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Bawdy Festival : Back in da Wood

BAWDY FESTIVAL - Back in da Wood

Autoproduction, 2005

Hardcore clownesque, France

Full-lenght

Imaginez que les gus d'ULTRA VOMIT aient un enfant avec les responsables des parties symphoniques de DIMMU BORGIR. Comme ils sont tous les deux du même sexe (si je ne me trompe pas, il n'y a pas une seule nana dans les deux groupes) et qu'ils ne veulent pas laisser tomber les concerts, ils confient l'enfant à une mère porteuse. Hélas, celle-ci passe sa grossesse à se défoncer à la colle et finit par accoucher dans un cirque, au terme d'un périple glauque et étrange. L'enfant en question, ce sera Bawdy Festival, sorte de groupe hardcore et symphonique (eh oui, cela existe, la preuve) qui nous gratifie d'un EP complètement déjanté.
Sorti en 2005, Back in da Wood est la première sortie du groupe ; c'est aussi la dernière si l'on exclut l'album live (qui reprend en grande partie des titres déjà présents ici) sorti en 2009.

Niveau musique, c'est d'abord du hardcore assez simple et bien fait. Le combo guitare/batterie a le mérite de la simplicité et sert surtout à souligner les parties symphoniques. Dès le début de quasiment chaque morceau, on a des airs de claviers qui valent leur pesant de cacahuètes. Grandiloquents, partant dans tous les sens sans devenir désordonnés pour autant, ils donnent tout de suite le ton : nous sommes dans un chapiteau et le groupe est fait de... clowns. Bawdy Festival appelle son propre genre du « clowncore », sorte de mix sans queue ni tête entre les histoires de cirques de l'enfer et des airs propices aux pogos.
On lorgne vers le grindcore avec des morceaux cours et bourrins, comme \"Batte dans le cul\" (le titre dit tout) porté par un air de fête et de cotillons, ou le mouvementé \"No Titled\" qui fait moins d'une minute. Les titres \"Back in da Wood\" et \"D.O.A.K.\" reposent sur une structure bien faite et portée tant par les airs symphoniques (c'est plus que de simples nappes de clavier !) que par un rythme entraînant.
Si le côté clown est particulièrement agréable de par son originalité et son espèce de délire permanent, c'est avec le côté core que des aspects plus déplaisants apparaissent. En effet, le chanteur a une voix suraigüe dont l'essentiel du répertoire semble tenir sur une note, et cela devient vite gavant lorsque l'on réécoute la galette plusieurs fois. Autant les parties sympho se suivent sans jamais se ressembler assez pour lasser, autant, niveau chant, c'est tout le contraire. Le pire étant le morceau \"Boogalion Mafia\" qui, après une intro particulièrement jouissive (une sorte de déclamation clowno-menaçante) et en dépit d'une compo sans fioritures, bascule dans le rap. A partir de là, on a droit à tous les clichés « caillera du metal » : lyrics vulgaires et pas drôles, verlan, assonances bas de gamme, etc. Encore, cela aurait pu être amusant si le côté égotiste du rap était tourné en dérision. Mais non. Bawdy Festival semble s'être fait un délire sur l'idée d'une mafia Bouglione (écrit Boogalion pour ne pas avoir de problèmes de copyright ?), ce qui donne une énième version de cet unique morceau \"rappeux\" plat et vulgaire qu'on appelle généralement ego trip et que les casquetteux semblent apprécier.

Ceci n'empêche pas l'EP de valoir qu'on y jette une oreille, ne serait-ce que pour la musique, ou pour se taper des délires entre potes lorsqu'on a envie d'une galette moins bordélique que les premiers GRONIBARD. Vous cherchez un groupe avec des gens maquillés, mais plus proche d'ALICE COOPER que des émos ? Bawdy Festival vous tend les bras, et si vous oubliez les lyrics de \"Boogalion Mafia\" (quoique, il y a un vers que j'aime bien : « on fait des barbeucs avec John Wayne Gacy »), vous allez passer un quart d'heure particulièrement marrant.

Geodaxia - 7/10