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Crevure : Crevure

Psalmodist Records, 2024

Blackened Grindcore, France

Album Tape

Déjà, il a ce nom, Crevure, qui exhale des miasmes aussi viles que pourrissantes. Sans même en avoir défloré la moindre note, on pressent que ça va nous faire saigner les muqueuses en mode préhistorique et sans vaseline. Vît menaçant, la guillotine qui se dresse au centre de la pochette, ne dit pas autre chose, promesse d’une exécution en règle, glaciale et sinistre.

La bestiole se présente comme le premier album de ce one-man band éjaculé de la froide terre de Lorraine. Pourtant, il  dure moins de 9 minutes au jus ! Ce qui lui suffit néanmoins pour régurgiter pas moins de huit crachats. Décrit ainsi, cela pourrait du grind. Il y en a, mais pas que. En vérité, Crevure tente l’accouplement à priori contre nature entre black metal et grindcore. L’art noir a déjà mélé sa semence impie à bien d’autres genres, parfois très éloignés de son ADN maléfique, alors pourquoi pas celui-là ? D’autant plus que black et grind partagent des mêmes racines punk, confer les Beherit ou le Bathory séminal.

En toute logique, c’est du brutal, du nucléaire, qui crache la purée avec une furieuse frénésie. Introduit par un extrait de discours aux relents autoritaires, ‘Incitation à la haine’, qui lance les hostilités, sonne comme une déclaration de guerre. Une urgence palpable poisse le tout avec une négativité radicale. C’est du barbare donc mais qui donne pourtant envie de taper du pied, de se briser les cervicales en suçant des bières dans quelque cave infâme, grâce à ce stupre thrash qui irrigue l’ensemble avec une énergie aussi remuante que teigneuse.

Cette influence ne surprend pas quand on sait que Crevure est le nouveau jouet de Thierry "Nuclear Thrash" Gaichal dont le principal port d’attache, Afflictis Lentae, carbure lui-même à ce foutre aussi nocif que mordant. En toute logique, l’écoute file très vite, sans qu’on ne comprenne grand-chose à des saillies qui toutes se confondent en un magma hurlant au goût de rouille qui néanmoins sulfate aux quatre vents et suinte une bile malsaine et totalitaire.

La suite est annoncée par son géniteur comme différente. Cela doit-il pour autant nous rassurer ? On l’attend en tous cas avec impatience, la bouche ouverte pour en avaler le brouet toxique.

Childeric Thor - 8/10