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Acedia Mundi : Selfhatred.Addiction

Musikô_Eye, 2020

Black Metal, France

EP Tape

Concentré viscéral de haine malsaine et de stupre sordide , "Speculum Humanae Salvationis" a laissé des traces dans nos cerveaux malades, faisant de Acedia Mundi un nom à garder précieusement dans un coin de la mémoire en attendant la suite des hostilités... Qui a tardé à venir. Trois ans, c'est long et un simple EP quatre titres (dont deux reprises) pour moins de 20 minutes au jus, parait bien maigre au regard des promesses éjaculées par ce premier méfait.

Il faut dire que depuis 2017, les Parisiens, désireux d'écumer les salles pour répandre leur fiel, ont subi plusieurs changements de personnel (nouveau batteur et paire de guitaristes), lesquels ont eu pour conséquence de freiner l'élan né du bon accueil reçu par un galop d'essai dont le véritable successeur n'est donc pas programmé avant l'année prochaine. Pour nous faire patienter, le groupe revient nous écorcher les muqueuses avec cette courte ration baptisée "Selfhatred.Addiction" et glissée dans un CD ou dans une bonne vieille cassette (rose !), le tout édité par MusikÖ_Eyes.

Petite bestiole peut-être, l'objet n'est pour autant pas à négliger car il reflète à la fois ce line-up mouvant (alors qu'il ne fait plus partie de la formation, G. guitariste de Atavisma, apparaît néanmoins sur la reprise de Katharsis) et, plus intéressant, l'évolution stylistique qui travaille de l'intérieur le black metal tel qu'il est martyrisé par Acedia Mundi. Moins bestial, aussi bien musicalement que textuellement, que sur "Speculum Humanae Salvationis", c'est un art noir toutefois toujours aussi ravagé quoique plus vicieux dans sa brutalité, que vomissent les deux nouveaux morceaux.

Déglingué, 'Nemo Me Impune Lacessit (Il Will Kill You') ne file jamais droit, scalpel rongé par la rouille fouillant les profondeurs d'une psychologie meurtrie en une déambulation chaotique dans les couloirs d'un asile. Quant à 'Dic(k)hter', il dévoile des musiciens qui ne vont pas mieux, tranche de vît dans les entrailles de laquelle copulent fiévreusement rythme véloce et  perforation quasi rock'n'roll sous la forme d'une saillie dérangée aux confins de la folie. Comme précisé plus haut, deux covers poinçonnent le menu. Davantage que le '666 (Hohelied Der Wiedererweckung') de Katharsis, furieuse au demeurant et dévorée par la démence propre à Acedia Mundi, celle des Stooges (?), 'I Wanna Be Your Dog', dont il coule le garage rock dans le moule d'un black metal primitif, qui retient l'attention.

Plus qu'une banale brochette de titres en guise de hors d'œuvre en attendant le deuxième album, "Selfhatred.Addiction" est une photographie d'Acedia Mundi trois ans après "Speculum Humanae Salvationis", lequel, tout en conservant sa marque de fabrique, travaille son identité, moins brutale sans doute, plus insidieuse certainement mais pas moins nocive.

Childeric Thor - 7.5/10