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Bölzer : Soma

BÖLZER - Soma

Invictus Productions, 2014

Black Metal, Suisse

Tape

Petite chose (parfois) mal aimée des labels, l'EP vaut souvent mieux que sa nature ingrate. Certains ont même établi leur réputation d'abord avec ce seul format. Bölzer en constitue le parfait exemple dont l'Aura lui a suffit à répandre son nom, creusant dans son sillage des stigmates chargés de souffre. 3 pistes en 23 (petites) minutes au jus seulement qui ont marqué la naissance - une démo l'avait toutefois précédée - d'une des entités les plus infernales que l'art noir nous ait offert depuis longtemps.

Bref, tout ça pour dire que ce genre d'offrande n'est jamais à négliger et ce n'est pas Soma, son successeur, qui contredira ce constat. Outre le fait qu'il confirme tout le bien qu'on pensait - à juste titre donc - de ce tandem venu de Suisse, cette nouvelle hostie publiée par Invictus Productions en format tape et CD (en attendant le vinyle), s'abîme plus encore que son prédécesseur dans les arcanes de l'indicible, oeuvre symptomatique de la mutation actuelle que vit le Black Metal dont l'une des approches les plus intéressantes et donc les plus malfaisantes, arbore des atours extrêmement denses, traits viciés et telluriques qui renouent avec la folie ténébreuse originelle.

En deux titres, Bölzer renvoit la concurrence à ses chères études, franchissant encore un cap vers une noirceur terrifiante, chape de plomb qui écrase tout sur son passage, plongeant la vie dans une nuit sans fin. Mid-tempo aux allures d'étau serré, Steppes imprime d'entrée de jeu sa puissance rocailleuse. Massives et venimeuses, les guitares libèrent des émanations qui se répandent comme des ondes venant des abîmes de la terre. En cinq minutes, la messe (noire) est dite. On n'en sort pas indemne.

Soma se limiterait à cette seule composition qu'il serait déjà indispensable. Et quand surgit le bien nommé Labyrinthian Graves, édifice tentaculaire aux dimensions lovecraftiennes, on mesure que le plus terrible était à venir. Du haut de ses 12 minutes, cette pulsation gonflée d'une sève obscure, a quelque chose d'un dédale étouffant fait de longs boyaux à travers lesquels aucune lumière ne filtre. Les Enfers sont proches. Loin d'en altérer la oppressante négativité, sa conclusion aux portes de l'Ambient, l'achève sur une note plus abyssale encore, instants grêles et désenchantés d'un lugubre éclat.

Impérial, Bölzer poursuit son ascension, affirmant encore davantage sa monstrueuse identité.

Childeric Thor - 7.5/10