Krucyator Productions, 2016
Totalitarian Indus Black Metal, France
Album CD
Alors que son âme et fondateur semble l'avoir abandonné pour se consacrer à Autokrator dans une veine à la fois proche dans sa noirceur martiale et néanmoins différente dans son expression certes tout aussi organique mais plus désincarnée encore, il serait regrettable d'oublier N.k.v.d. dont les trois méfaits ne ressemblent définitivement à rien de connu, matrice terrifiante d'un black metal perforé par les pistons oppressants d'une musique industrielle autoritaire.
Cette somme, au nom éloquent, initiée par le label Krucyator Productions, offre l'occasion rêvée (?) de (re)découvrir Diktatura et Vlast, rassemblés sous la forme d'un digipak épuré et publiés respectivement en 2007 et 2011 par le très respectable Those Opposed Records où l'entité était certainement plus à sa place que chez Avantgarde qui éditera trois ans plus tard avec son manque de soutien habituel Hakmarjja, à ce jour, son dernier souffle de vie. Les cinq pistes du EP séminal ouvre cette marche militaire. Son visuel d'origine, où trônaient quatre des plus grands dictateurs du XXème siècle, annonçait d'emblée la couleur, noire forcément, véritable magma bouillonnant d'émanations de haine.
Guitares tentaculaires et percussions militaires s'accouplent, dressant au milieu d'un charnier encore fumant, un édifice aux arêtes tranchantes et à la surface froide comme une dalle de béton. Durant à peine plus de vingt minutes, qu'encadrent deux sentinelles instrumentales (Ch.R.I et Sloboda), prolifère un art agressif et extrêmement sévère dont le pouls mécanique lui confère des allures de transe hypnotique (Incipit SSSR). Saturé, l'espace crépite d'une négativité dictatoriale qu'alimentent des samples de discours vindicatifs (Die Blinde Wissenschaft). Vlast quant là lui, ne se distingue guère de Diktatura qui en constitue une forme de brouillon, si ce n'est de part sa prise de son plus compacte encore. Il est une masse assourdissante et indivisible d'où s'échappe un chant au goût prononcé de fiel, kaléidoscope fiévreux d'images de guerre, de rassemblements patriotiques et de leur cortège génocidaire.
Tendu comme une verge gonflée d'un stupre malsain, l'ensemble hurle d'un fracas totalitaire, remue les chairs, gronde au rythme de millions de pas qui défilent. En se replongeant dans ces deux essais, on mesure combien le black metal mortifère de N.k.v.d. n'a rien perdu de sa force vicieuse et hallucinée.