Romans, Nouvelles & Théâtre
G.-J. Arnaud
1977
+/- 170 p.
Fatigués de la vie parisienne, Lucie et Vincent décident de tout plaquer pour venir s'installer avec leurs enfants dans le hameau perdu qui a vu grandir Vincent. Ils y mènent une vie écologique, Lucie fait elle-même son pain tandis que Vincent va cultiver la vigne héritée de sa tante.
Comme Vincent est du pays, l'intégration dans la petite communauté (quelques familles) se passe en apparence paisiblement. Pourtant, Lucie ne peut s'empêcher de trouver les gens du crû étranges et malsains. Tout ce qu'ils font, des jeux des enfants aux méthodes de chasse, est empreint d'une cruauté sadique. En plus, au nom de la solidarité, ils ferment les yeux sur les comportements bizarres des uns et des autres. Lucie voudrait bien en parler à Vincent mais, au contact de ses racines, celui-ci semble aussi subir lentement l'influence sournoise du village. Plus grave encore, sa propre fille lui échappe également.
Mais lorsqu'un jeune motard est tué dans des circonstances particulièrement dures, elle décide d'enquêter discrètement sur le lien entre les habitants. Au fil de ses recherches, elle va peu à peu découvrir une vérité sordide.
Comme souvent avec Georges-Jean Arnaud, l'intrigue est originale et bien construite. Il suffit de lire quelques pages pour être lancé et finir le livre avant de s'en être rendu compte.
La construction du roman rappelle un peu le « Tour d'Ecrou » d'Henry James : le récit se place du point de vue d'une femme évoluant dans un milieu hostile sous des apparences banales, qui doit protéger deux enfants sans savoir jusqu'à quel point elle peut leur faire confiance. Arnaud rend d'ailleurs très bien le climat d'oppression sourde qui étouffe peu à peu l'héroïne. Cependant, à la différence du roman d'Henry James, il n'y a pas d'ambiguïté sur la réalité de la menace.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Georges-Jean Arnaud est un auteur né en 1928 (à ne pas confondre avec le Georges Arnaud du « Salaire de la Peur ») qui s'est illustré dans tous les domaines de la littérature. On lui doit notamment le cycle de la « Compagnie des Glaces » (62 volumes).
L'édition parue chez Fleuve Noir est la plus facile à trouver et en plus elle contient trois autres romans de G.-J. Arnaud: L'Homme Noir, Enfantasme et Les Jeudis de Julie qui valent également le détour. Sinon le livre a également été publié seul en son temps (Fleuve Noir, collection Spécial Police) et est disponible chez les bouquinistes ou sur internet.