Autoproduction / Epiphora Productions, 2009
Post black metal animiste, France
Album CD
Folge Dem Wind , originaire de l'Essonne, livre après 10 ans d'existence son premier album Thus Echoes The Earth ; succédant ainsi à la démo Hail The Pagan Age datée de 2005, soit un pagan black metal encore fouillis. Force est de constater que Folge Dem Wind a parcouru du chemin.
Avant d'aller plus loin, il est nécessaire de parler du concept développé par le groupe. Orienté vers la nature et l'animisme, Folge Dem Wind utilise les éléments propres à ces univers pour créer une atmosphère bien à eux. Leurs concerts dégagent une aura incroyable, et leur musique remplit magistralement l'espace.
Or, sur cet album, le potentiel de Folge Dem Wind est sublimé. Grâce à un son bien meilleur et plus équilibré, par ailleurs plutôt original pour un groupe de black metal (l'ingé son étant habitué à du post rock) ; mais aussi grâce à une meilleure maîtrise musicale, au niveau des instruments comme de la composition. Le concept est plus poussé : Folge Dem Wind se rapproche de l'art complet qu'il vise (musique-visuel-concept) comme de l'équilibre qu'il recherche. Les sonorités païennes et les riffs bourrins sont quant à eux toujours présents.
Thus Echoes The Earth est articulé autour d'un grand thème, divisé en trois morceaux : l'introduction (« Erosion ») ; le développement (« Between Water And Earth ») et la conclusion (« Resonance »). L'œuvre dans son ensemble dégage une aura incroyable. Un mur de son tortueux et rampant, sinueux chemin vers un éclatant sommet de spiritualité. C'est cela qui est magnifique avec Folge Dem Wind , il parvient à créer un univers très complet et envoûtant à partir de mélodies sinueuses et de riffs brutaux. La cohésion des instruments et l'homogénéité de l'ensemble contribuent à rendre possible cet imposant édifice.
Massif inaccessible et nuageux par moments, litanie viscérale au ras du sol à d'autres, Folge Dem Wind sait allier cataclysme et sérénité.
Ceci dit, le groupe a tendance à vouloir mélanger trop de choses à la fois, ce qui n'est pas toujours probant. Par exemple, l'introduction « Erosion » est une lente progression calme et sourde tandis que le second morceau « Thus Echoes The Earth » est une succession de gros riffs bourrins. Ces quelques enchaînement peu cohérents cassent parfois un peu l'unité produite.
Afin d'illustrer ces propos, prenons quelques titres pour exemple.
L'éponyme, comme dit précédemment, est une entrée en matière très frontale. L'ancienne méthode Folge Dem Wind se fait sentir : trois ou quatre thèmes dont l'ordre varie, des breaks, un chant hurleur et éraillé, et paf. Le talent fait le reste.
« One Man's Last Death » est quant à lui un bon exemple du côté technique du groupe. Dissonances et vélocité sont au rendez-vous, avec une touche de solos de guitare mélodiques. Chants clairs et rauques sont alternés, montrant la palette étendue de Kilvaras Les musiciens expriment ici leur talent, laissant la spiritualité de côté le tant d'un titre. Mais ça prend quand même.
« Between Water And Earth » se veut quand à lui la synthèse de l'album, sa charnière. Le début reprend le thème d'introduction, mettant en marche un mur massif, alternant riffs pagan à la DRUDKH en plus brutal et mégalithes imposants à la HATE FOREST . Musical et inspiré, c'est un parfait exemple de l'identité du groupe, qui sait se démarquer de ses congénères (en dépit de l'influence évidente de groupes « progressifs » comme ENSLAVED ).
Seule déception de l'album, le titre « Blazing Celebration », quelque peu superficiel.
La production donne une place égale à chaque instrument, même la grosse caisse qui sonne tel un battement de cœur au milieu d'un forêt. Un son clair mais dense, qui contribue à remplir l'espace sonore.
L'artwork contient quant à lui de bonnes idées, mais celles-ci étant trop nombreuses, l'agencement est plutôt alambiqué, peu calibré. Il manque une certaine cohérence au fil des pages.
Il s'agit donc là d'un excellent album, révélant la personnalité forte d'un groupe qui a beaucoup de choses à offrir. Les musiciens ont une bonne maîtrise et brodant un labyrinthe tortueux autour de riffs bourrins ou plus posés. Les passages païens et mélodiques équilibrent la balance pour définir le son Folge Dem Wind .
On peut attendre du prochain album un aboutissement de leur concept, plus abouti et clairement défini (sans les quelques côtés superficiels et le trop plein d'idées).
A écouter comme à voir en live, les 50 minutes de musique étant décuplées sur scène.
Cette chronique a été réalisée en collaboration avec Déjection Avariée, chroniqueur sur Metal Federation, et est donc également disponible sur ce site.