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Gallic Hammer : Echoes Of Ancestral Battles

Remparts Production / Orko Productions, 2024

Black Metal, Suisse

EP Tape

Si les one-man bands qui pullulent dans le black metal riment parfois avec approximation et exécution en toc, tel n’est évidemment pas le cas de Gallic Hammer, projet Suisse qui semble pourtant sorti de nulle part. A sa tête, un seul gaillard, le dénommé Katurix, musicien ubiquiste qui se charge ainsi de tous les instruments et du chant mais aussi de la prise de son garantie 100 % fait maison de Echoes Of Ancestral Battles dont le beau visuel a en revanche été confié à Macchabée Atworks qu’on ne présente plus. A l’heure où l’IA sans âme envahit déjà les pochettes d’album, qu’il est agréable de pouvoir contempler un vrai dessin qui lui en a une, justement, d’âme.

Ce détail n’est pas anodin car il dit beaucoup de la démarche de Gallic Hammer qu’on devine mu par l’esprit originel qui guidait l’art noir dans les années 90, tant dans la forme que dans le fond. La première est authentique, enrobée d’une âpreté minérale froide comme la roche en hiver, le second souffle un blizzard épique sur des paysages aux atmosphères rudes et pugnaces. On pense au Bathory époque Hammerheart / Twilight Of The Gods (la meilleure ?) ou à Immortal pour la voix de gargouille enrhumée et ces morsures mélodiques. Comme le titre de son acte de naissance le suggère, évoquant un temps lointain et révolu, l’ensemble nourrit une nostalgie certaine, sans pour autant être daté ni passéiste, grondant au contraire d’une puissance d’airain.

Certes simple EP, Echoes Of Ancestral Battles, outre le fait qu’il s’étale malgré tout sur près de 30 minutes, affiche néanmoins une richesse aussi foisonnante qu’insolente que le rend indispensable. Si le professionnalisme de l’unique de maître des lieux impressionne, l’opus tire avant tout sa force d’une écriture à la fois acérée et plurielle. Acérée en cela que ces cinq pièces (plus une intro) sculpte un black metal enivrant qui redouble de brutalité rampante, à l’image de ce ‘Winter Moon’ comme venu du fond des glaciales et nocturnes années 90. Plurielle car, s’appuyant sur une vaste palette instrumentale, des atours emphatiques à la Emperor et Dimmi Borgir (‘In The Depths Of Phurunargian’) cohabitent avec des périples aux accents vikings (‘Fall Of The Warrior King’) cependant que ‘Taïga’, pause chamanique au milieu de cette froide tempête tout en percussions et en claviers brumeux, brille d’un lustre à la fois folklorique et hypnotique.

Grâce à ce galop d’essai qui ne saurait susciter la moindre réserve, Gallic Hammer frappe d’emblée à la cour des grands, héraut d’un black metal éternel, épique et atmosphérique, polaire et vigoureux. Autant dire que la suite est attendue avec impatience ! 

Childeric Thor - 8.5/10