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L'Art de la Guerre

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Livres Essais

Sun Tzu
entre 400 et 320 av. JC
110 p.

" L'Art de la Guerre" est un petit précis de stratégie militaire écrit par un érudit Chinois, Sun Tzu, à une époque qu'on estime maintenant entre 400 et 320 avant JC. A cette époque, la Chine est divisée en plusieurs royaumes indépendants et volontiers belliqueux. L'unification du pays interviendra en 247 av. JC avec l'avènement de la dynastie Qin.

Les 13 chapitres qui constituent le livre faisaient apparemment partie d'un ouvrage beaucoup plus vaste mais perdu dont ils devaient constituer une sorte de résumé ou d'introduction. Au fil des siècles, les 13 chapitres ont été complétés par des commentaires ou des exemples d'autres spécialistes de la guerre, notamment Tsao Tsao (155 – 220), Tu Yu (735 – 812) et Tu Mu (803 – 852).

Selon Sun Tzu, un bon général est celui peut vaincre sans livrer bataille. Cela signifie qu'il faut d'abord combattre l'ennemi sur sa stratégie ou ses alliances politiques et n'attaquer son armée proprement dite qu'en dernier recours. Et quand le choc armé a lieu, il faut éviter qu'il soit frontal. Idéalement, le général ne doit engager le combat que quand il atteint deux objectifs : l'invincibilité de son armée et la vulnérabilité de l'adversaire.

L'invincibilité de l'armée requiert une connaissance exacte de son état réel. Sun Tzu définit cinq critères déterminants pour atteindre l'invincibilité de l'armée : les conditions politiques, le climat, le terrain, le commandement et l'organisation de l'armée. Parmi ces facteurs, Sun Tzu s'étend longuement sur la prise en compte des aspects politiques (la guerre doit être menée par des militaires et le pouvoir doit être tenu à l'écart de la conduite des opérations militaires) et économiques (la guerre doit être rapide et son budget doit avoir été soigneusement calculé à l'avance).

La vulnérabilité de l'adversaire exige que le général ait une connaissance exacte des forces et intentions de celui-ci. C'est pourquoi Sun Tzu recommande le recours à des agents secrets. Mais la vulnérabilité nécessité également que l'adversaire soit mal informé de l'état des forces en face de lui. On touche là à un des points essentiels de la pensée de Sun Tzu, l'usage de la ruse. Pour lui, l'art de la guerre réside dans la tromperie et la feinte pour surprendre l'adversaire.

Mais assurer son invincibilité et la vulnérabilité de l'adversaire ne sont que les phases préparatoires aux opérations. D'une manière générale, Sun Tzu demande que le général soit très prudent dans le choix du terrain sur lequel il veut combattre. Le but n'est pas de faire reposer le sort des combats sur la seule force des combattants mais pouvoir s'assurer que la balance penche du bon côté grâce aux circonstances favorables que le général aura su créer ou provoquer.

Il faut également n'engager le combat que quand le rapport de force le permet et frapper l'ennemi là où il n'est pas, afin de désorganiser ses défenses. Il ne faut pas non plus acculer l'adversaire parce que des combattants désespérés sont plus durs à vaincre : il préconise donc de ne jamais encercler complètement une armée, de bien traiter les prisonniers ou de ne pas piller plus que de raison les territoires conquis.

Malgré son grand âge, l'ouvrage fait partie des œuvres de référence dans le domaine de la guerre parce qu'il fait preuve d'une modernité et d'une profondeur de vue assez étonnantes. La pensée de Sun Tzu est très loin de la pensée militaire européenne traditionnelle telle que représentée par Clausewitz, basée plutôt sur le choc frontal et la bataille d'anéantissement. Pourtant, elle a réussi à s'imposer et on ne compte plus le nombre de stratèges, passés et présents, qui disent s'y référer ou regretter de ne pas l'avoir découverte plutôt.

Derrière la stratégie militaire, se révèle une philosophie du combat en général qui peut s'avérer très utile pour celui qui sait l'adapter, notamment dans le domaine économique. Il paraît par exemple que l'ouvrage est lu dans certaines grandes entreprises japonaises. Pour ceux qui ne sont pas assez malins pour réfléchir par eux-mêmes, il existe des versions adaptées au monde de l'entreprise, mais je ne sais pas si ces adaptations présentent un intérêt quelconque (et ne veux pas le savoir).

Au niveau metal, un groupe de power metal allemand, Sabaton a sorti un album intitulé « Art of War » en 2008 et comporte des références claires à Sun Tzu. Vader a sorti un EP du même nom en 2005 mais il n'y pas de référence à Sun Tzu. De même, il existe un " Supreme Art of War " de 1999 du groupe de black / power metal italien Stormlord.

L'ouvrage est arrivé en Europe grâce à une traduction française de 1772 mais qui présente quelques lacunes. Le texte utilisé par Flammarion (Champs, n° 58) se base sur une édition anglaise de Samuel Griffith, qui fait autorité. Pour les paresseux, il existe une adaptation BD chez Vents D'Ouest.

Tryphoninus