Livres Essais
Par Thierry Wolton
(Grasset, 1986)
310 P.
Ce livre n'est pas tout jeune, certes, et son auteur n'est qu'un journaliste à l'hebdomadaire Le Point... Certes ! Mais son contenu est pourtant du plus haut intérêt, et les révélations faites ont dû paraitre explosives à l'époque de sa parution, le monde étant encore séparé en deux camps idéologiquements opposiés, se livrant à une compétition sans merci ! Extrêmes fouillé et précis, Wolton nous retrace la scandaleuse histoire de l'espionnage soviétique en France, des années 1920 à l'ère mitterrandienne. Sans complaisance et sans fard, il nous relate l'action de fourmi, dans l'ombre, de tous ces gens qui ont cru aveuglément, de manière quasi-religieuse, au Paradis marxiste imminent sur Terre, et qui, à ce titre, ont volé, trahi, menti, tué ... leur propre pays pour une raison qu'ils croyaient supérieure ; des " rabcors " (" Correspondants ouvriers ", en fait, les espions dans les usines " sensibles ") aux hommes politiques importants (Thorez, Duclos...), en passant par les petits financiers louches et les officiers généraux de l'armée française, personne n'est épargné : l'auteur ressort leurs inavouables casseroles, patiemment stockées dans les dossiers de la police ou de la justice, mais souvent étouffées par copinage ou pour " raisons d'Etat ". La plus célèbre, l'affaire " Farewell ", est abondamment décortiquée en dernière partie. Ce livre se lit d'ailleurs comme un polard d'espionnage, en plus " touffu ", peut-être ! Ainsi, nous découvrons, ébahis, comment le KGB infiltrait sans vergogne les rouages de l'Etat français, déstabilisait parfois rudement la diplomatie de ce pays, et pillait sa technologie au plus grand bénéfice de l'URSS... Heureusement que le "mur" balafrant l'Europe a chuté depuis !