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Art 238 : Atavism

ART 238 - Atavism

Auto-production, 2014

Indus Death Metal, France

Digital

Petite chose de 22 minutes à peine peut-être, Atavism n'est pourtant pas à négliger. Déjà parce que sa courte durée lui suffit à en mettre plein la gueule, méfait dont la violence organique se conjugue à une intensité écrasante. Surtout car ce EP démontre encore une fois que Art 238 ne sera jamais vraiment un groupe comme les autres détenteur en cela d'une (grosse) patte qui n'appartient qu'à lui, d'un style aussi bouillonnant qu'indescriptible.

Death, grind et indus forment la Sainte Trinité d'un art dont la froide brutalité ne l'exonère ni d'une certaine virtuosité technique et encore moins d'une espèce de beauté qui jaillit des passages les plus atmosphériques que tissent les claviers de Damien Luce. Growls d'outre-tombe, rythmiques syncopées, perforations saccadées copulent sauvagement pour donner naissance à une sorte de machine monstrueuse aux pistons et tubulures trempés dans une semence haineuse. Leur longueur permet à chacun de ces trois titres de multiplier les breaks, les cassures et les ambiances, enchevêtrement de plaques massives et implacables.

Bien qu'aéré par d'envoûtantes nappes stratosphériques qui ne sont pas sans rappeler le STRAPPING YOUND LAD de Devin Townsend (\"Mephetic Manifesto\"), Atavism maintient tout du long une furie aussi bestiale que désincarnée, laquelle culmine sans doute lors de \"Sons Of The Atom\" d'une densité apocalyptique et réussissant l'exploit de ne pas exploser en route malgré la lave en fusion qui brûle dans ses entrailles.

Même si on n'est pas certain d'avoir tout compris, la maîtrise du groupe n'en demeure pas moins totale et hallucinante, digne des plus grands, sans l'ombre d'un doute. Du coup, cette vingtaine de minutes gorgée d'un mal primaire, parait en durer (presque) le double tant les Français empilent les strates successives, comblent ce gouffre jusqu'à la gueule sans jamais débander. Même les fragments les plus aériens palpitent d'une sève mécanique qui leur confère une noirceur tentaculaire. On sort épuisés de ce matraquage mais néanmoins heureux.

Childeric Thor - 7/10