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La Révolte des Anges

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Romans, Nouvelles & Théâtre

Anatole France
1914
+/- 410 p.

Maurice est un jeune noble oisif. Pendant qu'il s'applique scrupuleusement à ne rien faire, son ange gardien, Arcade, s'est aventuré dans l'immense bibliothèque familiale. Et là, c'est le choc : à la lecture des livres, l'ange s'est rendu compte que son dieu, que les anges appellent Ialdabaoth, n'est qu'un sombre imbécile, ignare et prétentieux.

Arcade ne veut pas en rester là. Il laisse tomber Maurice pour essayer de retrouver les anges qui pensent comme lui. Il rencontrera Mirar, un ange déchu par amour et tiède révolutionnaire, Zita, une ange engagée mais cynique, Istar, un ange rêveur qui fabrique des bombes et ... Maurice, qui, bien que chrétien par habitude, décide de le suivre malgré tout pour le protéger.

Vite convaincu que Dieu ne laissera les anges accéder à la connaissance, la petite équipe veut bâtir une armée digne de reprendre le combat et de mettre Satan au pouvoir. Elle sera bientôt renforcée par Nectaire, l'un des démons qui était aux côtés de Lucifer lors de sa première révolte.

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« La Révolte des Anges » n'est pas l'ouvrage le plus connu d'Anatole France mais il prend évidemment une dimension toute particulière dans le contexte de notre musique préférée. Cet ouvrage est le plus anti chrétien de son œuvre et celui aussi qui expose de manière cohérente sa vision religieuse, plus ou moins évoquée dans d'autres œuvres. Anatole France a alors 70 ans.

La vision d'Anatole France est largement contenue dans les chapitres 18 à 21 où Nectaire raconte à ses amis l'histoire du monde selon les disciples de Satan. Après la défaite de Satan, les démons se sont installés sur terre et découvrent les premiers hommes. Les démons finissent par s'enticher d'eux et les aident à se développer. Sous la forme des anciens dieux, ils leur apprennent la connaissance et le libre arbitre. Chaque fois que l'homme fait une découverte, il y a un démon pour l'inspirer.

Mais arriva Iahveh. « Il sentit lui-même qu'il n'était pas capable de gagner le cœur des hommes libres et des esprits polis, et il usa de ruse. (...). Il proclama que les hommes, ayant tous commis un crime envers lui, un crime héréditaire en portaient la peine dans leur vie présente et dans leur vie future (car les mortels s'imaginent follement que leur existence se prolonge dans les enfers) et l'astucieux Iahveh fit connaître qu'il avait envoyé son propre fils sur la terre pour racheter de son sang la dette des hommes. »

Anatole France fait une opposition très intéressante entre le satanisme, basé sur la connaissance individuelle et la recherche par chacun de la connaissance, et le christianisme, basé sur la foi et l'obéissance en masse au dogme. Le démon d'Anatole France est donc celui qui aide l'homme à s'élever alors que l'ange le maintient dans l'ignorance, à l'abri derrière ses certitudes. Et Satan de conclure : « c'est en nous et en nous seuls, qu'il faut attaquer et détruire Ialdabaoth ».

Le livre n'est pas pour autant un manuel de théologie ou une nouvelle croyance dogmatique mais uniquement une histoire exposée avec humour et retenue. Mais le moins que l'on puisse dire est qu'elle invite à la réflexion. A conseiller donc à tous les métalleux un peu curieux.

Même si l'œuvre d'Anatole France devrait être dans le domaine public, le livre n'est pas évident à trouver. Je ne l'ai trouvé ni dans Gallica ni dans les catalogues courants de livres de poche. Pour les plus fortunés, il existe dans la Pléiade sinon il faut trouver une édition d'époque dans les brocantes, chez les bouquinistes ou sur internet. Ces éditions ne sont en général pas chères mais il faut les trouver et aimer les vieux bouquins.

Tryphoninus