La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Drawn And Quartered : The One Who Lurks

Krucyator Productions, 2018

Death Metal, USA

Album CD

Alors qu'il bastonne depuis vingt-cinq ans, Drawn And Quatered ne bénéficie pas de la renommée que son aura culte devrait lui assurer. Pour quelles raisons, les Américains n'ont rencontré autant de succès que Morbid Angel, Incantation ou Immolation, trois bouchers avec lesquels on aime le comparer ? Ses albums comptent pourtant parmi les plus redoutables et malfaisants offerts par la chapelle death US. Sans doute ceux-ci sont-ils arrivés trop tard, longtemps après les classiques du genre que le triumvirat pré cité a forgé entre la fin des années 80 et le milieu de la décennie suivante.

Mais le groupe de Seattle est toujours là, autour de l'indéboulonnable duo composé par Herb Burke (chant et basse) et le guitariste Kelley Kuciemba. Longtemps derrière les fûts, Dario Derna, plus connu sous le sobriquet de Nominas avec son Krohm à lui tout seul et dans un style franchement différent, a cédé sa place à Simon Dorfman après Feeding Hell's Furnace. Ce qui commençait à pointer sur ce sixième méfait, à savoir une propension de plus en plus prégnante à serrer le frein à main pour aller fouailler les abîmes ensanglantés, se confirme sur son successeur, attendu depuis maintenant six longues années. Drawn And Quatered fait cette fois-ci plus franchir le Rubicon, quittant les rivages d'un death metal rude et brutal pour accoster des rivages plus viciés et oppressants encore.

De fait, si son prédécesseur pouvait légitimement alors être considéré comme l'œuvre la plus sombre de ses créateurs, The One Who Lurks lui ravit ce titre, maelström bestial qui infuse dans les profondeurs de l'indicible. Moins barbare que jadis, ce qui ne manquera peut-être de faire râler quelques Ayatollahs,  le groupe n'a pour autant perdu ni de sa superbe ni de sa nocivité tellurique. Tentaculaire, son metal de la mort s'enfonce dans des cavités obscures dont il racle les parois avec sa verge épaisse, gonflée d'une semence mortifère. L'habileté technique des trois musiciens est mise au service de compositions extrêmement denses, trapues et vrillées de l'intérieur par une intensité souterraine que la prise de son de Loic F. (Autokrator et label manager de Krucyator Productions) rend plus caverneuse encore. Ce goût pour les perforations abyssales ne bâillonnent cependant pas une vélocité dont les Américains restent friands, témoin un Horned Shadows Rise néanmoins étonnamment mélodique.

Il en découle alors un opus massif où la férocité malsaine se conjugue à des atmosphères cryptiques et rampantes. S'il ne devrait pas changer grand chose pour ses géniteurs, éternels seconds couteaux, The One Who Lurks n'en est pas moins une excellente pioche en matière de death metal, peut-être même un des meilleurs albums du genre dont l'année 2018 se délestera. Il confirme l'évolution entamée par Feeding Hell's Furnace dont il amplifie la noirceur pesante.

Childeric Thor - 8.5/10