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Évolution ou régression en lien avec le Matérialisme

Société

Et dans tout cela, quelle est Notre place en tant que Marginaux Assumés ?

Partie II

Chers lecteurs et amis,

Je tiens, avant tout, à faire une courte parenthèse. Je m’exprime ici en tant que Païen, croyant aux Anciens Dieux Celtes et Scandinaves, en tant que Metalleux aussi, mais pas au nom du Metal ni au nom du Paganisme, encore moins au nom des autres rédacteurs de LHN – mes idées n’engagent que moi, je ne force personne à les suivre comme « parole de Hàvàmal ». Aussi, j’admets que certains de mes parallèles capillotractés pourraient déconcerter, être mal interprétés, voire déranger. Ne le prenez donc pas personnellement.

Il semble clair que, depuis le milieu du 20ème siècle, le matérialisme à outrance a remplacé non seulement la foi religieuse (même s’il s’agissait du monothéisme - à l’époque bien peu se posaient la question du paganisme, de la sorcellerie, de l’ésotérisme ou du satanisme, …), mais également une certaine idée du « traditionalisme » du mode de vie que connaissaient nos grands-parents, arrière-grands parents et ancêtres en général. L’arrivée progressive dans les foyers de la télévision, de la voiture individuelle, du téléphone fixe (*), de la Hi-Fi succédant aux tourne-disques, du magnétoscope VHS, puis, au milieu des années 1990, de l’informatique accessible à tous (et par la suite, Internet)... Tout cela a bouleversé notre société en une fraction temporelle négligeable, rapportée à toute l’histoire de l’être humain depuis son accès à la capacité de raisonnement … néanmoins, quand cette capacité existe effectivement.

(*) [Vous ne le saviez peut-être pas, mais jusqu’au milieu des années 1980, toutes les maisons des campagnes les plus reculées n’avaient pas nécessairement une ligne de téléphone fixe. On allait au bureau de poste pour passer un coup de fil à la cabine à pièces, et si quelqu’un vous appelait, il laissait un « avis d’appel » au bureau de poste, et le facteur vous l’apportait à votre domicile avec le courrier. Incroyable, mais le service des télégrammes de La Poste a officiellement pris fin en avril 2018 … après le Minitel ! « C’était mieux avant » ? Pour quelques aspects, oui.]

Nos façons de voir le monde, de communiquer, d’interagir, de nous questionner sur les choses qui nous entourent, de réagir aux événements, notre capacité à l’esprit critique, à la réflexion, à l’anticipation, tout cela a été chamboulé, les sociologues le savent.

Et je n’ai pas échappé à ça : je suis un pur produit de la société des années 1980, et je le revendique. Élevé à Coluche, Desproges, Gotlib, au Groland, fan de « MacGyver » et de « l’Agence Tous Risques », la tête dans les bouquins, et souvent dans les nuages. Sans pour autant me définir « génération Y », ou génération « millenial », ou génération « licorne bleue-rouge-verte », ou « tasseau de 12 », ou « plaquette de beurre » ! Nous n’avons pas besoin de nous définir en des qualificatifs qui ne nous ressemblent pas, qui ne reflètent pas ce que nous sommes.

Le mode de vie actuel du citoyen Français lambda, qui est devenu de facto « téléspectateur-consommateur », a pris un tour digne de la « perversion » dans les années ‘80. Les plus anciens se souviennent peut-être de la privatisation de TF1, par sa vente à Bouygues. Il fallait donc « faire de l’audience à tout prix », que ce soit sur la télé privée ou sur le service public, pour se faire graisser la patte par les annonceurs. Que personne ne me dise que la sinistre « culture populaire » actuelle est arrivée toute seule : il fallait une soupe toute prête à consommer, jetable, dans le but de vendre les croûtons qui vont avec !

Des programmes censés « refléter la réalité des situations les plus douloureuses » n’ont été que des fenêtres ouvertes au voyeurisme, par l’exhibitionnisme de la douleur, de la crétinerie, de la superficialité … Jusqu’à la « télé-réalité » dont les phrases « cultes » font le tour des cours de collèges, lycées, et ont engendré une « génération spontanée » de nouveaux serviteurs dociles. Manipulables à souhait, masse aux aspirations fluctuantes comme le cours du pétrole ou du lingot d’or, ils se font un malin plaisir de suivre toutes les tendances, quand bien même il y en aurait autant que de jours dans une année, prêts à devenir de « bons petits citoyens » qui ne s’éloigneront jamais du « droit chemin ».

Laissez-nous donc être les loups noirs, les bêtes ancestrales dont vous avez tant la frousse...

La « norme », donc, promue au rang d’évidence sociétale par la télévision, la pub’, les radios commerciales et la « musique » qui y passe en boucle, a imprégné les cerveaux de conceptions pourries et sans avenir sur l’apparence, la réussite, la possession, le « quart d’heure de célébrité ». George ORWELL n’aurait pas imaginé pire dans ses cauchemars les plus torturés !

Résumons : la « foi », qu’elle soit monothéiste, païenne, occulte, ésotérique, wiccane, a été peu à peu « vaporisée » par la facilité du matérialisme, du « rationalisme » chers aux athées les plus énervants, qui ne croient en rien parce que le matériel leur apporte tout. Les mêmes qui méprisent celles et ceux qui croient en quelque chose d’autre, quelque chose de peu connu, et qui dans leur mépris, ne font aucune distinction entre la foi véritable et le délire mystique (et/ou ses dérives).

Ce qui arrange bien le matérialisme, qui s’est répandu, et continue à faire à croire qu’il est la seule réponse aux problèmes existentiels de l’humain. Mais, car il y a un « mais », nous l’avons vu dans la première partie, ce « monde aux ressources limitées » ne permet pas un matérialisme éternel. Il est concevable que, une fois le « Grand Chamboulement du Bouzin » passé, beaucoup d’humains en reviendront à d’autres croyances, d’autres idées que le matérialisme et les idées toutes faites. Idem pour le fonctionnement intellectuel et la conception du monde, tout comme les préoccupations du nouveau quotidien et d’un futur encore plus incertain que le nôtre...

Pour nous autres, amateurs de Folk/Pagan/Black/Death/Thrash Metal, d’Arts Noirs, de Littérature Tourmentée, de Poésies Sombres, la nécessité d’avoir la Foi en nos éléments culturels, en nos idéaux faits de peu de moyens, en nos rêves les plus profonds, en nos loisirs les plus modestes, fussent-ils décalés ou peu communs … Cette nécessité m’apparaît comme une nouvelle orientation à prendre dans nos existences terrestres. Mais il faut la prendre pleinement, de toutes nos forces, de toutes nos voix bestiales.

Comme un nouveau serment d’allégeance et d’honneur à ce qui nous est si cher. La liberté totale dans l’obscurité. La majesté dans la déchéance. La beauté dans la crasse glauque. Le réconfort dans les idées les plus oppressantes. Comme un bouclier de fer, de feu, de sang, de force, à opposer aux piliers d’un système de société condamné à finir en cendres. C’est aussi ça, le Metal extrême. (« Capillotracté », je vous avais prévenu …)

Et, entre nous, quel amateur de Black Metal le plus extrême (sans aller jusqu’à parler du NSBM) irait volontairement souscrire à un mode de vie fadasse, engrosser la première greluche qu’il trouve, lui faire trois gamins insupportables, s’éreinter dans un boulot inintéressant pour payer 40 ans de crédits immobiliers et crédits revolving... Au lieu de se contenter d’un minimum de confort matériel peu contraignant, de loisirs simples mais agréables, tout en gardant sa foi en l’Underground ?

Et, dites-moi, quel fan inconditionnel de Folk/Pagan Metal en viendrait à rouler en 4x4 « de ville » diesel équipé d’un pare-buffle, de feux « Cibié Grand Raid » et de carters de protection pour moteur et boîte de vitesses, faisant le paon en sa qualité de « seigneur des trottoirs » à Concarneau, à Aigues-Mortes ou à Megève … Au lieu de rouler en citadine basique, en écoutant Falkenbach ou Woodtemple, pour se rendre à son chaos rocheux favori en pleine Chartreuse, et se reconnecter un moment à ce qui lui est noble ?

Pensez-vous qu’un Gothique authentique irait brûler tous ses vêtements et accessoires chèrement acquis, tous ses disques d’EBM, d’Indus Martial, de Neofolk, puis se couperait les cheveux, façon « footballeur en vue » pour ces messieurs, ou « icône de la pop anglophone » pour ces dames, retirer ses piercings, faire effacer ses tatouages... Pour aller se fringuer chez GAP ou chez H&M histoire d’être « passe-partout », « transparent », voire de « briller en société », avant de partager une Manzana glacée avec des bobos prêcheurs du « bon goût » en plein orgasme sur le dernier morceau de Zaz (laquelle a enfin pris une douche, petite hallebarde personnelle) ?

Quel jeune Traveller (jeunes hommes et femmes vivant sur la route en camion aménagé) irait soudain se « condamner » à une éternité de compromissions, de privations de libertés d’action et de pensée, de regrets et de rancœurs, de frustrations, de nostalgie des voyages en toute rusticité, en « se rangeant » par juxtaposition des éléments décrits dans les trois paragraphes précédents ?

Pas un, pas une des nôtres ne devrait se soumettre ! Du moins, on rêverait que personne, dans les groupes culturels Underground, ne prenne jamais ce genre de décisions. Parce que cela revient à admettre la victoire doctrinale du matérialisme face à la foi en notre « pas de côté » culturel, idéologique et social ! « Admettre », et plus tard, pourquoi pas « collaborer » avec la « norme » ? OUI ! Être profondément marginal (culturellement) dans cette « société » est un acte de résistance. Je pourrais appeler ça « prendre le maquis face à la norme ». D’ailleurs, je porte déjà un béret.

Qu’on le veuille ou non, ce « pas de côté » est un « socle » plus ou moins commun à tous les marginalismes culturels. Un solitaire dans l’âme fan de Black Metal a bien plus en commun avec une jeune Traveller lookée « tekno » qui roule en vieux Peugeot J9, et une Gothique authentique a bien plus en commun avec un Punk resté fidèle à ses idéaux, qu’avec la moindre « crevette » adulant les « vedettes » actuelles à la voix tartinée d’Autotune, de phallocratie, de bling-bling, d’une prétention et d’une inintelligence mortifère servant de cache-sexe à un vide existentiel d’une dimension monumentale!

Je conclus cette deuxième partie en affirmant que la Foi doit l’emporter sur le Matérialisme, pour que nous puissions continuer à exister dans l’honneur, la dignité, droit dans nos Paraboots, à défaut de satisfaire aux « pressions sociales », d’où qu’elles viennent. A défaut de plaire à celles et ceux qui voudraient nous voir lisses, fades, plats, apathiques comme des « miledieu de catsalh de macarèl de hilhdépute de dioù-biban » de bancs de moules attardées, sans aucune « différence » vis-à-vis du troupeau... Nous resterons tels que nous sommes. Et la Foi l’emportera sur le Matérialisme, pour nous, le jour où le Matérialisme arrivera au terme de sa chute déjà annoncée (et amorcée).

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