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Hyrgal : Serpentine

Naturmacht Productions / Les Acteurs de l'Ombre Productions, 2017

Black Metal, France

Digipack / K7 / Vinyls 12"

Après une première édition chez Naturmacth Productions en 2017, Hyrgal fait à nouveau parler de lui avec la réédition cette année de son premier album, Serpentine, chez Les Acteurs de l’Ombre Productions. Et ce en digipack avec… les paroles !
C’est ce qu’il manquait sur le digipack originel de chez Naturmacht Productions. Même si le chant de Clément Flandrois est très intelligible, ça fait toujours plaisir de pouvoir lire et étudier la portée poétique de l’œuvre un peu comme pour Sur Les Falaises de Marbre de Glaciation.

Hyrgal c’est un groupe qui s’est formé en 2007 avec Clément Flandrois, l'ex-guitariste de Svart Crown. Ils n’avaient sortit qu'un split avec Kairn en 2008 avant de se séparer en 2010 pour se reformer 6ans après et évoluer petit à petit, avec déjà une grande maturité musicale bien présente sur Serpentine que nous allons étudier brièvement ici.

L'appel introduit l'album sur une ambiance rituelle. Avec un orgue lointain, une frappe accablée sur des tambours fatigués, des tintements de cloches, provoquant une entrée en matière sombre qui vient se finir sur le premier titre de l'opus : Mouroir.

Des blasts viennent nous accueillir. Un riff ni sombre, ni lumineux vient donner une ambiance morne, presque nostalgique à la Sapaudia sans pour autant tomber dans le dépressif. Le chant écorché arrive et vient nous frapper, non sans poésie, à l’aide d’un thème bien connu dans le black metal français. Déjà développé par Sale Freux ou Peste Noire, il s’agit du refus du monde moderne. Ici, bien que j’adore le dernier album de KPN, Hyrgal est plus proche du génie poétique en terme d’écriture de Dunkel de Sale Freux que de Famine.

L’album continue, sur quelques notes mêlant le majestueux et le gris, et on se rend compte après plusieurs écoutes que ce qui fait la force d’Hyrgal ce sont deux choses...

Premièrement, il y a le chant. Clément chante dans un français irréprochable comme on a pu le dire ci-dessus. Il est très intelligible mais surtout ses vocaux sont bourrés d'émotions. Au niveau de l’interprétation des paroles, axées sur la perte et la dégénérescence du monde moderne, on ressent parfaitement ce qui anime le monde rurale étranger à tout ça. A savoir la solitude, l’incompréhension, la colère. Pour peu que ces thèmes nous soient familiers, on se voit bien sur la vieille chaise de la pochette, à penser à tout ça.

Techniquement, le chant est donc écorché. Bien que seul la majeure partie du temps, il peut être doublé pour donner un impact fort aux paroles comme dans Till, rappelant Aorlhac dans l’impact. On peut aussi retrouver sur Représailles plus de diversité vocale avec des paroles hurlées, des chœurs afin d’offrir au morceau une dimension plus spirituelle et carrément entêtant !

Deuxièmement, il y a les lignes de guitare. Que peut-on attendre de la part de l’ex-guitariste de Svart Crown ? Techniquement, c’est nickel, propre. Maintenant, musicalement les compositions sont clairement portées par les riffs en plus du chant car ce sont eux qui vont porter les atmosphères. Ces atmosphères se veulent ni sombres, ni lumineuses, mais grises. C’est ce qu’on retrouve sur Mouroir notamment avec des riffs typiques du post-black ou encore sur Etrusca Disciplina, le dernier morceau de l’album. Les amateurs de violences et de sombre sont aussi servis dans cet opus avec des morceaux comme Till et Aux Diktats de l’Instinct où là même les blast sont plus poussés. Mais dans un plein orage, Hyrgal prend le temps de s’attarder sur les petites accalmies entre deux éclairs, et c’est ainsi qu’on retrouve quelques ambiances plus accablantes ou les quelques notes de guitares mélodiques par ci et par là, complexifiant les compositions et donnant ainsi au groupe maturité musicale très forte !

Le chant et la guitare, voici les points puissants de cet album donc. Cependant, il ne faut pas dénigrer le travail des autres instrumentistes qui effectuent très bien leur travail. La basse, bien qu’un peu en retrait, est audible et propose quelques belles lignes mélodiques en soutien aux guitares comme sur Till ou sur la fin d’Etrusca Disciplina. Et le batteur, quant à lui, sait bien blaster, et y apporter quelques teintes. Ainsi, les blasts de Mouroir sont plutôt atmosphériques alors que les blasts de Till, eux, sont plus violents. Bien sûr, il n’y a pas que du blast tout le long de l’album non plus. Certes on est en présence d’un beau bijou de black metal mais, quand il le faut, le martèlement se veut plus lourd pour les mêmes raisons que j’évoquais tout à l’heure avec ma métaphore de l’orage.

Pour conclure, Serpentine est un album composé par d’excellents musiciens qui ont su profiter de leurs expériences musicales passées pour proposer un album complexe, très personnel et qui saura prendre sa place parmi les albums à écouter lors de vos soirées campagnardes seuls face à vous-mêmes.

Vlad - 9/10