Livres Essais
Max Gallo
Fayard
2006
133 p.
Ecrit à la suite des émeutes en banlieues de la fin 2005, le fameux historien Max Gallo nous livre ses réflexions sur la Nation sous forme d'un virulent pamphlet : il sort son drapeau bleu-blanc-rouge de sa poche, et démontre que les "pédagogues du renoncement" (les politiciens) de droite comme de gauche, et leurs "folliculaires" (intellectuels et associations) misent sur l'éclatement de la Nation en défendant le communautarisme : on glorifie le quartier ou l'Europe, mais plus personne n'ose se réclamer de la France, par peur d'être ringard ! On défend les "minorités opprimées" à coup de "discriminations positives" oubliant subitement l'Egalité devant la Loi républicaine. Pour Max Gallo, la crise sociale actuelle ne s'explique pas par des indicateurs chiffrés somme toute abstraits (chômage, croissance, endettement de l'Etat, etc) mais bien à une crise de l'esprit national, à la volonté de faire "table rase du passé".
Selon lui, la droite est morte dans les années 1930. Depuis, avec la gauche, elle a cédé au Tiers-mondisme, à la haine de soi, mais aussi à l' "hypermarché mondial", au mirage européen, au culte dangereux des "mémoires" au lieu de continuer à assumer son Histoire, avec son rayonnement et ses défauts : Gallo appelle au respect de la "problématique générale" de ce pays franc et chrétien né sous Clovis (481-511) : les nouveaux français doivent se passer le flambeau tendu par les Anciens. En effet, l'histoire de France mérite de se poursuivre, car ce pays a fait de belles choses, malgré la volonté des élites actuelles de salir son passé en y découvrant unilatéralement et de manière anachronique du colonialisme, des tortures, du fascisme, du militarisme et du machisme : rappelons tout de même la construction d'un Etat, son rayonnement culturel (roman, gothique, Renaissance, humanisme), et ses grands combats (déclaration des droits de l'Homme, aide au Tiers-monde, lutte contre les dictatures du XX°S.)
Le "politiquement correct" hurlera sûrement au "racisme", au "fascisme", à l' "exclusion" et autres néologismes creux à la lecture de ses quelques pages, mais la définition de la "Patrie" et de la "Nation" française par Max Gallo ne repose pourtant que sur des écrits insoupçonnables comme ceux de Bloch (fondateur juif de l'Histoire actuelle, fusillé en 1944), Braudel et autres penseurs défunts mais respectés. Et pas d'un Le Pen. Ce livre de convictions, au verbe haut, se lit très facilement et tente de décomplexer autant les Français de souche que de coeur.