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Achale : The Guardian Spirit

ACHALE - The Guardian Spirit

Auto production, 2011

Black Metal, Portugal

Tape

Si comme beaucoup d'autres, tels que IRAE, BLACK HOWLING ou BLACK CILICE, il incarne le dynamisme de cette chapelle impie lusitanienne que l'on ne cesse de découvrir, surtout Achale rassemble toutes les raisons pour lesquelles cette scène nous est si attachante, l'esprit Black Metal chevillé au corps, autant dans la forme que dans le fond.

Dans la forme tout d'abord, projet d'un seul homme, un certain Pagan, Achale ne livre jusqu'à présent sa (maigre) semence que par le biais de modestes productions, les sacro-saints splits et autres démos, ne connaissant forcément que le vinyle et la bonne vieille cassette pour publier tout cela à tirage très limité par l'entremise de labels tout aussi modestes mais passionnés à l'image de Skull Productions ou du regretté Titan Woods.

Dans le fond ensuite, le Portugais exalte la noirceur rocailleuse d'un art noir dont la dimension païenne se conjugue à un enrobage grésillant, croûte sonore polluée qui en restitue toute la force et la beauté obscures. Plutôt qu'un satanisme bas du plafond, Achale préfère trouver son combustible dans la terre de son pays. Les paysages, les mythes et l'esprit d'une nature sinistre nourrissent cette inspiration, comme l'illustre par exemple The Gardian Spirit , démo séminale qu'encadrent \"A Storm That Calls For Battle\" et \"Blazing Of A New Age\", deux plaintes aux allures d'incantations chamaniques.

Capturés durant l'été 2011, ces quatre titres sont le fruit de l'alliance éphémère entre Pagan et Nox, le second, par ailleurs membre d'une myriade de groupuscules aussi cultes que précieux (FOREST GRAVE, FOUDRE NOIRE...), limitant son implication à la batterie et aux textes écrits à quatre mains. On y découvre donc un Black Metal cru et primitif, qui privilégie le mid-tempo cryptique à la saillie rapide et bordélique. Emporté par un rythme obsédant, presque hypnotique, \"The Gardian Spirit\" est irrigué par un chant caverneux, crépusculaire que bordent des guitares qui raclent les chairs, creusant dans la peau des profonds sillons d'où s'échappe un suint Evil. \"In Triumph\" vient du même tonneau, avec ces riffs dont le caractère volontairement répétitif confine à une forme de transe ténébreuse bien que finalement des plus mélodiques.

Avec ce premier signe de mort, Achale prouve qui a le sens des atmosphères sombrement païennes, plongée nocturne dans une géographie séculaire où survivent des esprits depuis la nuit des temps.

Childeric Thor - 7.5/10