c'est je pense le genre que j'aime le plus en ce moment : Immortal, Necrophobic, Dissection, Behemoth, Afsky, Vindland, Aara, Véhémence pour n'en citer que quelques-uns !

Je trouve que le metal se porte bien, et même très bien en ce moment ! Sans rire, c'est impossible d'écouter tout ce qui se fait de bien tant il y a de sorties incroyables tous les jours. Et ça vaut pour tous les genres extrêmes qui ne cessent de se renouveler et de se réinventer sortie après sortie. Je suis donc très optimiste quant au devenir de la scène metal internationale, et surtout nationale car le metal français semble se porter extrêmement bien !
S : J'ai d'abord découvert le métal par le trash.
Quand j'étais jeune, je me suis retrouvé avec l'album "and justice for all" de Métallica dans les mains et à partir de ce moment, ma vie a changé. Je n’avais jamais entendu quelque chose d'aussi énorme! Forcément, quand on grandissait dans un village de moins de 2000 habitants, en France, dans les années 80, 90, il était très difficile de découvrir autre chose que ce que la radio nous proposait, étant donné que c'était un des seuls moyen de découvrir de la musique (pour rappel à cette époque internet n'en est qu'à ces balbutiements)
J'ai eu la chance d'avoir un prof qui m'a un jour prêté cet album de Metallica, puis j'en ai voulu plus et j'ai ainsi découvert Megadeth, Slayer, putain SLAYER !!! (Oui, Slayer est un des groupes qui m'a le plus marqué, au point que je joue sur des Bc Rich Warlock)
J'étais comme un junky qui voulais des doses de plus en plus fortes, j'ai ainsi découvert les groupes de death qui m'ont le plus marqué : Cannibal Corpse , Morbid Angel , Suffocation et tant d'autres puis dans le black Mayhem, Gorgoroth, Marduk ... etc
Aujourd'hui j'en veux toujours plus, et je découvre des putains de groupes, tous les jours, pour moi, on est en plein dans un des âges d'or du métal et plus particulièrement de l’extrême. Il n'y a qu'à voir en France le nombre de groupes pour s'en rendre compte, d'autant plus qu'il y a du très, très bon dans tous les styles et donc chacun peux y trouver son compte.

Vous êtes un duo de guitaristes impressionnants sur cet album ? Comment vous partagez-vous les riffs ? Parmi tous les duos du metal, quels sont vos préférés ?

S : Sur beaucoup de passages nous jouons le même riff avec une variante, et souvent pendant que l'un est sur la rythmique, l'autre fait une ligne mélodique. Sinon en règle générale je préfère bouriner mes grattes et je préfère les grosses rythmiques aux solos, c'est pourquoi je laisse à Mat le soin de les faire.
Mes duos de guitaristes préférés sont : Kerry King et Jeff Hanneman, les frères Amott qui ont joué en même temps dans Arch ennemy, Christian Andreu et Joe Duplantier dans Gojira.

M : King et Hanneman !!!! Très bon choix, c'est le premier duo auquel j'ai pensé. J'ajouterais Mustaine & Friedman de Megadeth, Marty étant une de mes grandes inspirations pour mes solos ; le trio d'Iron Maiden constitué de Smith, Murray & Gers pour leurs harmonisations emblématiques ; et tiens, le duo Pat O'Brien & Rob Barrett pour finir en brutalité avec les riffs déchaînés et les solos torturés de Cannibal Corpse !

 

Encore un très grand merci pour cette interview pour la Horde Noire. Je vous laisse le mot de la fin...

S : Encore un très grand merci à toi de nous avoir proposé cette interview. Pour le mot de la fin je dirai que ce n'est que le commencement. On vient à peine de sortir notre premier album mais ça ne sera pas le dernier, on espère également continuer à faire pleins de concerts, tourner des clips, partir sur la route jouer notre musique dans des endroits loin de chez nous, partager la scène avec des centaines de groupes dont nous aimons la musique.
Bref Muertissima est là !!!

M : Oui, et continuer de travailler dur pour donner le meilleur de nous-mêmes par l'art et la musique ! Merci beaucoup pour ce bel entretien, nous avons pu grâce à toi aborder des questions qui nous tenaient à coeur, dévoiler une part de l'âme de Muertissima et de ses membres, et surtout nous avons passé un super moment en ta compagnie à parler Metal ! C'est avec grand plaisir qu'on rediscute quand tu veux, merci encore et à bientôt l'ami !!

 

 

Mika Hell