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Stille Volk

Stille Volk

Musique traditionnelle occitane, France

Mars 2009

Entre deux groupes brutaux, j'ai (re)découvert Stille Volk à l'occasion de sa dernière oeuvre "Nueit de sabbat". Cette musique traditionnelle a su déclencher de la nostalgie en moi. Et son feeling metal n'était pas fait pour me déplaire non plus. Au programme : textes poétiques ou orgiaques et instruments anciens, à cordes ou à vent : par l'entremise de Stille Volk, l'Occitanie médiévale nous invoque à travers les âges, et Patrice Roques (choeurs/instruments à cordes) est d'accord pour nous servir de guide. profitons-en !

1. Hailz ! Pour notre première entrevue, présentez-nous le groupe : vous êtes actuellement combien de membres aux commandes ? Votre nom est tout un programme en soi, pourtant, vous mettre une étiquette n'est pas chose aisée : comment qualifieriez-vous votre musique ?
Salut, nos débuts remontent à 1994. Nous venons de sortir notre 5ème album. Actuellement nous sommes 3 pour le travail en studio et 4 pour les concerts. Il est vrai que ce n'est pas évident de définir notre musique : on peut parler de néo trad médiéval.

2. Pourquoi avoir attendu pas moins de 6 ans pour créer une suite à « Maudat » ?
On a passé 2 ans à travailler sur notre groupe de folk metal « Hantaoma ». Et puis moultes pérégrinations mystiques et intemporelles ont été nécessaires pour composer ce disque et pour l'enregistrer.

3. Dans cette « Nueit de Sabbat », pas de guitares saturées. Pourtant, un feeling « métal » irradie votre musique. Comment expliquer cela ? Quels sont vos gouts en matière métallique ?
Nous sommes tous des fans de metal et pour ma part j'en joue depuis pratiquement 25 ans. Même si nous faisons une musique acoustique, il est évident que cela se doit de ressortir. En ce qui concerne mes goûts en matière de metal, ils se concentrent surtout sur le metal des années 80 et 90 que ce soit en heavy, thrash ou death : Maiden, Mercyful Fate, les premiers Manowar et Metallica, Carcass, Candlemass, Pungent Stench, Venom, Primordial, Wolf...

4. Comment comprendre cette superbe cover ? Qui en est l'auteur ?
L'auteur est un photographe qui s'appelle Laurance Acland. Déjà son titre « Bacchus » nous donne des informations. De même la symbolique du masque qui est aussi très présente dans les paroles. Après, à chacun de se faire sa propre interprétation.

5. Comment se gère techniquement un enregistrement avec tant d'instruments inhabituels ? L'ingé-son a du être désorienté ! Et de tous ces instruments traditionnels, lequel est ton favori ? Pourquoi ?
Cela prend énormément de temps et cela demande beaucoup de patience. Cela dépend aussi de la teneur générale du disque que l'on veut faire passer. Sur celui-ci, on a voulu axer notre son principalement sur la puissance des guitares et donc parfois les percus sont un peu en retrait. L'avantage pour nous est que le percu et bassiste a son propre studio.
Je n'ai pas vraiment d'instrument favori. A la base, je suis guitariste mais je me suis mis à toutes sortes d'instruments par la suite. En ce moment je travaille un instrument d'origine suédoise qui s'appelle une nyckelharpa.

6. Plonger dans les écrits du Moyen-âge ne doit pas être évident pour les mettre en musique et les chanter ensuite !
En ce qui nous concerne, cela ne nous pose pas vraiment de difficultés car cela fait 15 ans que l'on pratique la chose et c'est une chose que l'on aime par-dessus tout. Il s'agit de trouver le bon texte et ensuite l'inspiration musicale fait son chemin.

7. Une question érudite, liée à la précédente : les orgies et sabbats qui ponctuent votre opus sont-ils bien en phase avec les thèmes de l'amour courtois du XIII° siècle, purement platonique, non ?
Elles n'ont pas à être en phase ! Pour ce qui est des paroles créées par nous, elles ne s'inscrivent absolument pas dans un temps historique, que ce soit le moyen Age ou autre. Nous sommes dans un temps mythique, intemporel à partir duquel nous mettons en scène des personnages mythologiques qui appartiennent à toutes sortes de traditions.
Donc effectivement, on peut parler d'amour courtois aux 12 ème et 13ème mais cela n'a rien à voir avec notre thématique. Nos textes dans le dernier album n'en font absolument pas référence.

8. En dehors de votre passion pour la musique, consacrez-vous du temps à l'étude de l'histoire occitane, entre Comtes de Toulouse, châteaux cathares, vignes et poésie ? Plus largement, portez-vous des aspirations régionalistes ?
Bien sûr que je m'intéresse à ma région mais surtout sur le plan de l'étude des superstitions et des mythes. La mode actuelle sur les Cathares me fatigue au plus haut point car justement c'est une mode avec des clichés qui n'ont rien à voir avec la réalité historique.
Pour la 2ème partie de ta question, nous ne développons en aucune manière des aspirations politiquement régionalistes. Nous chantons en occitan car nous y avons baigné dedans, ce qui est logique, nous évoquons notre mythologie car nous avons grandi avec, mais cela s'arrête là.

9. Quels autres groupes de folk ont grâce à vos yeux ? Que penser des groupes médiatiques comme Allan Stivell, Tri Yann ? Lesquels nous conseillez-vous ?
J'aime certains de leurs morceaux et ils ont fait beaucoup et ils font toujours beaucoup pour la musique traditionnelle. Je suis donc très respectueux par rapport à cela. Cela ne me dérange pas que des groupes qui jouent depuis tant de temps soient médiatisés ; tant mieux si cela leur apporte des moyens supplémentaires pour jouer.
Tout groupe, même dans le milieu le plus extrême, veut faire connaître sa musique et donc cherche un maximum de contacts. Sinon, on reste dans son local de répétition et on ne sort pas de disque. Un disque est fait pour être diffusé. En ce moment (et depuis une quinzaine d'années !!) je suis plutôt dans le trad scandinave avec les 1ers albums de Garmarna ou Hedningarna et aussi dans le trad irlandais. Malicorne en France reste une référence absolue.

10. Comment expliquer l'intérêt constant que vous manifeste un label comme Holy Records, plutôt axé metal extrême ?
Holy ne signe pas que des groupes extrêmes à l'image d'Elend, Rajna ou autres. Ils ont bénéficié depuis longtemps d'une ouverture d'esprit musical et nous en faisons partie. De plus, des liens plus forts qu'une simple relation de travail se sont formés entre nous.

11. Paradoxalement, un groupe de folk comme le votre ne rechigne pas à utiliser les moyens modernes les plus en vogues pour obtenir de l'exposition... Pouvez-vous résoudre cette apparente contradiction ?

Quel est le rapport entre les deux ? ? ? ? En quoi un groupe de folk ne peut pas utiliser Internet ou Myspace ? ? ? On a aussi l'électricité quand on fait du folk !!! Et oui, on a arrêté de porter de la fourrure, on a acheté des voitures et on a stoppé la fabrication des ordinateurs en pierre de taille et en bois. C'est quoi ces clichés !!!

12. Hé hé, juste des clichés de fans, justement ! Il me semble que l'un d'entre vous au moins à un side-projects... Quoi de neuf à ce sujet ?
Nous jouons tous dans Hantaoma un groupe folk metal qui a sorti un album en 2005. Nous travaillons actuellement sur le prochain. Pour ma part j'ai aussi un projet de death metal régressif appelé Aurost.

13. Aimez-vous la scène ? Des dates prévues ? Avec qui aimeriez-vous jouer ?
Dans la mesure où les conditions sont réunies, nous adorons la scène. Avec qui nous aimerions jouer ? Beaucoup de monde !
Mais il faut qu'on arrête de nous proposer des plans avec des groupes de metal extrème. Nous faisons du folk !!

14. J'espère que les organisateurs qui nous lisent auront noté ! Et les derniers mots sont pour toi :
Merci à toi pour l'interview et bonne continuation.

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