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Lelahell : Alif

Metal Age Productions, 2018

Death Metal, Algérie

Album CD

Passée la surprise sinon la curiosité de découvrir une horde de metal extrême algérien, il convient surtout de souligner que Lelahell compte parmi les meilleurs garçons-bouchers actuels, artisan possédé d’un death tempétueux aussi technique que surpuissant dont Al Insane… The (Re)Birth Of Abderrahmane fut le redoutable écrin. Quatre ans après ce premier méfait de bonne mémoire, la bête est (enfin) de retour.

Alors que son prédécesseur fut l’œuvre d’un trio, Alif recentre le projet autour du seul Redouane Aouameur, son fondateur qui, comme au début  du groupe, s’est chargé de tout, de l’exécution (chant, guitare et basse) à la prise de son, ne laissant les fût qu’au mercenaire Hannes Grossmann. Il ne pouvait trouver mieux que l’actuel batteur de Hate Eternal ou Tryptikon pour l’épauler et insuffler à ses compositions une brutalité plus infernale et apocalyptique encore. De fait, sans jamais débander durant les quarante minutes qu’il affiche au compteur, ce deuxième opus, comparé à son devancier pourtant déjà peu avare en effusion de sang, franchit une étape supplémentaire en terme de violence, une violence millimétrée que la virtuosité des deux protagonistes en action, loin de museler, propulse dans un gouffre bouillonnant d’une énergie cataclysmique.

Truffé de breaks caverneux, Alif nous emporte dans un implacable tourbillon et ce, dès ce Paramnesia qui fait fit des vains préliminaires pour labourer un champ de guerre à la vitesse d’un cheval au galop. Ne laissant pas à l’auditeur le temps de souffler, Ignis Fatuus déclenche ensuite une guerre nucléaire et nous pourrions poursuivre cette litanie jusqu'aux dernières mesures car à aucun moment, l’intensité ne descend d’un cran. Placé juste avant un Ribat Essalem que lèche comme le feu d’un bûcher une flambée guitaristique,  l’intermède instrumental, Thou Shalt Not Kill, est trop court pour stopper cette coulée qui creuse dans la terre un sillon sanglant.

Pour autant, avec intelligence, Redouane sait aérer son matériau, grâce aux lignes brillantes qu’il décoche avec une efficace parcimonie (Adam The First), lesquelles ne grèvent en rien la force incisive d’un album trapu et tendu comme une hampe prête à exploser. Long de plus de cinq minutes, le féroce Impunity  Of The Mutants, outre le fait qu'il achève l'écoute de la plus orgasmique des manières, illustre parfaitement la façon dont Lelahell hybride fureur et beauté, vigueur et technicité, pièce tumultueuse toute en progression.

Avec Alif, les Algériens continuent une ascension que rien ne semble pouvoir freiner.

Childeric Thor - 8/10