Romans, Nouvelles & Théâtre
Léon Bloy
1894
260 pages
D'abord, il y a Jacques, qui ne trouve pas mieux que de se cacher dans un confessionnal, et tout cela pour apprendre que sa mère veut l'assassiner. Dans une autre histoire, c'est au contraire un fils un peu pressé qui fait incinérer son père alors qu'il n'est pas mort. Ailleurs, c'est un noctambule accosté par une prostituée. Il fait un bout de chemin avec elle mais à la lumière d'un réverbère, il se rend compte que c'est sa soeur. Quand Tertullien éploré par la perte de sa vertueuse épouse, se rend compte que la défunte a couché avec la moitié de la ville, il trouve une manière originale de se venger.
Voici donc une trentaine de contes écrits par Léon Bloy (1846 – 1917) dans le journal Gil Blas entre 1893 et 1894. Comme l'indique le titre, ces histoires sont désobligeantes, c'est-à-dire leur morale ne va pas forcément plaire à tout le monde. C'est dommage parce que même si les histoires sont souvent macabres, elles sont aussi souvent ironiques et toujours drôles.L'humour de Léon Bloy est assez particulier, fait d'exagération, à la limite de la caricature, mais dans une style impeccable.
Léon Bloy s'en prend essentiellement à la société de son temps. C'est que Léon Bloy est, comme il se définit lui-même dans la préface, un enragé volontaire qui ne veut rendre compte qu'à dieu. Tout l'énerve et il le dit. Ce qu'il lui vaut de s'être brouillé avec presque tout le monde. D'ailleurs, s'il n'y a plus d'histoires désobligeantes après 1894, c'est parce que Bloy s'est aussi brouillé avec les patrons de Gil Blas et qu'il s'est fait virer. Bloy ne se prétend cependant au-dessus des autres ; en fait, il cherche ce qu'il appelle l'Absolu, une espèce d'idéal au-dessus de la médiocrité et des compromissions. Cette vie sans compromission lui valut de terminer sa vie dans la pauvreté.
On sent pourtant dans les histoires un peu de sympathie pour les artistes. Bien sûr, ils ne survivent pas plus que les autres aux histoires, mais Bloy revient souvent sur l'idée qu'un artiste est souvent incompris de son vivant et pleuré bruyamment après sa mort.
Les Histoires Désobligeantes ont été publiées aux éditions de l'Arbre Vengeur avec des illustrations de Cécile Noguès.