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Le Diable, autobiographie autorisée et illustrée

Le Diable, autobiographie autorisée et illustrée, 1996

Romans, Nouvelles & Théâtre

Satan
1996
170 pages

Voilà un bien étrange livre : la biographie du diable par lui-même. Déjà le livre en soi n'est pas banal : un peu plus grand qu'un livre de poche mais avec une couverture rigide recouverte d'une espèce de velours. Quand on l'ouvre, on est frappé par le nombre d'illustrations, environ 90 dont 70 en couleurs, le tout sur papier glacé.

Le livre est écrit à la première personne, c'est le Diable qui parle. Il estime à raison qu'il est un sujet digne d'intérêt. Pour reprendre Goethe, un être qui s'attire la haine universelle doit bien être quelqu'un. Et c'est bien l'optique du livre : présenter l'influence du démon sur les arts graphiques et sur la littérature. En fait, chacune des interventions du Démon sert à introduire des extraits d'œuvres célèbres ou des illustrations (peintures, photographies, sculptures ou mêmes images populaires).

Mais ici, il n'est pas question de plan ou de table des matières : le diable passe allègrement de sa Chute à l'Enfer, de ses relations ambiguës avec l'homme à son opposition à Jésus Christ. Tout y passe : le péché originel, l'enfer, les sept péchés capitaux, le Diabolus in Musica. Comme on pourrait s'en douter, le Diable a une vision des choses bien différente de celles qu'on peut entendre tous les dimanches matin dans votre église préférée.

Pour la littérature, on retrouve, entre autres, Anatole France (La Révolte des Anges), John Milton, Goethe, Mark Twain, Edgar Poe, William Thackeray, Heinrich Heine, Stevenson, William Blake, Coleridge, Charles Baudelaire, Vladimir Nabokov, Mikhail Boulgakov, Adalbert von Chamisso ou Ambrose Bierce. Du coté de l'ennemi, on retrouve Thomas D'Aquin et évidemment la Bible. Cela peut aller d'une simple citation à un extrait de plusieurs pages.

C'est donc une vision toute artistique, poétique même, du Diable qui s'offre à nous, à des années-lumière de toute conception religieuse. Le Diable, puisqu'il faut bien le reconnaître comme auteur, s'attache à sa représentation dans l'imaginaire populaire.

Puisqu'on parle de l'auteur, il est difficile, même pour un Chrétien, d'admettre que le Diable existe et ait pu écrire un livre. Pourtant, le livre ne porte pas d'autre nom d'auteur ; il y a certes des noms pour le choix des textes, pour la traduction, pour la maquette mais en petit caractères, tout à la fin. Donc, il vaut mieux en laisser la paternité au Malin, c'est plus sympa.

Le livre est d'abord paru en anglais (The Devil's Mischief) aux Editions Marquand. C'est ce qui explique le nombre d'auteurs anglo-saxons repris. Il a ensuite été traduit en français aux Editions Abbeville. Il semble très difficile à trouver en français et apparemment à des prix élevés. La version anglaise semble un peu plus accessible.

Tryphoninus