Sleeping Church Records, 2022
Sludge doom death, Finlande
Album CD
On se souvient avoir découvert Goatroach par l'entremise de sa première démo tape il y a quatre ans, petite bestiole sale qui macérait dans les boyaux infâmes d'un death doom suffocant et cendreux, agressif et vicieux. Et puis plus rien. On est donc tout content (façon de parler eu égard à la teneur nocive de leur musique) de voir enfin les Finlandais régurgiter leur premier album, qui plus est via Sleeping Church Records, une de nos officines préférées en matière de substances pesantes.
Pour ceux qui ne les connaitraient pas (personne n'est parfait), ni leur origine géographique ni le label français qui distribue ce méfait ne doivent vous tromper, les Scandinaves ne nouent de liens ni avec le dolorisme brumeux auquel le pays des milles lacs demeure identifié ni au pur doom des Carcolh, Barabbas et autre Nornes dont les hosties remplissent le catalogue de Sleeping Church. En vérité, Goatroach porte bien son nom, qui évoque quelque chose de méphitique et de méchant. Du lourd, du patibulaire. Cà pourrait presque être du black metal mais gravite quelque part entre sludge (c'est l'étiquette qui lui est collée sur la gueule qui le dit), le hardcore voire le death doom le plus corrosif. On n'est pas loin d'un Eyehategod, vous voyez le truc.
Toute trace de beauté ou de lumière est éconduite de ce Plagueborn aux allures de descente vertigineuse dans les entrailles grouillantes d'une mine de charbon au fond de laquelle bouillonne un stupre malfaisant. Passé une intro aux claviers d'une trompeuse emphase, l'album racle ensuite les chairs à vif et plonge dans un abîme de noirceur poisseuse pour ne plus jamais remonter à la surface. Tout le groupe est à l'unisson d'une malignité pachydermique : le chant vomit, les guitares grésillent ou forent une terre en décomposition... Le tout suinte par tous les pores, par toutes les fentes humides et obscures, un pus malsain qui s'inocule comme un venin pestilentiel.
Trapues pour la plupart, ces saillies teigneuses font trembler les murs ('An Echo Of Blood'), souvent punitives ('Alone In The Universe'), toujours viciées. Et lorsque survient le terminal 'Unworthy Of A Grave' et ses sept minutes étouffantes, Goatroach s'enfonce alors dans le death doom le plus abominable pour un voyage (forcément) sans retour dont on ne sort pas indemne, des cicatrices dans la peau, des escarres à l'âme.
Plagueborn est un bloc pétrifié, d'une cruauté crapoteuse, le genre d'album dont la défloration n'est pas tellement agréable mais qui pourtant vous hante et donne envie d'y replonger pour y remuer toute la lie qui l'encrasse...