La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Le terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours

terrorisme_intellectuel

Livres Essais

Jean Sevillia
Ed Perrin
2000 et 2004

Cet essai devrait vraiment être lu par tous ceux qui pensent, en toute bonne foi, que la France est le pays de la liberté de pensée. Car les faits sont là :
l'idéologie dominante du pays est élaborée et distillée par les « intellectuels » français, en fait un microcosme parisien déconnecté des réalité pensant détenir LA vérité ! Et quelle vérité : « nos » philosophes, artistes, biologistes, sociologues ou autres historiens furent tour à tour staliniens, maoïstes, tiers-mondistes, relativistes, puis communautaristes ! Ses représentants sont des gloires passées (Montand, JP Sartre & De Beauvoir...) ou des hommes maintenant bien placés (B.H.L., bien sur, mais aussi Hervé Bourges, Serge July, Michel Field, Max Gallo...). Majoritairement de gauche mais pas seulement, ces intellectuels sont souvent frappés d'amnésie sélective à propos de massacres écœurants, du « printemps de Prague » à la « Révolution culturelle » chinoise en passant par l'invasion du Vietnam sud et du Cambodge, au nom de la défense des opprimés. Par contre, ils sont à l'affût de causes utopiques à défendre, et n'hésitent pas à manier l'amalgame manichéen face à ceux qui osent les critiquer. Sous leurs attaques verbales, leurs contradicteurs sont taxés sans retenue de « bourgeois », « racistes », « fachos », « nazis », « réactionnaires », et autres « homophobes »... Ils se livrent en fait à une véritable « chasse aux sorcières » envers ceux qui ne se plient pas à leur « pensée unique ».
Jean Sevilla, déjà connu pour « Historiquement correct », est un homme de droite conservateur, aucun doute là dessus. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir souvent raison : ici, il analyse au scalpel les agissements de notre petite intelligentsia de manière chronologique, depuis la Libération jusqu'à nos jours, à travers tous ses agissements, sans omettre de brosser en toile de fond les mutations sociales qui leur servent de cadre. Car les intellectuels suivent souvent leur temps sans le comprendre, et leur « prêt à penser » est rarement en phase avec les aspirations populaires : ils se sont trompés sur le marxisme, le colonialisme, la famille, la nation, l'économie, l'éducation, l'immigration, le racisme... Mais qu'importe : leurs livres, leurs interviews et leurs pétitions médiatisés à outrance diffusent des idées ultra-minoritaires mettant le pouvoir politique sous son contrôle moral, et à culpabiliser le français moyen.
La précision de l'auteur, ainsi que son impartialité sont exemplaires, presque dérangeantes ! A aucun moment, le lecteur ne peut douter des faits énumérés, car toutes les références (articles, dates, auteurs) sont scrupuleusement mentionnées. Sevilla pose simplement les vrais questions de société, met le doigt là ou ça fait mal, méthodiquement, pointant les paradoxes, du stalinisme jusqu'au phénomène Lepen. Des faits, des constats, le débit est limpide ! Et les conclusions de Sevilla sont frappées de bon sens, de réalisme et de justesse, qualités qui manquent justement à nos « intellos » ! Sevilla, toujours mesuré, reconnaît tout de même les mérites de ceux qui renient leurs pensées nauséabondes, gageant même qu'ils constitueront la relève de la génération post-soixante-huitarde...
On ne peut s'empêcher d'être ébahi devant le dogmatisme et le manichéisme (et de retournement de vestes !) de gens a priori plus intelligents que nous, qui n'ont finalement que réussi qu'à se couper des aspirations du peuple... Comme quoi, la puissance intellectuelle ne fait pas tout.
Devant le succès de cet essai, une réédition a eu lieu en 2004, avec une post-face tenant compte des derniers événements politiques survenus. Et le lecteur ne peut qu'en sortir aussi désabusé que l'auteur...
www.editions-perrin.com

Autocrator