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Feral : Doomwalk

Basement Apes Industries, 2016

Crust / Hardcore, France

Album CD

Ca hurle, ça saigne, ça dégueule, ça tabasse mais une telle décharge de brutalité fait du bien. Véritable viol auditif, on sort de la pénétration de ce Doomwalk supersonique, lessivés, épuisés et pourtant déjà prêts à tendre l'autre joue, à se mettre à genou pour la béquée, la bouche grande ouverte pour avaler ce foutre au goût épais de sludge épileptique et de hardcore fielleux.

Premier uppercut, masterisé par le maître Zampiello, de ces Montpelliérains qui sont loin d'être des novices en matière de violence épidermique puisque que leur arbre généalogique mentionne des énervés du son tels que Burne, Morse, Morgue et Stuntman, cet album racle des boyaux certes déjà bien rongés par d'autres avant lui mais il a pour lui, outre l'évidente maîtrise techniques de ses géniteurs, une sauvagerie exaltée, une intensité rude qui irritent les muqueuses et impriment de profondes lacérations dans la peau. Vous l'aurez donc compris, Feral ne rigole pas, en dépit d'une apparente décontraction, celles de musiciens qui possèdent l'assurance tranquille de lascars au savoir-faire chevronné.

Dressant une turgescence implacable, ils crachent dix cartouches en moins de trente de minutes avec la fureur d'un crust nourri au grind le plus féroce, mais savent éviter la monotonie d'une agression sans vaseline par une science déchaînée de la perforation douloureuse. De fait, le groupe alterne saillies véloces (Doomwalk) et coups de boutoir vicieux (Wishers And Woulders), souvent même à l'intérieur d'un même morceau. Low Life, Bloodset ou War Monument voient ainsi leur brutalité rapide comme un torrent en crue, freinée par des barrages vertigineux qui, loin d'en sucer l'intensité survoltée les rend au contraire plus meurtriers et abrasifs encore.

L'urgence et une tension digne d'un étau qui se resserre, imprègnent tout du long un menu qui file sur les chapeaux de roue, propulsé par le chant explosif d'un vocaliste qui régurgite ses tripes à chaque parole vomie. Et si au final, on n'est pas bien sûr d'avoir tout compris, l'impression de s'être pris une raclée sévère, une mémorable claque dans la gueule, s'impose, marquée dans nos chairs tuméfiées. Il est bien sûr encore trop tôt pour lui prédire un avenir triomphant mais gageons que Feral ne devrait pas tarder à se faire un nom au sein d'une scène pourtant aussi saturée qu'une rame de métro parisienne aux heures de pointe. Petit par la taille peut-être, Doomwalk n'en fait donc pas moins beaucoup de dégâts.

Childeric Thor - 7/10