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La Vie Meurtière

La Vie Meurtrière, Felix Vallotton, 1908

Romans, Nouvelles & Théâtre

Félix Vallotton
1908
205 pages

C'est un manuscrit trouvé auprès du corps de Jacques Verdier. Ecrit fiévreusement en une nuit, il raconte la vie de son auteur et les raisons qui l'acculent au suicide. Verdier s'est suicidé parce ce qu'il se croit maudit : toute sa vie n'est qu'une longue succession d'accidents aux conséquences funestes pour ses proches.

Cela commence dès l'école où Verdier fait involontairement peur à Vidal, un de ses camarades, juché sur le parapet d'un pont. Vidal vacille et tombe dans le vide. Plus tard, il y a Musso, qu'il empoisonne par accident. Marqué par ces évènements, Verdier poursuit des études médiocres, il quitte sa province pour Paris. Il vit en ermite pour ne plus tuer personne.

Mais il se découvre une passion pour l'art. Il quitte sa tanière et se met à fréquenter des artistes. Il devient même un critique d'art réputé quoiqu'impulsif et passioné. C'est alors qu'il s'éprend de la femme de son éditeur et entreprend de la conquérir, même malgré elle.

Mais la malédiction n'est pas éteinte et de nouveaux cadavres vont joncher sa route.

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Le nom de Felix Vallotton dira peut-être quelque chose aux inconditionnels d'Isidore Ducasse (Lautréamont). C'est en effet lui l'auteur d'un célèbre dessin représentant Lautréamont (tel qu'il se l'imagine parce que Vallotton a cinq ans à la mort de Lautréamont). Parce que le vrai métier de Vallotton, c'est la peinture. Alors que son style est basé sur la recherche de la couleur, son style littéraire n'est connaît qu'une : le noir.

D'abord l'histoire est noire : elle s'ouvre sur le suicide de Verdier, ce qui ne laisse planer aucun doute quant à son dénouement. La trame, à savoir la vie de Verdier, est une longue et froide descente aux enfers, partant de la médiocrité à l'horreur.

Le personnage principal aussi est noir. Verdier n'a rien pour se rendre attachant : égoïste, jaloux, emporté, mesquin, calculateur et la liste n'est pas finie. Malgré tout, Verdier a compris sa nocivité et fait tout pour se tenir loin de ses amis, qui au contraire de lui, sont souvent bons et désintéressés.

Pourtant, même s'il est profondément égoïste, Verdier n'est jamais responsable des drames que pourtant il provoque. C'est innocemment qu'il a mis le poison dans les mains de Musso, c'est en essayant de la rattraper qu'il pousse Jeanne contre le poêle.

Donc, la « Vie Meurtrière » est une œuvre sombre et sordide en total décalage avec les représentations traditionnelles de la Belle Epoque. Le livre a été publié en 1927, deux ans après la mort de l'auteur mais il a été écrit entre 1907 et 1908. Il vient d'être réédité chez Libretto.

Tryphoninus