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L'économie du pieux mensonge

Livres Essais

Galbraith

J.K. Galbraith, ancien professeur à Harvard et conseiller de 4 présidents américains (dont JFK) ne se fera pas que des amis en sortant ce petit recueil de 87 P., publié en France par Grasset le 2 novembre 2004 : à 96 ans, cet intellectuel de renom et fervent démocrate s'attaque aux fondements du système libéral : « J'ai consacré ma vie professionnelle à l'économie, écrit-il. Cette longue période m'a appris qu'il existe une divergence permanente entre les idées admises et la réalité ». Or, ce décalage n'a rien de fortuit, au contraire : l'économie de marché repose sur un mythe pour le plus grand profit de quelques initiés, explique-t-il :
Ainsi, vous pensiez être un consommateur libre et autonome ? Vos choix sont orientés dans l'intérêt des grandes firmes : la pub et le lobbying sont aujourd'hui des armes plus efficaces que l'on ne veut bien le croire.
Vous imaginez aussi que l'augmentation du P.I.B. était bon signe pour un pays ? Là encore, souligne Galbraith, vous servez sans le savoir les intérêts des chefs d'entreprises : l'indicateur mesure uniquement la santé de la production, pas celle de vos finances et encore moins celle de vos enfants. A cela, il vaut mieux préférer la notion d'I.D.H., moins « économiste » et plus complète, englobant aussi des critères sociaux pour mesurer le bien-être de la population d'un pays.
Ce n'est pas tout. Vous espériez sans doute que l'Etat serait indépendant du monde marchand...Exemple à l'appui, Galbraith infirme : aux USA comme ailleurs, les dépenses publiques sont très largement dictées par des intérêts privés.
Le mensonge devient idéologique quand une poignée de dirigeants clament que le travail est une vertu et que l'inactivité est un pêché, poursuit-il... Eux seuls peuvent s‘offrir des vacances de rêve et des femmes au foyer ! Dans un système économique prônant la transparence et la démocratie, l'ancien conseiller économique de la Maison blanche s'étonne de la toute puissance des chefs d'entreprise – les seuls à pouvoir fixer eux-mêmes leur salaire à des niveaux exorbitants.
Et pis encore : dans ce monde de dupes, s'alarme-t-il, l'inertie des gendarmes boursiers, l'impuissance des actionnaires (face à leurs portefeuilles rognés depuis 2001...), les collusions d'intérêts et l'incompétence de nombre d'« experts financiers » ne risque pas d'inverser la tendance.

Autocrator, d'après J.Joly, l'Express 1/11/04