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Angmar : Cénotaphe (Lost Tracks)

ANGMAR - Cénotaphe (Lost Tracks)

Armée de la Mort Records, 2012

Black Metal, France

CD

Le fait que Cénotaphe ne soit composé que de vieux titres, néanmoins inédits et volontairement mis de côté lors des enregistrement passés car ne trouvant pas leur place au sein des trois premières offrandes, ne doit pas vous inciter à l'éviter en attendant le vrai successeur de Zurück in die Unterwalt , ce qu'il est, incontestablement même s'il n'est pas celui attendu et devant clore la trilogie entamée par Metamorphosis .

Et s'il ne possède ni la sévérité ni la bouillonnante démesure de son devancier, cet album reste indispensable, autant pour qui vénère - à raison - Angmar depuis ses débuts il y a une bonne dizaine d'années que pour le fidèle d'une chapelle impie nationale dont le groupe demeure un des piliers. Le premier n'y trouvera pas seulement matière à labourer les plaies laissées béantes après le passage du monumental Zurück in die Unterwalt dont il se distingue au moins par sa dimension plus Viking et païenne (\"Madder Mortem\" et ses choeurs dignes de BATHORY) que funèbre mais surtout les clés qui lui manquaient jusqu'à présent pour comprendre cette formation à la personnalité particulièrement marquée.

La dédicace à Quorton trahit bien évidemment l'influence du regretté Suédois qui imprègne ces titres, influence étonnante quand bien même Angmar n'a jamais caché ses racines nordiques que l'on (re)découvre ici. Il puise non sans inspiration dans cet héritage épique et scandinave, se frottant au répertoire du BATHORY époque Hammerheart / Twilight Of The Gods avec cette relecture granitique du grandiose \"Shores In Flames\" ou faisant oeuvre originale (\"Morte Blanche\"). Guerrier brutal, à l'image des rapides \"Ulfr\" ou \"Cendres\", le groupe réussit alors à capter la froideur minérale de ces drakkars mythologiques.

Le second moins sensible à son aspect archéologique, pourra cultiver sa soif de (bon) Black Metal aux contours abrasifs et souvent plus direct que celui de mise sur Zurück in die Unterwalt dont, il ne restaure pas, le fait est entendu, l'ampleur capable de transcender le genre. Ebauche d'une identité alors en devenir, ces titres révèlent un caractère certes moins ambitieux mais témoignent de cette force tranchante qui habite le groupe depuis toujours. On pense alors au ENSLAVED originel dans cette façon de faire jaillir de compos aux lourds modelés un souffle glacial et rocailleux au goût de sang.

Ce n'est pas le meilleur album d'Angmar qui même en mode (un peu) mineur, eu égard aux attentes, surclasse toutefois une bonne partie de la scène Black Metal hexagonale avec ces morceaux qu'il eut été dommage, vu leur qualité, de laisser prendre la poussière.

Childeric Thor - 7/10