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Vichy : Paris

Nomos Dei, 2014

Martial Black Metal, France

Album CD

Si certains se pinceront le nez au simple énoncé de son nom, Vichy porte pourtant bien son nom, justement, bête haineuse macérant au fond d'un charnier encore fumant où se mêlent émanations Black metal, remugles de Power Electronics et relents d'Ambient martial. Suffocant et mortifère se veut donc l'art forgé par cette nouvelle entité sur laquelle on ne sait que peu de choses, si ce n'est l'identité du maître des lieux, celui que l'on connait son le sobriquet de Nekurat, musicien aussi passionnant que passionné qui ne cesse de cracher sa sinistre semence, tour à tour avec Mhönos, Sordide, Mòr, Mythrim, Hyadingar et Yuck.

S'il semble à première vue nouer peu de liens avec les autres projets de son géniteur, Vichy porte néanmoins l'empreinte de ce dernier dont le goût pour des traits extrêmement crus copulant avec des atmosphères malsaines, des ambiances de décrépitude absolue, demeure immuable. Divisé en six segments nommés Délation et que distingue les uns des autres une simple numérotation, ce qui ne facilite pas sa pénétration mais lui confère des allures de bloc, de masse grouillante de vers porteurs du typhus, Paris créé d'emblée le malaise, dévoilant une chair meurtrie, constellée de plaies d'où suinte une noirceur apocalyptique.

Percussions autoritaires, voix hargneuses, samples malfaisants et râles féminins impriment une cadence de parades dictatoriales en un magma fielleux. Le Mal, le vrai, pas celui des satanistes de fêtes foraines, s'incarne dans cette partition bruitiste dont le caractère strident confine à une forme de transe oppressante cependant que les rushs de guitare polluée qui suce l'humus burzumien ('Délation IV') ravivent l'esprit de l'art noir originel, Evil et cryptique, glacial et obscur, tel qu'il aurait toujours dû rester.

Paris laisse un goût amer dans la bouche mais possède la capacité rare de vous hanter longtemps encore son écoute achevée. Ce faisant, c'est encore une réussite à mettre à l'actif de Nekurat dont la diarrhée créatrice illustre à elle seule la sève intarissable qui coule dans les veines de cette véritable famille de musiciens à laquelle il appartient et dont on savoure chacun des fruits.

Childeric Thor - 8/10