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Kragens

KRAGENS

Heavy/black mélodique, France

28/04/06

Rien ne vaut un entretien en chair et en os, avec l'interlocuteur en face de vous pour répondre ; dans ce cas, les échanges n'ont rien à voir avec les réponses fades des interviews réalisées par e-mail. J'ai profité du passage des métalleux Niçois de Kragens au Brise-Glace d'Annecy pour capturer leur sympathique chanteur Renaud, ancien de la scène française, qui s'affale dans un confortable fauteuil noir...

Turannos : Hello ! Depuis quand existez-vous et que signifie le nom du groupe ?

On est né en 2000 par le hasard d'une annonce dans un canard niçois. Le truc classique, où deux guitaristes recherche un chanteur. Personnellement, je voulais revivre mes sensations Metal, donc c'est bien tombé. J'ai rencontré Ludwig et Cédric Sellier les guitaristes, et on à commencé à faire les pubs de Nice avec des reprises de JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN ou encore DIO. Un copain batteur et un autre bassiste nous on donc rejoint. Ensuite la complicité aidant, on a composé ensemble, c'est devenue plus sérieux. De là le batteur et le bassiste se sont désolidarisés du groupe, ils étaient plus dans l'optique de faire les bars pour l'argent. Ils ont été remplacé par deux musiciens connus de la côte : Olivier Gavelle à la batterie, qui est un ancien comme moi, de la scène des années ‘80-‘90 (ACE et DIRTY SIDE) et mon copain Denis Malek qui avait joué avec moi dans DEMON EYES et dans LYNX qui sont des groupes français des années ‘80. On faisait partie de cette vague.

Kâron : Comme KILLERS ?

KILLERS : on à fait ensemble le France Festival à Choisy-le-Roi en... ‘84. En fait Kragens est la réunion de deux générations, celle des années ‘80 et celle des années ‘90.
Pour le nom du groupe, on en cherchait un à consonance allemande comme on est tous fanas de cette scène. Et Cédric se pointe avec ce nom et nous dit que cela signifie en argot germanique « empoigner quelqu'un violemment ». Et en fait ce n'était pas du tout ça, la première signification, la littérale, c'est « col de chemise » ! Mais cela fait également référence à des pieuvres, a des monstres de science-fiction de l'auteur Jack Vance et cela nous sauve quelque part ! Et, plus tard au Danemark, Tue Madsen nous dit qu'en Danois cela veut dire Corbeau. On s'est demandé si un nom aussi ridicule pourrait avoir des conséquences sur le marché allemand, mais en fait pas du tout.

T :Seeds of painest déjà votre deuxième album. Pensez-vous qu'il étendra votre renommée d'une façon décisive? Quel impact avez-vous à l'étranger ?

Je pense que s'imposer à l'étranger est primordial, étant donné qu'il y a pléthore d'offre sur le marché Metal actuel pour les auditeurs. Les groupes se doivent d'être les meilleurs possibles. C'est beaucoup de travail car il faut mettre la barre très haut tout de suite. On s'est assis médiatiquement grâce au premier album et avec le deuxième nous somme passé à un stade supérieur. Nous sommes signé sur un label mondial qui est Locomotive, et grâce à eux on est en licence au Japon. On vend autant d'albums aux U.S.A. qu'en France ! On est bien situé à l'export : Italie, Espagne, Benelux, à la limite la France est notre 3ème, 4ème marché... Les retours médias ont été bons tout de suite.

T : Et que signifie cette spectaculaire cover? Qui en est l'auteur? Quels sont les thèmes abordés dans les textes?

Elle a un sens particulier, et comme les textes, elle est liée au thème de l'oppression, les relations victime oppresseur et aussi l'enfermement. Avec comme fil rouge le conflit Israélo-palestinien et le terrorisme. On a demandé à notre copain Hobber qui faisait le design quelque chose de froid et pour le symbole de l'enferment : le barbelé. La symbolique est bien passée.

T : Quels ont été les retours deDying in a desert?

Un bon retour médiatique, c'était important car en tant que nouveau groupe il fallait qu'on se situe au niveau du marché et aussi par rapport au style qu'on pratique. Le premier album nous a permit de savoir où on en était. C'est à dire « Vous en êtes là, vous faites à peu près tel style, vous avez des marges de progression là et là ». Et il reste plus qu'à travailler. Donc on a bossé et cela nous a aussi permis de vendre des albums, de consolider notre image dans le business, ce qui est important. De faire pleins de concerts... et surtout en tant que musicien... le premier album !

T : Vous avez fait de la route pour enregistrer : NSR Studio a Montélimar, et le reste de la prod' au Danemark : qu'a pu apporter un gars comme Tue Madsen à Kragens ?

On l'a choisi justement pour tout ce qu'il pouvait nous apporter. On avait un panel d'ingénieurs du son que l'on pouvait choisir par rapport à nos goûts et les morceaux composés. Au fur et à mesure on à resserré les choix et il nous à mis une baffe avec le dernier album de MNEMIC. Mais il m'avait aussi été recommandé par Rasmus de PANZERCHRIST et d‘autre musiciens. On ma dit : « tu y vas les yeux fermés ! ». On a écouté son travail et on savait qu'il allait nous faire un truc super ! Il fait du thrash, du metal-core...

T : Peu de groupes relèvent maintenant le flambeau au trash des années '80 ; vous, vous ajoutez une touche "power" à ce style : le trash ne prenait plus assez de risques, selon vous?

Franchement quand on a composé l'album on avait pas de cahier des charges précis. A part faire des morceaux qui nous plaisent, qui fracassent. Les choses sont venues comme ça et ça s'est thrashisé. On nous à fait écouter des choses, du trash moderne et on l'a digéré : NEVERMORE, ARCH ENEMY... ça nous à guidé quelque part. Cédric, le guitariste, écoute du KREATOR, SLAYER, c'est son truc à lui. Mais on n'a pas cherché à rénover le trash. Notre nouveau guitariste Gilles Giachino va renforcer notre style hybride, il a les mêmes goûts que nous.

T : D'ailleurs, quels groupes vous ont "nourri" au métal? On peut vous rattacher au heavy anglais, ricain (PANTERA, ICED EARTH), allemand (EDGUY) ou... français (NIGHTMARE, DYSLESIA, ALKEMYST, KRISALID)?

On se situe dans une veine... allemande, et scandinave quelque part. Notre musique n'est pas moderne, c'est péjoratif, mais rénovée. Un esprit du métal rénové. Esprit qui n'est pas venu d'Amérique, ni vraiment d'Allemagne mais plutôt de la Scandinavie. Et avec cette touche allemande de rigueur rythmique. Et en France je ne pourrais pas citer d'autre groupe qui nous ressemble de ce point de vue là. Beaucoup de gens ne savent pas où nous classifier. Thrash/power, d'autre heavy/power... Il y a des fois on va moins bien passer en Italie et en Espagne parce qu'on part dans tous les sens. Et à la foi aux U.S.A. on avais des chroniques dithyrambiques parce qu'on est dans une ligne originale.

T : Julien Truchan de BENIGHTED a prêté sa gutture : mais à quel titre?

J'ai craqué sur leur dernier album et comme il nous fallait quelques voix death... On a fait des essais et ça allait. Il a fait exactement ce qu'on lui demandait, il s'est prêté au jeu. Il à été très content de l'album pour nous en général, mais pas du mix pour ses parties. Je lui ai expliqué la vision de Tue Madsen sur les voix et c'est bien lui en tant qu'ingé son qui la définit ...

T : C'est vrai qu'il n'a pas fait du BENIGHTED.

Mais ce n'était pas le but. Le but du jeu c'était d'inviter Julien à poser des voix. Des fois il y a 6-8 prises mélangées, il intervient en tout sur 4-5 morceaux. Tout le reste c'est moi, je fais quelques voix assez graves mais sans avoir la gutturale d'une voix death pure.

T : Tu le connaissais personnellement avant ?

Non, on s'est rencontré au studio. Et on va se voir au festival que l'on fait à Nice le 27 mai, il va nous rejoindre sur scène.(NDLR : Julien a rejoint Kragens sur la scène duKillefestpour le titreReconquista, c'était de la pure boucherie !)

T : Êtes-vous satisfaits de MANITOU?

Oui, de tous nos labels en général. Pour l'instant les résultats sont à la hauteur de nos ambitions. Pour la France, Laurent de MANITOU à prit l'opportunité au moment au on était libre. C'était une des propositions qu'on avait et on a préféré travailler avec Laurent car c'est quelqu'un d'honnête et dans le métier n'y a pas beaucoup de gens honnêtes. On à préféré travailler avec une structure plus petite mais plus opiniâtre.

T : Les structures françaises sont-elles maintenant assez solides pour supporter des groupes ambitieux comme Kragens?

Je pense que c'est un tout. Ce n'est pas que la structure, c'est aussi le public. Que cela soit le piratage ou l'audience au concert. Les années d'or, les années ‘80, où sans mettre une affiche on faisait un concert avec 500 personnes, tu vendais tes cassettes sous le manteaux, tu en vendais plus que les cd à l'heure actuelle... Ce n'est pas que lié aux structures, c'est lié aussi depuis 20 ans aux attitudes du public. Les générations qui on changés. Nous on le subit de plein fouet avec le label, au niveau financier. Si tu as pas de tunes c'est pas viable pour un groupe. On vendait plus avec DEMON EYES qu'avec Kragens. Il y avait beaucoup plus de ventes. SORTILEGE sortait un album, au bout de quelque mois tu en avais vendu 15-20 000, largement de quoi te rembourser tes frais de productions. Maintenant les gens hésitent plus à sortir leur argent car l'offre est gratuite pratiquement. Faut le dire. Aussi les gens vont moins aux concerts. Les structures ne peuvent survivre que s'il y a participation des gens.

T : Et pour tourner ?

Tourner est toujours lié aux mêmes problèmes. Un tourneur quand il va choisir son plateau, il va choisir part rapport à ceux qui vendent et toi tu ne pourras tourner que quand tu vends. C'est le serpent qui se mort la queue. Notre dernière tournée : on devait partir avec GOREFEST, faire 15 dates en Allemagne et après ils ont annulé à la dernière minute. Alors ils se sont excusés à notre niveau et tout ça. Et j‘ai dis : « Mais attendez les gars, c'est sympa, mais nous on avait les calendriers calés, les transferts payés ». Tu vois, tu rentres dans ce processus là et tu es jamais sur d'arriver au bout, il t'arrive toujours une caguade(NDLR : terme du sud de la France !). de dernière minute. Nous on est prêts à tourner, mais les structures actuelles françaises ont peur parce qu'il n'y a pas d'audience. Donc les groupes étrangers traversent la France en tours bus, il font deux jours : hop, ils se bourrent la gueule à Marseille et vont en Espagne ou en Italie. Ils traversent. Je le sais bien, on devait partir avec GOD DETHRONED et la tournée s'est pas faite parce qu'il y avait deux jours off de trop pour la France. On ne trouvait pas de tourneur prêt à acheter le plateau, ça attire pas assez de monde en France. Ce n'est pas l'Allemagne. En Allemagne tu montes une tournée comme ça même avec des petits groupes comme nous.

T : Le mot de la fin !

Et bien on est très content d'être à Annecy. Ca faisait longtemps qu'on n'était pas venu ici. En tout cas pas pour moi, je passais là avant pour aller au Ski(NDLR : c'te réput' quand même !). Et on a vu que le public était là. On est mal habitué comme on en voit de moins en moins, ça à l'air d' être sympa, on est reçu comme des papes !

T : Merci à toi et bon concert !

Autocrator