Lyrics
OSIRION – « Evil Made History »
(démo tape 2002 – DUKE)
1er titre: Demetrios Poliorcete, Depraved King Of Macedon
"Fils du général borgne d'Alexandre
Tu en hérites la soif de puissance
Luxe et stupre t'entourent
Vénère Edon, la vie inimitable
Ton règne est un jeu de hasard
Le pouvoir te brûle les mains
Nul ne sait où tu peux échoir
A force de narguer le destin!
Les cités tombent entre tes mains
Tes alliées d'aujourd'hui, de futures ennemies
Ainsi peut tourner le sort des armes
Mais sans relâche tu tisses ta toile
Abandonné, ruiné, déchu,
Tes mercenaires ont fui
Fui tes ambitions démesurées
Et tes promesses non tenues
Démocratie, Piété, Patrie
Mots vides pour faibles esprits
N'oublies jamais quoi que tu fasses:
Ne jamais perdre la face!
Sodomie, blasphème, ivrognerie,
Tout est possible il te faut jouir
Sans retenue sans partage
Pourquoi d'autres prendraient ta place?"
Commentaire :
Sur la pochette, Démétrios est à droite, et porte une coupe de vin. Ce titre est porté par des riffs plutôt « speed » et « heavy », montrant la vie luxuriante de ce personnage haut en couleur....
Démétrios Ier est un roi de Macédoine du III°s. avt JC, donc de l'époque grecque hellenistique (-323 à -30). Son père Antigone Monophtalmos (« le borgne ») fut général d'Alexandre le Grand ; c'est en tant que prestigieux héritier de Macédoine (patrie d'Alexandre) que Démétrios va revendiquer une part de l'Empire plus large que celle attribuée à son père. Les autres généraux d'Alexandre sont tous aussi ambitieux : Démétrios va donc se heurter à Ptolémée Ier (roi d'Egypte) et à Séleucos Ier (roi d'Asie) ; son père meurt même à 80 ans à Ipsos dans une bataille contre eux.
Démétrios reste célèbre car il est sans foi ni loi : coup sur coup impérialiste, monarchiste ou démocrate, il se laisse mener par sa bonne Fortune : les armes à la main, il gagne parfois beaucoup de territoires mais remet tout en jeu, reperdant tout, fuyant, et recherchant de nouveaux alliés, souvent des mercenaires intéressés, comme lui. Il rallie toujours des troupes car son prestige militaire est grand : surnommé « le poliorcète », c'est à dire le « preneur de villes », il excelle donc dans la guerre de siège, forme de combat nouvelle pour l'époque !
Enfin, il règne, toujours dans l'excès : l'historiographie antique (Plutarque est intarissable !) lui attribue tous les défauts et en fait l'archétype du roi débauché : il est ivrogne, s'illustrant dans de longs symposium ; il est adepte de sodomie, en poursuivant de ses assiduités les jeunes garçons qui lui plaisent, poussant même un jouvenceau récalcitrant au suicide ! Plus grave, il est accusé de blasphème, après une nuit de beuverie, à l'encontre des statues du mystère d'Eleusis à Athènes.
Après avoir joui de tout son saoul, Démétrios meurt. Son fils Philippe, plus consciencieux, récupère juste un royaume minuscule et ruiné en Macédoine. Pourtant, qui n'a pas rêvé de mener la même vie de plaisir, de gloire et de débauche que Démétrios Ier ?
"Descendant du divin Auguste
Choisi des Dieux, Grand César
Pour un règne sans partage
Un destin d'esthète et philosophe
Aurige étincelant de mille éclats
Etrille tes adversaires dans l'arène
Sous les roues puissantes de ton char
Ainsi te revient toujours la victoire
Quoi de plus inimitable
Pour ton inspiration sans tabous
Q'un haut tourbillon de flammes
Léchant la Ville Eternelle?
Révoltes et complots s'ourdissent
Et la secte chrétienne menace
Ô défenseur de l'hellénisme
Ton bras vengeur va frapper!
...Que justice se fasse...
Mâte cette aristocratie gâteuse
Ta famille trahit, elle doit payer
Le pays de Yahvé s'est rebellé
Tes légions doivent l'écraser
Génie seul et incompris
Nul autre choix que de mourir
Ton oeuvre bafouée, ta mémoire salie
Quel artiste se meurt en toi!
...Ce bas-monde ne te méritais pas..."
Commentaire :
Qui n'a jamais entendu parlé de Néron, l'empereur romain du I er siècle après-JC, dont la mémoire est encore aujourd'hui systématiquement noircie ? D'aucun le décrivent fou, mais il faut savoir que la littérature jugeant les empereurs ne fut jamais neutre : les aristocrates chroniqueurs sont soit apologétiques, soit dénigreurs, au contraire, selon les privilèges qu'ils tiraient de leur dirigeant. Et Néron fut plutôt un esprit éclairé et visionnaire. Son buste, couronné de lauriers figure à droite de la pochette. La musique de ce titre est donc très noire, bancale, avec une alternance de riffs très mid tempo et d'accélérations hystériques, montrant l'ambivalence de ce personnage....
Fervent admirateur de la culture grecque, comme les élites romaines de son temps, Néron n'hésitait pas à concourir sur la piste de stade avec les athlètes, ou combattre dans l'arêne avec les gladiateur (de vile origine, un bien mince reproche a lui faire !) ; on l'accuse de l'incendie de Rome pour avoir voulu s'inspirer et en faire un tableau...rien n'est moins sur.... En tout cas, cet artiste contrarié souffrait du poids de son métier d'empereur. Néron est à coup sur un mécène passionné, ami des lettres et des sports.
Certes, on dénonce ses mascarades religieuses, mais le paganisme de l'époque ne valait pas mieux, avec ses rites étranges et son syncrétisme tout azimut, mélangeant par exemple Isis, Zeus et Apis en une seule divinité...On lui doit la première législation anti-chrétienne, rendant cette secte outrancièrement prosélyte « illicite ». Cette répression, dans le contexte de l'époque détonne un peu avec la tolérance impériale antérieure, mais il s'agissait justement de contrer une religion secrète (réunion nocturnes dans les catacombes), intolérante (monothéiste) et anti-impériale (refus du culte et du service militaire) donc foncièrement anti-sociale. D'ailleurs, la législation anti-chrétienne s'est de plus en plus durcie sous ses successeurs, preuve que Néron fut un visionnaire, devinant le danger avant tout le monde.
Comme tous empereur, il dû mater des rebellions : dans les provinces (1ère "guerre juive"), jusqu'aux intrigants de cour qui ne rêvent que de prendre sa place, et qui se recrutent même sa propre famille et ses amis proches. Néron su déjouer avec une agilité incroyable toutes ces révoltes et tous ces complots, ces derniers étant toujours punit de mort, comme c'est l'usage. Rien de choquant à ce que sa famille soit décimée dans ce cas...
En effet, ces méthodes de gouvernement furent décriées....par une aristocratie conservatrice et stérile, alors que Néron facilita l'ascension des élites provinciales au pouvoir, et développa efficacement l'administration. Entouré de gens hostiles, il n'eut d'autre choix que le suicide, et l'Histoire en a retenu cette magnifique citation, probablement posthume : « Qualis artifex pereo », signifiant « Quel artiste se meurt en moi », d'ou le titre de ce morceau, qui n'est qu'un vibrant hommage à l'Empereur visionnaire et révolutionnaire : « Quel artiste meurt en toi ! ». C'était en 68 ap. JC...L'Empire s'enfonçait alors dans la guerre civile...
"In the light, brilliant Lord
You serve the british Crown
In the dark, mad scientist
You make dreadful experiments
Jack the ripper, of the whores, in your street
Is looking for, a sublime, young victim...
Jack, in the dark, watches for you, in your back
In order to fulfil his hellish desires!
A luxurious caross, driven by four black horses
Scans the grimy asleep suburbs
Searching a specimen of human perverted flesh
You're the chosen for that doomed mission
You'll find the secret hidden in human soul
In search of the thin line
Between the perfect and the vile
In your lab, you work late at night
Your scalpel outlines the vital organs
Spilling blood on the wall
Spreading stench in the room"
Commentaire :
Que savons-nous réellement de Jack l'éventreur, le célèbre « serial killer » qui sévissait dans la banlieue londonienne de White Chapel au XIX°S. ? Il reste un des grands mystères policiers de l'époque contemporaine. Pourtant, les thèses les plus diverses ont été avancées, et les recherches privées ne sont toujours pas closes, à la lumière des nouvelles techniques d'investigation.
Dans le texte de Osirion, c'est une thèse très plausible, également défendue dans un vieux film sur ce sujet : si l'on n'a jamais attrapé Jack, c'est parce qu'il bénéficiait d'appuis très importants à la cour. Qui avait intérêt, d'ailleurs, à dépecer et éviscérer des jeunes prostituées ? Un scientifique à ses heures perdues, qui trouvait ainsi le moyen de contourner les interdits de l'Eglise concernant la dissection. Et un Lord ayant des fonctions officielles auprès de la reine pouvait bénéficier d'autant d'impunité. D'autant qu'un des ministre de SA Gracieuse Majesté, justement, avait un comportement pour le moins louche à la cour victorienne...
Il aurait arpenté la banlieue londonienne de nuit, en carrosse, conduit par son cocher. Il s'arrêtait ainsi tout à loisirs pour prendre contact avec des jeunes filles dans la rue, mises en confiance par l'aisance financière visible du personnage. Il commençait son œuvre macabre dans son véhicule, ce qui soustrayait de nombreux indices sur les lieux d'enlèvement. Certes, il étripe par sadisme, mais aussi pour une certaine vision du progrès ; car l'esprit du XIX°S. est tout à la science, nouvelle « croyance » qui remplacera la morale religieuse à l'avenir, croit-on...
Ministre le jour, scientiste la nuit : cette personnalité double à la Dr Jeckyl et Mr Hyde expliquerait bien des mystères...
"Horsed plunderer in central Asia,
crippled man
Self-declared offspring
of the great Genghis Khan
Forty years to conquer
An empire for your grandeur
From Volga to Mediterranean see
From India to Syria
Tyrant fed by a supreme megalomania
Dream to kneel down the creation
Your reign of steel crushes the motion
You're the feared lord of Asia
Spreading disease on your way
Victims by millions
You set on fire one half of the world
To anchor your domination
Murder, plunder, fire, war
Violence, pestilence, ransom, rape
Slavery, blasphemy, atrocity
Are crowning your supremacy
Obsessed by the splendour of your reign
You spare the able carving your glory
A gigantic mausoleum carries
The ephemeral brutality of your name"
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Commentaire :
Au chapitre des despotes asiatiques, on connaît tous, au moins de réputation le terrible Genghis Khan, dont Iron Maiden a d'ailleurs dédié un titre. En revanche, on connaît assez son successeur, le terrible Timur Lang (ou Tamerland) qui l'a pourtant quasiment égalé au XIV°S. : lointain héritier du Grand Mongol, il n'était qu'un minable voleur de chevaux, boiteux de surcroît. Mais des nobles nostalgiques de Genghis Khan sont allé le chercher sous sa yourte de nomades afin de lui proposer de renouer avec la grandeur du XIII°S. C'est avant tout son nom qui l'a sorti de l'inconnu, et nom ses hauts faits d'armes. Pourtant, Timur Lang se révèle être aussi grand que son illustre prédécesseur et modèle: sa brutalité est extrême ; appuyé par une immense armée de cavaliers aguerris levée en Asie centrale, il se lance dans les conquêtes tout azimut: il repoussera les limites de son territoire jusqu'en Russie à l'ouest, en Inde à l'Est, et il bousculera l'empire musulman au Proche-Orient. Ce dernier fait est étonnant quand on sait qu'il était lui-même musulman: il écrasera l'armée turque de Mehmet V, qui était pourtant occupée à lutter contre l'empire byzantin chrétien ; Timur Lang a donc contribué à retarder – bien malgré lui – la chute de Byzance agonisant pour 50 ans...Cela en dit long sur sa soif de puissance et de pouvoir. Tout les moyens sont bons pour vaincre et dominer : massacres de masse, pillages, incendies...On estime qu'il fit ainsi périr des millions de gens, civils ou militaires. A cette barbarie typiquement asiatique se conjugue, étonnamment, la volonté de faire prospérer son peuple : Timur Lang fut un grand bâtisseur: Saramanque, située sur la route de la soie, s'est fortement enrichit du commerce Orient-Occident, et les places fortes d'Asie centrale surveille les abords de l'empire. Enfin, son tombeau est également célèbre, bleu et de taille immense, montrant la perfection du travail de ses artisans. Timur Lang était avant tout un mégalomane: il souhaitait laisser son nom dans l'Histoire ; par la terreur, mais aussi par ses créations démesurées. Pari réussi, quand on sait que des villes Kazakh ont érigé une statue du tyran sur leur place centrale pour commémorer la mémoire de leur héros national !