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L'Invention de Morel

L'Invention de Morel, Adolfo Bioy Casares, 1940

Romans, Nouvelles & Théâtre

Adolfo Bioy Casares
1940
120 pages

C'est le journal d'un homme, un fugitif, qui pour fuir la justice de son pays s'embarque pour une île perdue au milieu de l'océan. La rumeur veut que ceux qui y ont accosté soient morts d'une maladie aussi mystérieuse que rapide. Mais un homme en fuite n'a rien à faire des préjugés et débarque après un voyage incertain et périlleux. Sur l'île, il trouve une chapelle, une piscine et un musée habitable, le tout fonctionnant grâce à une machinerie compliquée.

Après une certaine quiétude solitaire, l'étranger découvre que l'île est habitée par un groupe d'amis en villégiature sorti on ne sait d'où. Il se cache dans les basses-terres au risque de se faire surprendre par la marée. L'étranger essaie d'observer les insulaires et surtout une certaine Faustine qui résiste aux avances d'un certain Morel. De plus en plus épris de la belle Faustine, il voudrait entrer en communication avec elle mais ses tentatives restent vaines.

C'est alors qu'il comprend que les autres ne sont pas sensibles à sa présence, comme s'ils se déplaçaient sur des plans parallèles. C'est là le principe de l'invention de Morel.

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Il est difficile de s'étendre sur « L'Invention de Morel » de l'écrivain argentin Bioy Casares sans dévoiler l'intrigue (même si celle-ci se révèle assez vite). Le livre commence comme un récit d'aventure mais bifurque très rapidement vers un chemin quelque part entre fantastique et science-fiction. Certainement fantastique à sa parution, les progrès de la science en feraient plutôt maintenant un livre de science-fiction.

Dans le roman, Morel a créé une machine capable d'apporter l'immortalité mais selon sa conception personnelle, à savoir la répétition du passé à l'infini. La machine entraîne une conséquence paradoxale : son immortalité, parce qu'elle n'est que reproduction, est incompatible avec le vivant. Le livre pousse le paradoxe jusqu'au bout parce qu'à cause d'un défaut de la machine, accéder à l'immortalité est mortel.

On retrouve chez Morel tous les symptômes du savant fou et notamment un mépris total, au nom de la science, pour les conséquences de son invention. Dans sa préface, Borges fait un parallèle, contesté par l'auteur, avec l'Ile du Docteur Moreau de HG Wells.

Le livre aborde un autre thème cher à la littérature fantastique, à savoir l'amour impossible avec une image. En général, il s'agit de l'amour pour un mort (La Fontaine des Lunatiques de Richaud par exemple) ou d'une image (Le Moine de MG Lewis). Ici, Bioy Casares se démarque en réunissant les deux : l'image d'une morte.

Le livre existe chez Pocket.

Tryphoninus