Nihilistic Holocaust, 2020
Death Metal, Chili
Split Tape
Un mot pour commencer au sujet de Nihilistic Holocaust, à la fois label, distro et webzine qui transpire l'underground par tous les pores, ce qui en fait une bestiole précieuse. Qu'importe le genre, qu'il s'agisse de black, de death ou de doom, chacune de ses publications garantit une tranche old school au son bien roots. Pour sa nouvelle livraison, il a convié Silure et Feretro, le premier a vu la nuit en France, le second, au Chili. Si le split reste un exercice prisé dans les caveaux du metal extrême le plus obscur, le fruit de cette rencontre tient finalement davantage de l'alliance tant les deux protagonistes partagent une expression complémentaire sinon identique du death metal qu'ils labourent à l'ancienne aussi bien dans le fond que dans la forme.
Sept pistes remplissent cette cassette numérotée à l'artwork soigné. Silure ouvre les hostilités. Ce projet entre les mains du seul M-Kha, par ailleurs maître de cérémonie de Aodon dans un style black atmosphérique totalement différent, n'en est qu'à ses premiers balbutiements mais les habitués de Nihilistic Distro n'auront pas manqué d'y pécher le EP séminal "Route de troche". Pour eux, cette split tape n'aura qu'un intérêt limité en cela qu'elle ne fait que reproduire les trois titres de ce petit galop d'essai. Les autres peuvent plonger dans cette masse patibulaire, grouillante d'un feeling charbonneux et evil. En neuf minutes, Silure martèle un death metal rapide, brutal que lacèrent toutefois des ambiances sépulcrales ('Le saut de l'ange'). Mais ces arcanes ténébreuses sont visités par des réminiscences presque thrash comme le confirme la reprise aussi fétide que survoltée du 'Milk' de S.O.D., influence auquel participent autant le chant au goût de viscères du maître des lieux qu'un canevas meurtri que sabrent de multiples cassures ('Oxydent'). Entre black, death et thrash, Silure est une entité prometteuse.
S'il n'a toujours pas franchi l'étape du premier véritable album, Feretro ne peut pour autant pas être confondu avec une bande de puceaux car cela fait plus d'une dizaine d'année que le groupe rumine son death trempé dans un jus de zombies. Son origine géographique est la promesse d'un son bien caverneux comme un écho venu des profondeurs des abysses. Les quatre titres que les Chiliens nous offrent en pâture sont taillés dans une chair avariée, celle qui attire les mouches et exhale des relents de mort ('Primordial Ceremony'). Mais eux aussi goûtent au thrash old school comme l'illustrent les échevelés 'Demons Of Fire' et 'Keep On Vomiting Pain'.
Bref deux groupes pour une même vision d'un metal vissé dans la terre la plus evil des années 80, à la fois furieuse et fétide !