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Supplique aux nouveaux progressistes du XXI°S.

supplique

Livres Essais

Régis Debray
Gallimard
2006

Ce penseur français très éclectique et fervent républicain, ouvre cette fois un coup de gueule contre une certaine "gauche caviar" qui définit elle-même le Bien et le Mal, et jette dans son Enfer ceux qui n'ont pas droit de cité dans le paysage des idées français. Autrefois marqué à gauche, l'auteur commence par une justification, sachant très bien qu'il va être rejeté par son ancien camp, qui va tenter de le mettre en pièce à coup de plume acidulée dans une certaine presse allant de Télérama au Monde. Pourtant, côté verve sémantique, Régis Debray se débrouille très bien : chaque page, voire chaque phrase de ce court pamphlet pourrait être en soi une citation. L'objet de cette "supplique" est de répondre à ce nouveau néologisme forgé par la bourgeoise intellectuelle, à savoir les " nouveaux réactionnaires ". Emboîtant le pas à d'autres penseurs atypiques tel que Finkielkraut, Debray le récuse totalement, en montrant qu'au cours de l'histoire, les "avant-gardistes" et les "modernes" n'étaient pas toujours ceux que l'on croit (Les futuristes italiens étaient furieusement modernes, et pourtant...fascistes ! A l'inverse, le président socialiste Mitterrand avait des goûts purement classiques) ; et que ceux qui se croient "progressistes", de par leur intolérance de l'adversaire, et leur fascination dogmatique du mouvement et de la révolution sont en fait eux-mêmes les pires réactionnaires de ce siècle. La preuve est qu'ils utilisent des concepts du passé dans leurs discours ("révolution", "classes", "fasciste", "réaction"...), au lieu de raisonner avec des concepts politiques actuels. L'auteur démonte donc un des ressorts du "terrorisme intellectuel", à savoir l'amalgame et le mensonge servant à faire taire les opinions divergentes et les esprits libres. Sans détailler, Debray définit les grandes lignes d'un vrai débat d'idée en France, constructif et ouvert ; enfin, il pose les bases d'une pensée de gauche "tragique", c'est à dire en accord avec son temps et non plus empêtrée dans sa vision archaïque et manichéenne du combat politique.

Autocratôr