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Black Cilice : Tomb Emanations

Iron Bonehead Productions, 2021

Raw Black Metal, Portugal

EP 7''

Si l'époque où le black metal lusitanien (autour de Inthyflesh, Mons Veneris, Irae...) et espagnol (avec Ostots, Sentimen Beltza...), soutenus par de petits labels tels que Altare Productions, Black Gangrene, ou Titan Woods, brûlait ardemment dans nos caves à miel parait désormais quelque révolue, quand bien même le premier des deux hisse encore de ténébreuses couleurs noires, on peut heureusement toujours compter sur Black Cilice pour honorer cette chapelle impie. Toujours culte, toujours énigmatique. Et surtout toujours fidèle à une expression dont il ne se départira jamais (personne ne le lui demande), le son dégueulasse, le tempo aussi bordélique que fiévreux, les instruments rongés par la rouille, le chant de gargouille évidemment inaudible.

Si à ses débuts, la mystérieuse créature tapie derrière ce nom, crachait sa semence à un rythme frénétique, multipliant démos et autres splits (pas loin d'une vingtaine en l'espace de quatre ans), son foutre s'est raréfié depuis son deuxième véritable méfait longue durée, Summoning The Night (2013), expliquant aussi pourquoi dès lors, chacune de ses nouvelles manifestions est guettée comme un Graal méphitique. Mais survenant deux ans après Transfixion Of Spirits, Tomb Emanations n'en est pas le successeur, petit 45 tours que remplit une doublette pour treize minutes de sonorités hurlantes et déglinguées.

(Trop) maigre ration peut-être, ces deux titres suffisent pourtant à notre bonheur, concentré de Black Cilice pur jus. Ses familiers ne seront ni dépaysés ni déçus. Edité par l'indispensable Iron Bonehead Productions, l'objet présente en face A 'Returning From Dimensions Below' qui bien sûr ne file jamais droit, martelant une cadence enragée que brise à mi chemin une cassure aussi sinistre que plombée. Le chant (?) hurle des cris aux allures de borborygmes stridents, la guitare se fracasse en une bouillie corrosive et la batterie est secouée par un pouls hystérique. C'est lugubre et abominable mais confine comme toujours à une forme de transe aussi infâme qu'hypnotique. Face B, 'Vigil Of Ruins' paraît tout d'abord épouse une trame plus lancinante, plus vicieuse, impression de courte durée puisque que Black Cilice repart ensuite comme en 40, bataillant dans un charnier fumant, éjaculation furieuse au goût de ferraille. Et encore une fois, on ne comprend rien à ce magma cryptique vomi du fin fond d'un trou noir duquel percent toutefois quelques riffs timidement mélodieux et des aplats presque accrocheurs.

Deux pistes seulement donc mais du très grand Black Cilice, tel qu'en lui-même, le fond, macabre et cosmique, la forme, polluée et spectrale.

Childeric Thor - 8/10