Alcest : Le secret

La sale manie du label DRAKKAR PRODUCTIONS, c'est qu'il s'amuse à limiter les meilleurs productions du black metal français à mille copies (les premiers MÜTIILATION par exemple), aussi cette pièce est-elle aussi limitée à mille exemplaires; elle est donc très chère et ne se trouve que sur E-bay. Cependant Neige m'a assuré personnellement sa réédition pour 2008, et m'a aussi dit qu'il aimerait le réenregistrer, le moins marrant, c'est qu'il m'a aussi assuré que ce serait une fois de plus en version limitée... Alcest est le projet solo de Neige (également dans PESTE NOIRE et AMESOEURS) depuis que les deux autres membres sont partis, ce qui a permis à Neige de laisser avec eux ses racines de black metal nordique, pour nous offrir un black metal doux et hors du temps, tout droit sorti de la tête du jeune musicien (âgé alors de 19 ans). Une sublime pochette signée Andy Julia, un digipack à la présentation très soigné, des belles photos représentant Mère Nature parée de ses tissus les plus mystiques. En apparence, cet EP avait tout pour plaire, mais doit-on se fier aux apparences? La réponse se trouve dans le lecteur cd...

En guise d'introduction au premier morceau éponyme, on entend une nature très calme, les oiseaux chantent par delà le son de la rivière qui coule, et toujours calmement, une guitare acoustique vient accompagner ces sons. Un arpège assez calme nous fait voyager dans cette douce forêt, quelques variations sur le rythme. Puis de façon assez brusque, la guitare électrique arrive, sereine mais sincère, assez rapide et dans des sonorités typiquement black metal, elle prend le contrôle du voyage, accompagné d'une batterie discrète mais assez réfléchie. Doucement vient chuchoter Neige, on entend à peine ce qu'il dit, mais ça se marie très bien avec la musique. Dans un break, la guitare acoustique revient nous charmer avec ses arpèges délicats, puis la guitare électrique reprend ses droits et permet à Neige de terminer son discours. Le deuxième et dernier morceau se nomme Elévation , c'est en fait une reprise du célèbre poème de Baudelaire, comme l'a déjà fait à deux reprises PESTE NOIRE. C'est un synthétiseur assez étrange qui introduit le morceau, qui s'enchaine très brutalement sur la guitare électrique. Bien que la guitare joue de la même façon que sur le premier morceau, ce qui fait l'énorme différence c'est la voix qui ici est une voix bien black bien crade, qui ressemble assez à celle de XASTHUR, mais avec des sonorités différentes vu que le chant est en français. Dépressif tout en restant efficace (n'est-ce pas d'ailleurs, une des particularité de Baudelaire?) ce morceau porte bien son nom tant les effets émotionnels sont bouleversants. L'élévation atteint son paroxysme en sens et en beauté sur un solo de taping rapide et profondément beau. L'auditeur est pris au jeu et s'élève dans les cieux sans trop se rendre compte de sa situation. Sur ces deux morceaux vous rentrez dans une forêts magique et en ressortez par le dessus (attention aux branches seulement!).

Comment définir Alcest? Simplement en \"quelque chose de nouveau\". Loin de cette linéarité dans le style du black metal, Alcest innove, créé, invente et réinvente un genre nouveau. Cet EP qui ne dure que 27 minutes pour deux morceaux est indispensable; pourtant bien des contestataires vous affirmeront que Alcest fait de la musique pour Walt Disney, vociférant des valeurs inébranlables du black metal; ceux-ci, ne les écoutez pas et jetez-vous sur ce petit trésor de la nature, qui permettra de patienter jusqu'à l'achat de l'album qui est d'une qualité encore supérieure.

Jolly Jumper - 9/10