Trisol Music, 2006
Dark Folk décadente, Italie
Album CD
On pense souvent raconter des histoires, mais au final, c'est les histoires qui nous racontent. Voila comment on pourrait résumer le dernier album Armageddon Gigolo' de Spiritual Front. Et les romains n'en sont pas à leur premier coup d'essai, car ils possèdent un CV intéressant : leurs premiers albums Songs for the Will et Nihilist Cocktails for Calypso Inferno sont plutôt intimistes, avec une ambiance darkfolk-cabaret omniprésente. Puis vient le single assez controversé Twin a Tin Tin Towers , mélange de electro-cabaret et de pop, suivi du EP Nihilist et du single No Kisses on the Mouth . Deux collaborations s'enchaînent, la première avec les suédois de ORDO ROSARIUS EQUILIBRIO Satyriasis: Somewhere Between Equilibrium and Nihilism , un split excellent du début à la fin et la suivante avec les anglais de NAEVUS pour Bedtime/Badtime , split un peu moins long que le précèdent, mais très mélancolique pour la partie S.F., la partie NAEVUS étant plus apocalyptic-folk.
Ce dernier album est nettement plus élaboré, alambiqué. Leur travail et la production sont de très haut vol, avec une pléthore de collaborateurs – dont Matt Howden, SIEBEN – et pas mal d'instruments à cordes que l'on peut découvrir sur « My Kingdom for a Horse ». Nous voici donc au pays des bars mal fréquentés où l'ambiance mafia perverse et pesante règne, cabarets enfumés au point de n'en voir la saleté, paradis de la drogue, du cumshot et des autres pervers de tous poils. Cette thématique sexe par ailleurs partagée avec ORDO ROSARIUS EQUILIBRIO, est très présente comme par le passé: on la retrouve notamment dans la plupart des textes comme « Slave », « Love Through Vaseline », « No Kisses on the Mouth », reprise du précédent single. A coté de cela figure des titres plus cyniques comme « Jesus Died in Las Vegas », se rapportant à la sin city, la mecque du vice, du sexe et du jeu, ville artificielle gangrenée par la mafia. Tous ce décor bien posé est saupoudré de mélodies populaires avec quelques maladresses volontaires qui marquent les esprits, sans aller dans la complexité. Simone, leader charismatique de cette formation, a beaucoup progressé avec sa voix, ce qui participe également à renforcer la cohésion de l'ensemble. Malgré cela il ne faut pas voir cet aspect pervers et sexuel comme seule issue, les italiens se rachèteront de leurs crimes(?) et péchés avec « Redemption or Myself », dernier titre venant clôturer ce disque, sorte d'étrange gospel a capella.
Simple constat d'échec d'un amant pantin ou d'un homme abusé et définitivement désabusé où tout n'est que luxe et volupté? Un album varié, très accessible où seule la rédemption pourra les sauver...