Weird Truth Productions, 2013
Folk Doom Black Metal, France
CD
Tordons pour commencer l'image d'une première corde seulement à moitié convaincante, qui semble coller à la peau de l'offrande séminale et éponyme de Funeralium. A tort car le faux frère jumeau d'ATARAXIE y déployait déjà cet \"ultra sick Doom\" tentaculaire et maladif extrêmement personnel, son épicentre, éponyme également, ayant laissé par exemple de profondes scarifications dans la peau, plaies chargées d'un pus noirâtre que la pénétration de Deceived Idealism ne pourra que rouvrir.
Six années séparent cette excavation abyssale de ce nouvel opus, délai de toute façon à la (dé)mesure de cet art tellement pétrifié que parler de Doom à son endroit relève presque du non-sens, de l'absurde tant ses géniteurs, flagellants d'un culte indicible, prennent un masochisme plaisir à (re)pousser jusqu'au paroxysme une lenteur agonisante, renvoyant (presque) ATARAXIE à ses chères études. Affirmer que Deceived Idealism s'abîme encore plus profondément que son aîné dans les arcanes de la folie, tient de l'euphémisme, chacune de ses six compositions étant comme une marche supplémentaire en direction d'un gouffre sans fin. S'infliger d'une traite ce bloc compact de 89 minutes s'apparente à un chemin de croix, Golgotha infernal qui paraît ne jamais vouloir s'achever.
Funeralium va cette fois-ci jusqu'à au bout de sa folie là où son premier album – là résidait son seul défaut – était freiné dans sa descente aux enfers par une lèpre créatrice encore en gestation. Même si, indélébile, la signature de la paire Marquis/Berserk, reste reconnaissable entre mille, des gorges profondes au bord de la rupture à ce monolithisme absolu que brisent à intervalles irréguliers des accélérations jaillissant telle une brutale éjaculation (\"Don't Hope For Any Better Things Now\"), elle est désormais arrivée à maturation, aidée en cela par une armure sonore à la profondeur charbonneuse.
Deceived Idealism a quelque chose d'une plongée en apnée dans un abîme d'un noir d'encre qu'aucun rai de lumière ne réussit jamais à traverser ni même atteindre timidement. Balisé par deux pistes plus courtes, manière d'ouverture (\"Blood, Phlegm And Vomit\") et de respiration médiane (\"Hang Theses Bastards\"), dorsales cependant tout aussi étouffantes, le cœur de l'album épouse la forme de quatre monolithes cyclopéens, dérive mortifère dans un dédale de couloirs desquels sourdre une démence prolifératrice.
En six ans, Funeralium a progressé, son écriture se veut plus exigeante avec ce sens de la progression inexorable que l'on croise aussi chez ATARAXIE, perdant en aura morbide ce qu'il gagne en puissance funèbre. Malgré les liens évidents qui les unissent, il s'est surtout enfin émancipé de son aîné avec lequel il a trop souvent été comparé.