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Chaos Dei : Feuer

CHAOS DEI - Feuer

Auto-production, 2015

Black Metal, France

MCD

Né des cendres de Hyadningar, horde noire trop tôt disparue et dont on retrouve ici deux des anciens membres, Turannos (batterie et synthés) et Eurynome (tout le reste), Chaos Dei a mis bas un premier méfait remarqué il y a trois ans, Arising From Chaos, rumination qui tranchait par sa froide et sourde agressivité avec les deux opus gravés par la défunte entité, plus épiques et funèbres.

L'hydre à deux têtes, rejointe pour l'occasion par un second chanteur en guise d'invité, nous offre aujourd'hui Feuer, auquel quelques grognons ne manqueront sans doute pas de reprocher sa (trop) courte durée, 26 minutes à tout casser ! Pourtant, certes EP sur le papier, cette hostie possède l'intensité obscure d'un véritable album appréhendé comme un tout indivisible. De fait, loin du simple agrégat de compos à la qualité inégale mises bout à bout, comme cela peut être le cas ce type d'offrande, la chose possède clairement sa raison propre, méritant plus qu'une rapide pénétration. N'oublions d'ailleurs pas que nombre de grands disques ne dépassent même pas la demi heure, à l'image du premier Bathory par exemple.

Cherchant à capter l'esprit qui guidait justement les Grands Anciens scandinaves, ceux du début des années 90, Chaos Dei trouve dans ce format resserré le cadre le lui permettant. Pas de gras, juste les os à ronger. De la prise de son décharnée à cet apparat primitif, tout a été mis en oeuvre pour embrasser les glaciales ténèbres de jadis. Mieux, le  groupe trouve dans ce concept le combustible capable de propulser son black metal vers des sommets à peine effleurés par Arising From Chaos

Deux sentinelles instrumentales bordent  le menu qui compte cinq pistes. Feuer écarte ainsi les cuisses avec Followers O Chaos, lente plainte que vrillent des riffs vicieux lesquels exsudent une semence licencieuse, que soulignent les coups de boutoir d'une batterie aux accents martiaux. De l'autre côté lui répond Real Corners Of The Flesh, reptation longue de plus de six minutes à travers des paysages désolés d'une absolue décrépitude et dont le burin est cette guitare maladive raclant les veines pour libérer le suint d'une négativité superbe. Avec au bout, l'orgasme, la jouissance funèbre. Entre les deux, s'enfilent trois méfaits d'une agressivité viscérale dont la qualité trahit toutefois une écriture loin d'être bâclée. Au contraire, verges gonflées d'une sève evil, Exilium Cordis, Überlebensinistinkt et Enthroned In Blood, bien que propulsés par une énergie spontanée sont clairement l'oeuvre de musiciens aussi talentueux qu'inspirés.

Alors EP de moins demi heure peut-être, Feuer n'a cependant pas besoin d'en cracher davantage pour surpasser un Arising From Chaos pourtant déjà prometteur. 

Childeric Thor - 8/10