Livres Essais
Christophe Dubois & Marie-Christine Tabet
2009
343 pages
Albin Michel
Voilà un ouvrage qui risque de maintenir vivace la défiance du bon peuple vis-à-vis de sa nouvelle élite aristocratique, les politiques. Qui n'a pas vu dans les médias les multiples affaires mixant intérêts privés et publics mettant en cause les divers élus ? L'ouvrage des deux journalistes se penche sur le rapport entre les politiques et l'argent. On hésite entre le rire (jaune) et la colère froide au travers de l'énumération de coups foireux et de discours outrés de ces gens censés montrer l'exemple. Divisé en trois parties, l'ouvrage aborde dans un premier temps « l'argent honteux ». la partie la plus amusante où les élus se justifient, évoquent des enfances pauvres ou modestes, et ont ce refrain bien rôdé que le privé paie plus, que si fortune ils voulaient, ils n'auraient pas versé dans la politique qui semble une véritable abnégation de soi. Blablabla. De loin la partie la plus drôle. Sont évoqués les commissions fantômes censées surveiller l'évolution de patrimoine des élus, qui curieusement grimpe en flèche malgré les déclarations fiscales (pour ceux qui les font) sous-estimées. De la vient logiquement la partie sur « l'argent facile ». La plus enrageante. Les nombreuses facilités, l'enrichissement personnel, la vie de roi en somme... Le pouvoir semble être à ce point corrupteur, que la scission entre représentants du peuple et ce dernier a l'air d'un abîme béant que rien ne pourra combler. Qui a dit que l'époque de la servitude et des seigneurs était révolue? On est en plein dedans lors de cette monstrueuse partie qui ne peut qu'attiser la haine du politique. Tous en croquent. La dernière partie, « l'argent sale » est la moins passionnante dans le contexte du livre: en effet, on a droit aux multiples affaires impliquant des grands partis, les collusions avec des États africains, etc. Trop rapidement balayées, contées pour montrer la corruption des grands mouvements politiques, ces affaires mériteraient un livre à elles seules. Le livre est intéressant même si par moment l'information « people » n'est pas loin. Sauf que dans le cas présent, la documentation est béton, et montre grâce à des exemples concrets combien la gouvernance est loin, très loin, des préoccupations de sa base, la masse fangeuse: nous.