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Nornes : Threads

Sleeping Church Records, 2020

Doom Metal, France

EP CD

Nornes, c'est du doom, et du bon (forcément), du qui tête les mamelles lourdes et solennelles des Cathedral, Pallbearer ou des flagellants germaniques, celui qui érige des mausolées de douleur, qui s'abîme dans une inexorable tristesse dont il boit la substance comme un buvard funèbre. C'est Nornes, quatuor qui nous vient du Nord (de la France)  et dont les doomeux n'auront déjà pas manqué de sucer l'hostie séminale, ce "Vanity" d'excellente mémoire. Le label Sleeping Church Records a donc eu le nez creux en éditant aujourd'hui son successeur.

A l'instar de son aîné, "Thread"s épouse la forme d'un EP trois titres auxquels s'additionne cette fois-ci un court instrumental. Si elle ne pèse pas lourd (en durée, s'entend), la rondelle se contente pourtant de ces vingt-sept minutes au jus pour à la fois distribuer un doom comme on l'affectionne, limpide et sentencieux et, ce faisant, confirmer tout le bien qu'on pense de ses géniteurs. La fibre doloriste chevillée au corps, les Nordistes s'enfoncent dans une mine pour en extraire un matériau d'une admirable pureté qu'incarnent une voix puissamment émotionnelle et des guitares figées par une infinie contrition. Dans cette roche gorgée de désespoir est taillée l'inaugural 'Hurt' qui récite à la lettre le credo d'un doom séculaire dont la force dramatique est couverte d'une chape de plomb.

Mais, emportée par une furieuse coulée lave, l'entame de 'Near Death' étonne cependant que des growls qui le noircissent, l'entraînent plus profondément encore dans un gouffre sans fin, dans les arcanes de la terre. Précédé de l'instrumental éponyme au climat étrange, 'Burning Bridges' est éclairé par cette voix d'airain vibrante de douleur que viennent polluer des gargouillis d'outre-tombe tandis que les guitares tissent la corde qui servira à lier nos poignets comme un étau, avant de nous jeter dans les abîmes d'un lac obscur aux allures de tombe.

EP de moins d'une demi heure peut-être, "Threads" n'en demeure pas moins une magnifique tranche de doom traditionnel que rehaussent une propension à la noirceur funéraire et une manière toute personnelle de pelleter l'âme humaine. Nornes s'impose encore davantage parmi les vassaux les plus prometteurs de la reine doloriste.

Childeric Thor - 8/10