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Sentimen Beltza : Bizitza Osoan Zehar Sortu Den Etsipenaren Ondorioak

SENTIMEN BELTZA - Bizitza Osoan Zehar Sortu Den Etsipenaren Ondorioak

Bubonic, 2011

Black Metal, Espagne

CD

Malgré sa proximité géographique, on connaît finalement assez mal la chapelle noire espagnole, peut-être parce qu'elle prolifère avant tout dans l'underground le plus obscur. Pourtant, du fond des bois aux montagnes enneigées, ça grouille d'une vitalité cryptique. OSTOTS, FOSCOR, BRIARGH et surtour Sentimen Beltza exaltent un art noir dont l'identité se dessine peu à peu même si l'humus scandinave fait souvent plus qu'affleurer à la surface.

One man band entre les mains du mystérieux Oindurth SaVinitta, le dernier d'entre eux reste sans doute celui qui nous intéresse le plus. Si son priapisme créatif n'y est pas étranger, le misanthrope éjaculant depuis trois ans sa semence avec largesse entre albums longue durée (quatre à ce jour), EP ( Enio/Hegan Egiten ), splits par palettes entières (dont le récent Pagan Spirit ) et sans compter ses projets parallèles, NAKKIGA et OWL'S BLOOD tout aussi dignes d'intêret, le fait qu'il incarne tout ce que l'on aime dans le Black Metal des cavernes, l'explique en premier lieu. Des riffs et des accords déjà entendus mille fois auparavant jusqu'aux visuels qui sentent bon les forêts et le froid, on pourra longtemps chercher une quelconque lueur d'originalité chez Sentimen Beltza. Et pourtant, ça marche. Encore une fois. Ce qui nous fait dire que le true Black, plus que tout autre (sous) genre ne s'explique pas. Il est une question de sensibilité, de feeling mélancolique. De magie, très certainement.

Capturé durant l'été 2010, Bizitza Osoan Zehar Sortu Den Etsipenaren Ondorioak marque de réels progrès par rapport à ses deux aînés, Iltzeak puis Olabezarko Basoen Bakardadea . Il est bâti autour de longues complaintes mid-tempo, à l'exception de quelques parcimonieuses accélérations (\"Zauri Zakonak\",\"Depresio Itzalak\") qu'irriguent des guitares polluées et grésillantes, volontairement répétitives et rocailleuses. Dès \"Hosto Eroriak\", la magie évoquée plus haut opère, guidé par ces hurlements de gargouille et ces atmosphères obscures qui confinent à la solitude. Le break qui le scinde en deux, ouvre un paysage figé par la dépression. Plus mélodique que suicidaire, l'art de Sentimen Beltza ne se dilue jamais dans la miévrerie atmosphérique souvent propre au Black Metal méditerranéen. Au contraire, il est ancré dans une nature engourgie par l'hiver, dans les roches pyréneennes qui l'ont vu naître.

Et peu importe au final que ces six titres aient tous l'air de se ressembler peu ou proue car ils forment une longue litanie de désespoir faisant de Bizitza Osoan Zehar Sortu Den Etsipenaren Ondorioak un gemme de Black Metal lancinant où la rudesse du climat, qui n'interdit pas une beauté certaine perçant à travers ces paysages qui prennent vie grâce à ces riffs entêtants, l'emporte sur la brutalité.

Childeric Thor - 8/10