Psalmodist Records, 2024
Blackened Grindcore, France
Album Tape
Semblant souffrir de diarrhée créatrice, on n’arrête plus Thierry Gaichal qui depuis qu’il a mis bas Crevure, crache sa semence haineuse avec la frénésie d’un gamin qui vient de perdre enfin son pucelage. Ce n’est ainsi pas moins de deux glaviots et autant de miettes (EP, singles) que le lascar a dégueulés en une année à peine ! D’aucuns argueront bien sûr qu’avec des compos dont les plus longues ne franchissent même pas la barre des deux minutes au jus, il n’est pas difficile de pondre des rondelles comme d’autres vont aux chiottes. Certes.
Mais enfin reconnaissons que Crevure dresse avec une belliqueuse insolence des qualités inversement proportionnelles à la courte durée de ses blitzkriegs, accouplant black metal radical et grindcore nucléaire avec un sens de l’accroche froide et malsaine qui fait saigner les muqueuses. Les plaies creusées par le premier méfait éponyme encore purulentes, nous prenons déjà en pleine gueule son successeur. "From Womb To Suicide" est à peine plus long (9 minutes et vingt-huit secondes, c’est précis) mais les dégâts qu’il cause sont identiques, coloscopie totalitaire dont on ne sort pas indemnes.
Sur la page Bandcamp du projet, les sept pistes de l’album (?) sont réunies en une seule. Le détail n’est pas anodin tant son contenu semble en effet ne former qu’une seule et unique masse hurlante, panse infâme aux allures de bouillie mortifère. Ca gueule, ça grince, ça saigne et à l’arrivée, on n’est pas tellement sûr d’avoir tout compris, témoin ce ‘Vous aurez ma haine’ qui claque comme une profession de foi. Pourtant, quelques secondes ou une minute suffisent au sieur Gaichal, ici pour serrer le frein à main et épandre un stupre tout en atmosphère morbide (‘Pandora’), là pour imprimer une cadence furieuse qui donne de galoper en défouraillant aux quatre vents (‘Apocalypse’).
S'il se passe de vains discours et de commentaires recherchés, le fait est que, joignant le fond haineux à la forme âpre et tranchante, "From Womb To Suicide" a quelque chose d'un cri de guerre, manifeste rageur poissé d’une mélancolie souterraine qui l’élève bien au-dessus du simple crachat brutal.