La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Deadfuck

Grindcore, France

29/11/2020

 

Avec la sortie remarquée et remarquable de son premier album, "#Humanité ", le groupe de Death/Grind Deadfuck montre qu'il va falloir compter sur lui dans la scène extrême hexagonale. Rencontre avec les trois musiciens lyonnais. 

 

Tout d'abord un très grand merci pour cette interview pour la Horde noire 

 

1) Bonjour à vous les Deadfuck, pouvez-vous nous décrire la formation du groupe en 2017 ?

Antoine : Chris et moi même avons commencé à jouer dans un groupe de Death/melo. Un jour Chris me parle d'un concert de grindcore dans un lieu auto-géré sur Lyon. Et j'avoue que la claque à été énorme. Il y a eu Warfuck et Whoresnation. Warfuck est un duo et ça m'avait intrigué. La débauche de (power) violence m'a vraiment impressioné et quelques jour plus tard j'étais avec Chris dans le local en train de composer 3 morceaux en 2h. Aprés avoir composé 5-6 morceaux on a contacté Diego qui avait mis une annonce en ligne.

Chris : On avait un groupe de melodeath avec Antoine qui battait un peu de l'aile. Antoine et moi adorions ajouter des passages blastés dans nos compos, et à force on s'est dit que ce serait bien de mettre QUE du blast aha. Du coup on a monté quelques morceaux ensemble, on testait nos morceaux pendant les temps morts des répets de notre groupe de melodeath et ça agaçait tout le monde lol. Au final, comme l'a dit Antoine, ça s'est concrétisé avec ce concert de Warfuck au Ground Zero, où on s'est regardé en se disant: "putain mais un batteur et un guitariste ça suffit pour castagner". Comme je n'ai aucune appétence pour le chant, on a mis une petite annonce et Diego, qui venait d'arriver sur la région, a fait une audition. On a jamais testé personne d'autre parce que le feeling est passé tout de suite et ce mec a une voix de OUF! Deadfuck a réellement existé avec son arrivée en fait.

Diégo :  J’ai eu, je pense, la chance de poster une annonce de recherche de groupe juste au bon moment. N’ayant plus eu de groupe depuis plus de 2 ans et ne pratiquant plus le chant depuis, j’ai profité de ma nouvelle vie sur Lyon pour retenter ma chance d’intégrer un groupe sérieux avec qui je puisse m’éclater. Bingo !

 

2) Avant de parler de votre très bon premier album " #Humanité ", un mot sur "Affliction" votre premier EP sorti en 2018, quel retour en avez vous eu ?

Antoine : Il fallait bien que l'on enregistre quelque chose. C'est fait avec les moyens du bord en pure DIY. Le son est vraiment pas ouf mais c'était important de se mettre en mode enregistrement pour progresser et tester des choses . Les retours ont été mitigés entre les compos qui plaisaient beaucoup mais un son très moyen. J'en suis personnellement assez fier parce que les conditions d'enregistrements et le matériel utilisés sont loin d'un niveau pro donc bon... Notre démarche n'était pas non plus d'impressionner tout le monde

Chris : On voulait se tester avant d'aller sur un 1er album. On avait tous quelques expériences d'enregistrement, et Antoine a de bonnes compétences dans cet univers, contrairement à moi! Bref on a enregistré à l'arrache dans notre local de répet, j'ai souvenir d'avoir fait 2 prises par chanson en pleine canicule 2018 et c'était plié! Avec le recul c'est une démo plus qu'un EP car pas mixé/mastérisé et très "brut", mais ça nous a donné le GO pour aller sur quelque chose de plus sérieux.

Diégo : Chris et Antoine ont tout dit, nous devions sortir un support sur lequel nous pouvions nous présenter, cela a été fait un peu dans la précipitation, mais également avec passion.

 

3) #Humanité vient de sortir en mars 2020 et pour en avoir fait la chronique je peux dire que c'est un superbe premier album, brutal et inspiré. Comment s est passé la composition de ce monstre de Death/grind ?

Antoine : Merci beaucoup, c'est très important pour moi les retours sur l'album ou sur nos concerts. J'ai l'impression qu'on est souvent dans notre bulle à s'amuser en répète et à composer sur le tas. Personnellement après avoir joué dans pas mal de groupes dans différent style, c'est la première fois que dans un groupe il n y a pas de prise de tête dans le processus de composition. Chris arrive avec des riffs je blast par dessus, point haha ! C'est caricaturale mais franchement, les compos sont souvent bouclé en une ou deux répètes. On ne s'impose pas de limite notamment sur la durée des morceaux. Si il est finit et qu'il fait moins de 2mn ou 50sec ça sert à rien d'essayer de chercher plus. C'est vraiment agréable d'arriver en répète et ne pas s'ennuyer ou juste pratiquer un set pré-définis. Chris trouve beaucoup de riffs sans forcément une structure en place, Je place des patterns de batterie (bon du blast beat en fait...) et Diego propose pas mal d'idées de structure ou de riffs auquel Chris et moi ne sommes pas habitués (d'influence Slam Death notamment). Enfin on retrouve dans l'album des morceaux d'Affliction que l'on a remaniés (augmentation du tempo/pattern différent...).

Chris : Merci pour les compliments! On kiffe de partager notre envie de brutalité, et ça fait vraiment plaisir si tu as aimé. Comme le dit Antoine, j'amène des tonnes de riffs en répet, et on fait les arrangements ensemble. Des fois j'ai déjà une structure en tête, des fois pas, mais les gars ont de superbes idées d'arrangements et je suis toujours bluffé par le résultat final! On essaie au maximum de SURPRENDRE l'auditeur, de ne pas avoir des structures couplet/refrain blabla, et surtout : le BLAST est obligatoire sur chaque chanson! On a un superbe batteur alors autant en profiter héhé. Et Diego nous amène des idées de pattern de chant de ouf, il écrit quasi toutes les paroles et ça nous fait au final un process de composition hyper sain et extrêmement rapide.

Diégo : Merci beaucoup  pour ton retour ! C’est ce qui est très agréable avec Deadfuck, on se met vite d’accord, Chris balance ses riffs avec une facilité déconcertante, Antoine ses patterns de folie et un fois que le morceau est composé, j’ajoute le chant et essaie de trouver une histoire à raconter afin de mettre un point final à la structure.

 

 

4) Vous êtes un trio chant /guitare/batterie, est-ce que c'est votre formation idéale ou cela pourrait évoluer par la suite avec un bassiste voir un deuxième guitariste ?

Antoine : En fait on ne réfléchit pas vraiment comme ça. On y a pensé et je pense que l'on continue à se poser des questions. Mais en vérité on ne veut pas briser l'alchimie qui nous lie tout les trois avec une quatrième personne.

Chris : On a démarré sans basse, et au début on a vaguement cherché quelqu'un, on a eu quelques candidatures spontanées, mais on a jamais vraiment insisté là dessus. J'ai enregistré la basse sur l'album et ça suffisait pour l'exercice; en live j'ai un octaver qui fait + ou - le boulot. Pour une seconde guitare, là c'est plus du confort et de la fainéantise de ma part: je suis seul compositeur des riffs, ça plait à Antoine & Diego la plupart du temps, alors confronter avec un second guitariste ça compliquerait tout. Et ça m'évite aussi de tabber tous mes riffs, je dois en avoir plus de 80 au total alors j'ai juste la flemme de les faire apprendre à quelqu'un d'autre!! Mais bon ne jamais dire jamais, aussi bien pour la basse que la gratte.. on verra, mais aujourd'hui ça tourne bien. En plus, le fait de n'être que 3 dans le groupe facilite énormément la prise de décision. Quand tu es 4, tu peux avoir 2 contre 2, là y'en a soit un qui se fait à la décision du duo en face, soit les 3 sont d'accords, du coup rien qu'en matière de composition on avance hyper vite et c'est précieux pour nous.

Diégo : C’est vrai que c’est un sujet qu’on a souvent abordé au début, l’ajout d’un bassiste, on a eu pas mal de personnes qui se sont proposées, mais je pense qu’on a un peu peur de casser notre équilibre actuel qui fonctionne très bien. Mais après pourquoi pas, j’imagine qu’on ressentira à un moment le besoin d’évoluer dans ce sens.

 

5) Vous faites du Death/grind, dans ce même style  ou autres d ailleurs ), quels sont les groupes qui vous ont le plus influencé ?

Antoine: Dying Fetus, Devourment, Dead Congregation (le meilleur groupe en ce moment pour moi) Benighted évidement. Mais je ne peux nier que Whoresnation et Warfuck ont été un vrai moteur pour moi et à chaque fois qu'on va les voir en live tu as envie de recommencer à composer et à augmenter la vitesse des morceaux haha !

Chris : Dying Fetus, Misery Index, c'est ma religion ces 2 là. J'adore aussi Origin & Nile mais j'ai pas le niveau par contre haha. On est plutot influence Death/Brutal que Grind en fait, même si on adore Warfuck (qu'on a déjà décrit comme le déclencheur du groupe) et Whoresnation. Généralement, on est trop Death pour plaire aux mecs qui adorent le Grind mais c'est pas grave, nous on aime l'énergie et la concision du Grind alors on y pioche ce qu'on veut!

Diégo : Pour ma part, j’ai vraiment grandi dans le monde du metal extrême avec les groupes Devourment, Aborted et Benighted qui sont mes plus grandes influences. Suite à ça, j’ai appris à faire évoluer ma  voix grâce aux groupes Vulvodynia, Abominable Putridty, Abysmal Torment ou encore Nasum.

 

6) Avant que la situation sanitaire ne se dégrade, vous avez donné quelques concerts dont un en première partie de Cardiac Arrest (que je vénère). Parlez -nous de cette expérience. 

Antoine : Je dois être vraiment honnête, je ne connaissais pas Cardiac Arrest avant ce concert. L'un des gérants de la salle était fan donc je me retrouvais bien con à ne pas les reconnaitre.  En tout cas c'était un super concert. Nous on aime jouer sur scène mais aussi être dans le public à pogoter et bouger. C'était une belle soirée comme d'habitude au Rock'n Eat ! Il y avait aussi les potes de Pulsating Cerebral Slime en première partie. Je recommande vivement!

Chris : On était content de faire cette date parce que c'est un groupe culte et on jouait pour la 1ere fois avec un groupe étranger. On a joué plus tard avec Inhume et on était hyper content aussi. Pour revenir à Cardiac Arrest je connaissais pas non plus en vrai, mais les mecs ont été hyper sympas et j'ai bien aimé ce que j'en ai entendu. On sent l'expérience et on a encore des années de route avant de penser les égaler !

Diégo : Je risque également de décevoir, mais je ne connaissais pas non plus Cardiac Arrest, mais ce fut une excellente surprise à voir en live, les gars sont hyper cool et des monstres sur scène. Mais je me rappelle surtout que le même soir, Defeated Sanity jouait également sur Lyon. Donc forcément, deux concerts de metal extrême le même soir, les gens ont dû faire un choix qui c’est conclu par deux salles à moitié pleines. Mais que de bons souvenirs.

 

 

7) Bien que votre nom est brutal, vous arrivez a sortir du lot avec des paroles profondes sur des problèmes de société . Diego, peux-tu nous parler du travail d'écriture pour " #humanité " ?

Antoine : Il n y a que Diego qui réfléchit dans ce groupe en vérité haha !

Chris : On va laisser Diego répondre, on adore ses paroles et il a le bon sens de faire des vrais paroles, ça parle pas de gore comme on pourrait s'y attendre! En fait le nom DEADFUCK ça vient du nom d'une chanson de GORGASM, un groupe de brutaldeath US, et un soir après une répet je ramenais Antoine et on déliré dessus, mais avec le temps je regrette un peu héhé. Enfin, je l'explique comme Dying Fetus, qui a un nom qui attire l'attention mais a des paroles sérieuses, on s'inscrit dans le même mouvement.

Diégo : Je vais essayer d’être bref car j’ai beaucoup de choses à dire sur ce que j’écris. Je pense que ce qui m’influence le plus dans une première partie, ce sont simplement les choses que je constate au quotidien. Les problèmes de violence (Obscène, Molestée), de racisme (Chroma), de viol (Innocence), de manipulation génétique (Chimère), de religion (Schisme) etc. Et dans une seconde partie, je tente d’aborder notre confrontation personnelle et psychique dans un monde devenu fou ou l’on ne trouve pas notre place (Psychose, Vocifère, Parasite). Cet ensemble nous ramène alors sur un sujet commun, notre humanité. Les gens de notre entourage, nous les connaissons et nous semble abordables, mais nous avons tous une part obscure qui bouillonne en nous, que nous voulons absolument cacher, alors que d’une certaine façon dès que l’occasion se présente nous la laissons exploser et ainsi nous montrons le pire de nous-même. Et d’ailleurs depuis quelque temps nous le remarquons de plus en plus avec les événements actuels et cela rentre dans une case de normalité, qui, selon moi, est vraiment effrayante. Et enfin je voudrais également préciser que Chris et Antoine ont brillé de leur plus belle plume sur les morceaux Catharsis et Molestée.

 

8) A quoi peut-on s attendre pour l'avenir de Deadfuck ? Des concerts pour promouvoir cette album ? Un nouvel opus pour marquer le coup ?

Antoine : Plus de concerts !!! Et peut être que l'on arrivera un jour à jouer au Outch Fest haha ! (annulé deux années de suite...).

Chris : Ouais, des concerts, on attend que ça... on a déjà assez de compos pour faire un gros EP voir un second album, et y'en a quelques unes qu'on joue en live et qui sont mes préférés à titre personnel. On a franchi un step encore et on a hâte de vous faire écouter ça..

Diégo : Des concerts ! Nous nous sentons vraiment à notre place sur les planches d’une scène, c’est très exaltant. Et bien sûr, nous l’espérons un futur album ! Et je tien d’ailleurs à faire une petite parenthèse pour encore une fois remercier tout ceux qui ont participé au financement aillant permis de réaliser notre album, sans vous la qualité aurait était de moins bonne facture et nous a donc permis de travailler avec Alex de Noise Maker Studio qui à était d’une patience exemplaire avec nos caprices de petite star et également avec Convulsound qui à mis un dernier point d’honneur à ce projet.

 

9) Un dernier mot pour nos lecteurs de la Horde noire ?

Antoine : Le grindcore c'est bien, écoutes-en 

Chris : On aime le brutal, et on aime encore plus partager cette énergie avec vous. Merci!

Diégo : La vie c’est bien, mais le grind c’est mieux ! Profitez de vos meilleurs moments en ces temps compliqués et bordel vivement la reprise des concerts !

 

Mika Hell