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Vardan : ... Dreaming... Living My Funeral

VARDAN - ... Dreaming... Living My Funeral

Moribund Records, 2013

Depressive Black Metal, Italie

CD

Après un début franchement paresseux ne le voyant ruminer en treize ans qu'un seul méfait, coincé entre une démo séminale de rigueur et un split avec STRIBORG, Vardan semble depuis désireux de rattraper le temps perdu, éjaculant sa semence méphitique avec la frénésie de celui avec lequel il partagé une rondelle en 2010. Avec trois albums en 2013 et un quatrième dont la sortie est imminente, on peut difficilement faire mieux en terme de stakhanovisme !

Les mauvaises langues argueront que le Black Metal suicidaire qu'exalte ce projet d'une âme solitaire, de part sa pauvreté tant artistique que sonore, facilite ce genre de diarrhée créatrice. Pas faux. Reste que les fidèles de cette chapelle sauront apprécier cette entité à sa juste valeur, modeste mais sincère.

... Dreaming... Living My Funeral vient donc clore ce marathon, six mois à peine après un Lifeless Shadow dont il est le quasi frère-jumeau. L'architecture en quatre parties ainsi que des visuels aux bordures bourgeonnantes forgent un lien évident entre les deux offrandes, ce qu'affirme aussi et surtout cet art noir typiquement dépressif que l'Italien ne cherche nullement à rénover, alignant les co(r)des du genre comme des pinces à linge sur un fil.

Chant hurlé de bête égorgée, guitare polluée par la distorsion libérant de répétitives secousses, rythme englué dans une brume neigeuse forment le substrat éprouvé de complaintes à la trame qui s'étire en moyenne au-delà des dix minutes au jus. Malgré une certaine propension à diluer sa noirceur dans un sirop mélodique, à l'image de \"Cold Way To Exist\", ce qui l'empêche d'atteindre les profondeurs de la dépression, Vardan exsude pourtant ce feeling cryptique et sinistre propre au True Black de la péninsule. Ce charme de l'artisanat obscur également.

Ne franchissant pas la barre des quarante minutes au compteur, cette cinquième hostie bénéficie avant tout d'une excellente première moitié qu'incarnent \"Living My Funeral\" puis \"Wandering Spirit\". Le premier ouvre les veines d'une mélancolie crépusculaire que drainent des riffs obsédants aux sillons scarificateurs. En fin de parcours, ceux-ci mutent en lignes squelettiques qui égrènent des notes grêles, accompagnant un ralentissement du tempo, engourdi par une inexorabilité presque intimiste. S'ouvrant sur des faux airs burzumiens, le second se scinde en deux segments distincts, que relie une pause contemplative. C'est du DSBM pure souche mais on se laisse ferrer par cette six-cordes saturée au goût de rouille, libérant des sécrétions ferrugineuses et par ce mid-tempo qui confine à une forme de transe doloriste.

Sans vraiment réussir à appuyer sur l'interrupteur, ... Dreaming... Living My Funeral est une très bonne cuvée noire et funéraire, déambulation lugubre dans une maison hantée, mais ne saurait égaler en matière d'atmosphères suicidaires avec les travaux originels de certains de ses compatriotes, FORGOTTEN TOMB en tête.

Childeric Thor - 7/10