Dossiers
"Heavy Metal dans la vallée " est le nom d'un reportage diffusé par ARTE en février 2006 ; son sujet était de montrer le travail du fameux label Nuclear Blast et son implantation en milieu rural en Bavière. Bien sur, son boss Markus Staiger sert de fil conducteur.
Première bonne surprise, le reportage n'est pas là pour démonter le métal. Cette grâce s'explique probablement par l'origine à 50% allemande de cette chaîne, et aussi son caractère curieux et ouvert.
Pour le reste, l'ensemble est un peu "cul-cul", il faut bien le dire : on retombe presque dans la niaiserie de "Alice au pays du métal" diffusé il y a quelques années... la vie de Markus est complaisamment passée au crible, de son enfance punk-rebelle, à ses séances de kinésithérapeute qui évacuer son stress, en passant par son célibat forcé par son travail ! Le monsieur voyage aussi beaucoup pour le boulot. On voit aussi certains de ces collaborateurs la trentaine bien tassée, braves metal-heads tondant leur pelouse ou déconnant comme des gamins dans un bar. Markus reste inflexiblement sérieux, lui : il défend avant tout l'image de sa boite.
Coté musique, pas grand chose : on entend surtout des extraits de groupes qui ne choquent pas le grand public : on voit des lives avec du head banging ou de courts extraits de clips. La plupart des néophytes interviewés trouvent cela "malsain", bien sur, mais ils sont bien contents d'être embauchés par Nuclear Blast. Les locaux sont d'ailleurs impressionnants, immenses et neufs. un métalleux fétichiste commande d'ailleurs des Eddies et autres kitcheries à la pelle au moment de leur visite... Les pré-écoutes de nouveautés auxquelles la presse est conviée se situent en fait dans un bar ouvert au public ! Les vieux n'aiment pas trop cette musique, mais comprennent les enjeux pour Nuclear Blast; la musique métal est une industrie comme une autre, ici.
Puis vient immanquablement le moment ou l'on parle des "satanistes", avec Dimmu Borgir (pfff) en fond sonore et visuel. Le staff explique qu'il n'est pas sataniste, que c'est une imagerie fun pour choquer. La pochette de "Lucifer Incestus" de Belphegor, pourtant ultra-blasphématoire, est défendue pour son coté esthétique. Un prêtre vient même visiter les locaux et repart soulagé !
Au final, " Heavy Metal dans la vallée " est un documentaire très kitsch mais pas moralisateur : une objectivité qui est rare sur le sujet !